Aéroports de Montréal aura besoin de capitaux privés, plaide son patron

Publié le 04/04/2024 à 10:48, mis à jour le 04/04/2024 à 13:23

Aéroports de Montréal aura besoin de capitaux privés, plaide son patron

Publié le 04/04/2024 à 10:48, mis à jour le 04/04/2024 à 13:23

Par La Presse Canadienne

L’aéroport de Montréal a accueilli 21 millions de passagers en 2023. C’est 32,3% de plus qu’en 2022 et même 4,1% qu’en 2019 (avant la pandémie). (Photo: 123RF)

Aéroports de Montréal est en mesure de financer, elle-même, ses projets d’investissements de près de 4 milliards de dollars (G$) d’ici 2028 pour rendre l’accès à l’aéroport plus fluide, assure son président-directeur général, Yves Beauchamp. L’organisme sans but lucratif aurait toutefois besoin que le fédéral assouplisse les conditions de son bail pour la suite des choses.

M. Beauchamp a annoncé, jeudi, ses plans d’investissements dans le cadre d’un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Nous avons 4 ans pour être capables d’accueillir 4 millions de personnes de plus qu’aujourd’hui», a-t-il déclaré devant un parterre de gens d’affaires qui ont affronté la tempête de neige pour entendre son discours matinal.

L’achalandage est d’ailleurs en forte hausse avec la forte reprise du transport aérien après le choc pandémique. L’aéroport de Montréal a accueilli 21 millions de passagers en 2023. C’est 32,3 % de plus qu’en 2022 et même 4,1 % de plus qu’en 2019 (avant la pandémie).

Les plans d’investissements d’ici 2028 comprennent l’ajout de stationnements, la construction d’un nouveau débarcadère, l’aménagement des accès routiers, la connexion avec le REM et l’ajout d’une jetée qui permettra de nouvelles portes d’embarquement satellite.

Au moment où Aéroports de Montréal fait pression sur le fédéral pour qu’on change les conditions de son bail afin d’accroître sa flexibilité financière, son nouveau patron assure que l’organisme sans but lucratif a les moyens de financer ses ambitions jusqu’en 2028.

Il a assuré qu’une augmentation des frais aéroportuaires n’était pas nécessaire pour financer ces projets. «On est capable de l'assumer à ce niveau-là sans être obligé d'augmenter ou quoi que ce soit, répond le dirigeant lors d’une mêlée de presse en marge de son discours. Donc, on est en mesure de le faire. Actuellement, notre dette n'est pas encore rendue au maximum qu'elle pourrait être en théorie.»

À la fin de 2022, la dette d’Aéroports de Montréal s’établissait à 2,2G$. M. Beauchamp a précisé que la dette est estimée à 350$ par passager.

Selon les conditions de son bail, l’organisme sans but lucratif a jusqu’à 2072 pour remettre les installations libres de dettes. «Ça cause un souci parce que ça veut dire qu'à partir de 2032, on n'a plus la fenêtre de 40 ans. (Ça entraînerait) donc des coûts supplémentaires au niveau de la dette.»

«Les 20 dernières années, avant 2072 (à partir de 2052), il n'y aura plus aucun intérêt pour investir massivement parce qu'il faudra rendre des équipements à Transports Canada», ajoute-t-il.

Après 2028, Aéroports de Montréal aura besoin de plus de financement pour des investissements «de plus grande envergure» prévus d’ici 2035, a-t-il mentionné dans son discours. En mêlée de presse, il estime que les investissements nécessaires auraient une valeur «d’entre 7G$ et 8G$ », en incluant les 4G$ de projets annoncés jeudi.

Entré en fonction en septembre, M. Beauchamp affirme avoir fait monter la pression «d’un cran» dans les démarches d’Aéroports de Montréal auprès du fédéral. Outre une extension du bail, il aimerait qu’on permette à Aéroports de Montréal «d’aller chercher du capital privé».

M. Beauchamp assure toutefois ne pas avoir besoin de ces capitaux privés dans l’immédiat. «Si j'avais demain matin cette capacité-là d'aller faire financer un de mes projets ou un de nos projets, par la Caisse de dépôt, par exemple, ce ne serait peut-être pas une alternative immédiate parce que j'ai la possibilité d'aller sur les marchés obligataires avec des coûts beaucoup moindres qu'une dette contractée par du financement privé ou autre.»

«On peut émettre de la dette à 4 %-5 % ces temps-ci, alors que si on va avec les fonds de pension, on sera peut-être à 9 %, 10 %, voire même 11 % », précise-t-il.

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, s’est dit rassuré de voir qu’Aéroports de Montréal avait les moyens d’investir à court terme. «C'était notre inquiétude. Le risque qu'on courait, c'était qu'après la pandémie, on avait retardé des investissements et qu'à cause d'enjeux de liquidités et de capacités de financement, on retarde davantage.»

La Chambre fait également pression sur le fédéral afin d’accroître la flexibilité financière d’Aéroports de Montréal. «Si on n'est pas capable de changer la façon dont les aéroports se financent, on va frapper un mur, éventuellement.»

Au cours du discours, des militants environnementaux ont brièvement interrompu la présentation pour dénoncer «l’inaction climatique» et les plans de croissance de l’aéroport tandis que le transport aérien est un émetteur important de gaz à effet de serre. «Nos forêts brûlées, vous vous en câlissez», ont-ils scandé.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

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