Un Airbus A340 en démonstration au dernier salon de l'aéronautique de Paris. Photo : Bloomberg

Avec l'abandon de la production de l'A340, l'avionneur européen Airbus tire le constat de son échec à imposer son quadriréacteur long-courrier face à son rival américain, le biréacteur B777 de Boeing.

"Nous avons accepté la réalité. Nous n'avions plus vendu d'A340 depuis près de deux ans", a admis jeudi Hans Peter Ring, directeur financier de la maison mère d'Airbus, EADS, lors de la présentation des chiffres trimestriels du groupe.

L'arrêt du programme se traduit par une reprise de provision qui permet d'améliorer les résultats du groupe de 192 millions d'euros.

C'est la deuxième fois depuis la création d'Airbus, en 1970, que l'avionneur européen arrête la production d'un avion. En 2007, Airbus a sorti de ses chaînes de production le dernier de la famille des A300.

"Le catalogue proposait alors des avions plus récents, plus intéressants" pour les compagnies aériennes, se souvient un porte-parole du constructeur. "Et on arrête l'A340 pour les mêmes raisons", a-t-il ajouté, les clients préférant dans le catalogue d'Airbus l'A330 ou le futur A350.

Cet arrêt de la production n'aura "aucun impact au niveau de l'organisation du travail" puisque l'A340 était produit sur la chaîne de l'A330, a précisé le porte-parole.

L'A340 a volé pour la première fois en avril 1992. En 1993, il établit un record du monde de vol non-stop pour un avion de ligne en reliant Paris à Auckland (Nouvelle-Zélande).

le 777 plus économe en carburant

Cet appareil a un rayon d'action "record" parmi les Airbus, de 9.000 de milles nautiques (plus de 16.000 kilomètres). De quoi lui permettre d'assurer 18 heures de vol, comme entre Singapour et New York, souligne le porte-parole.

En comparaison, l'A350 pourra avoir, dans sa version la plus courte A350-800, un rayon d'action de 8.500 milles (plus de 15.700 km). Le plus gros avion du monde, l'A380, peut assurer quant à lui une liaison sans escale de 8.300 milles (environ 15.300 km).

Ces distances restent néanmoins inférieures à celles que peut couvrir le Boeing 777 qui, dans sa version 777-200LR peut relier deux points situés à plus de 17.000 km, selon des données fournies par le constructeur américain.

D'ailleurs, l'A340 n'a jamais réussi à rattraper le long-courrier américain. Lancé en 1995, le 777 avait la même capacité mais, avec deux réacteurs seulement, donc plus économe en carburant.

Depuis son lancement, Airbus a vendu 377 Airbus A340 à 48 clients. En face, Boeing a placé plus du triple, avec 1.295 B777 achetés par 64 compagnies clientes.

Aujourd'hui, Airbus doit encore livrer deux A340 à des clients privés. Mais l'avionneur assure qu'il maintiendra le service après-vente pendant encore 30 ans, a tenu à souligner le porte-parole.

De nombreux A340 voleront encore puisqu'un avion a une durée de vie de 35 ans en moyenne. Et pour les fans d'Airbus à quatre moteurs, il y a encore l'A380, dont le premier a été mis en service en 2007 seulement.