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Une petite société minière du Québec pourrait être sur le point d’offrir beaucoup d’emplois à une région qui en a bien besoin, la Gaspésie, tout en rendant l’aluminium de la province un peu plus québécois.

La montréalaise Exploration Orbite, une compagnie inscrite à la Bourse de croissance de Toronto, veut traiter de l’argile alumineuse, présente en grande quantité dans la région de Grande-Vallée dans la péninsule gaspésienne.

Selon Richard Boudreau, président d’Exploration Orbite, trois milliards de dollars quittent la province annuellement pour acheter les six millions de tonnes d’alumine dont ont besoin les alumineries. Ce minerai est extrait de la bauxite, qu’on retrouve notamment au Brésil et en Australie et qu’on importe au Canada par la suite.

« C’est de l’argent qu’on peut garder ici, dans l’économie du Québec et de la Gaspésie, en créant des emplois dans la région », lance-t-il en entrevue avec lesaffaires.com, « Même si une partie seulement de ces capitaux demeure ici, ça vaut la peine. »

La compagnie veut vendre le fruit de son travail en priorité aux alumineries de la Rive-Nord du St-Laurent. D’ailleurs, des ententes sont déjà conclues en ce sens, notamment avec Alouette.

Une nouvelle technologie

Les gisements d’argile alumineuse de la Gaspésie sont connus depuis longtemps. « Ils ont voulu les exploiter pendant la Deuxième guerre mondiale parce que les sous-marins allemands coulaient les navires transportant de l’alumine dans le golfe du St-Laurent. Mais à l’époque, ils n’avaient pas les procédés requis. »

Depuis, des chercheurs de l’Université Laval ont mis au point une technique qu’Orbite est en train de breveter à l’échelle internationale. Pour la mettre à l’épreuve, la compagnie va commencer cet automne la construction d’une usine pilote à Cap-Chat, près de Murdochville, qui pourra commencer à traiter de l’argile à petite échelle dès le premier trimestre de 2011. Ces tests permettant de déterminer la capacité de production à plus grande échelle devraient durer environ six mois.

Des emplois par centaines

Si les choses se déroulent bien, l’usine gaspésienne pourrait lancer une production à plus grande échelle à la fin de 2012 et y employer jusqu’à 200 personnes en produisant 500 tonnes d’alumine par jour.

Pour alimenter toutes les alumineries de la province, il faudrait 30 usines de la même taille ce qui représenterait 6000 travailleurs en théorie, sans compter les emplois indirects, selon Exploration Orbite.

D’ailleurs, pour transporter l’alumine vers les alumineries, ou même l’exporter, les installations portuaires de Gaspé, qui ont déjà servi pour le cuivre extrait de la mine Noranda, pourront reprendre du service.

Si l’alumine produite en Gaspésie coûterait moins cher à transporter jusque dans les alumineries québécoises, « les coûts de production seraient également très compétitifs selon nos estimations » ajoute M. Boudreau.

C’est sans compter que l’alumine en provenance de la Gaspésie viendrait sécuriser les approvisionnements des alumineries de la province. L’industrie s’attend à ce qu’un écart se forme aux alentours de 2012 entre la capacité de production d’alumine en provenance de la bauxite et la demande mondiale pour ce minerai.

D’ailleurs, avec ses brevets à l’échelle internationale, Orbite sera en mesure d’exporter son procédé pour exploiter d’autres gisements d’argile alumineuse ailleurs sur le globe.

Depuis le début de l'année, l'action de la société a perdu 4 cents, ou 22 %. Le titre se transige aujourd'hui à 0,125 $ à la Bourse croissance de Toronto.