Crise financière : l'économie assommée

Publié le 08/09/2008 à 00:00

Crise financière : l'économie assommée

Publié le 08/09/2008 à 00:00

Par Léonie Laflamme Savoie
C’est exactement le type de mélange qui a amené les banques au bord du gouffre l’année dernière, mais maintenant que le pire semble passé, peut-on s’attendre à un assouplissement prochain des conditions de crédit ?

Pour l’instant, les économistes semblent s’entendre pour dire que les banques centrales vont continuer à retenir leurs taux directeurs. Il n’y a pas de baisse de taux en vue puisque les effets des derniers changements n’ont toujours pas été ressentis.

« La Fed a baissé ses taux d’intérêt, mais l’effet n’est pas ressenti encore sur les marchés puisque les taux hypothécaires n’ont pas encore redescendu, souligne Yanick Desnoyers, économiste à la Banque Nationale. C’est l’équivalent d’avoir un moteur sans huile, il tourne beaucoup moins vite même si les pistons fonctionnent. »

« Le consommateur américain s’est fait prendre par le pétrole, les banques ont resserré les conditions de crédit pour se protéger des pertes, les prix des maisons sont tombés et des emplois ont été perdus. L’humeur du consommateur est donc plutôt morose. »

« Le crédit demeure très serré aux États-Unis, malgré un taux directeur à 2%, explique Carlos Leitao, stratège et économiste en chef à la Banque Laurentienne. Les conditions de crédit vont s’améliorer lorsque les prix des maisons vont se stabiliser. Les banques doivent resserrer les conditions de crédit parce qu’elles n’ont pas assez de capital pour recommencer à prêter. »

Ce que l’on cherche le plus à éviter c’est une nouvelle vague d’inflation amorcée par une baisse trop soudaine des taux directeurs. L’inflation a déjà fait assez de ravages dans les poches des consommateurs.

« La bonne nouvelle c’est qu’une récession du consommateur ne dure pas longtemps, avance Yanick Desnoyers. Nous croyons que la récession a commencé en janvier et nous devrions atteindre le creux de ce cycle fin 2008 ou début 2009. »

Banques : y a-t-il péril en la demeure ?

Quant aux banques, elles ont connu toute une année et demeurent très à l’étroit dans leurs finances et gardent toujours les cordons de leurs bourses bien serrés. Dans une économie américaine où le crédit est au cœur de la consommation, l’assouplissement des conditions d’accès est essentiel à la relance. Mais, encore une fois, la patience est de mise.

« Ça va prendre du temps avant que les Banques assouplissent leur crédit et encore là il va y avoir beaucoup de conditions, indique Yanick Desnoyers. Mais ça va prendre plus que deux ou trois trimestres, la détente devrait se faire vers la fin de 2009, lorsque la situation de l’économie va s’améliorer.»

Freddie Mac, Fannie Mae, Leahman Brothers et Bear Stearns ont donné des sueurs froides aux marchés qui continuent de voir le secteur financier américain comme un pari risqué. Le gouvernement a rapidement agi afin de colmater les fuites bancaires lorsque le besoin s’est fait sentir. Une sage décision selon nos économistes :

« La Fed et le gouvernement américain s’assurent que les institutions financières en difficulté aient accès à des capitaux pour éviter des faillites et un effondrement du secteur, affirme Yanick Desnoyers. Les autorités ne peuvent pas se permettre de laisser aller le système bancaire parce que ce ne serait pas une récession que nous aurions, mais une dépression comme dans les années 1930. »

Carlos Leitao demeure de son côté optimiste quant à la santé financière des banques américaines. Il voit quand même quelques nuages se profiler à l’horizon.

« Je n’ai pas peur pour les banques américaines, elles vont se stabiliser même si ça prend un moment et, entre temps, c’est difficile pour tout le monde. Les grandes banques sont toujours capables d’aller chercher des capitaux. »

« J’ai davantage peur pour les conséquences économiques du resserrement : il y a moins de prêts, moins d’investissement et ça pourrait avoir des effets négatifs à long terme. »

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