Corruption : la manchette de Maclean's fait sursauter au Québec

Publié le 24/09/2010 à 17:04, mis à jour le 24/09/2010 à 17:06

Corruption : la manchette de Maclean's fait sursauter au Québec

Publié le 24/09/2010 à 17:04, mis à jour le 24/09/2010 à 17:06

Par La Presse Canadienne

Photo : DR

La classe politique québécoise a dénoncé "le Québec bashing" du magazine canadien Maclean's et sa page couverture peu flatteuse pour le Bonhomme Carnaval.

Dans son édition du 4 octobre, le magazine présente le Québec comme la province la "plus corrompue" du Canada.

A la une figure Bonhomme en gros plan tenant un porte-documents bourré de billets de banque qui s'échappent dans toutes les directions.

"Pourquoi y a-t-il un si grand nombre de scandales politiques au Québec?", s'interroge le périodique, ajoutant que les allégations de trafic d'influence qui secouent le bureau du premier ministre ne sont que le dernier épisode du phénomène.

"Une manchette comme celle-là qui laisse entendre que l'on est génétiquement corrompus, c'est de l'intolérance très certainement. En plus, ça frise la francophobie ou la Québec-phobie, appelez ça comme vous voulez", a pesté le porte-parole de l'opposition péquiste en matière d'affaires intergouvernementales, Bernard Drainville.

"Les cas de 'Québec bashing' s'accumulent: la semaine passée, ils nous traitaient de profiteurs dans le dossier de l'amphithéâtre de Québec et avant cela, Danny Williams, de Terre-Neuve, nous traitait de voleurs de grands chemins. Il y a une mode de 'Québec bashing' et les médias du Canada s'en donnent à coeur joie", a-t-il poursuivi.

Eclaboussé par les scandales, le premier ministre Jean Charest est cependant le premier responsable du sentiment anti-Québec ambiant, estime M. Drainville.

Les textes du Maclean's, signés par Martin Patriquin et Andrew Coyne, relatent des événements qui remontent jusqu'à la Confédération pour illustrer combien "la racine de la corruption" est profonde au Québec.

Les auteurs soulèvent diverses hypothèses pour expliquer cette tare québécoise. Ils citent entre autres la place prépondérante qu'occupe l'État dans l'économie et l'omniprésent débat national qui détourne l'attention de la saine gouvernance.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, n'avait pas lu le reportage vendredi matin mais sur la foi des témoignages il a conclu qu'il s'agissait d'une suite d'allégations et d'inventions.

"Ça va à l'encontre de toute règle de droit, ce n'est que du salissage", a-t-il dit.

De son côté, la députée Sylvie Roy, de l'Action démocratique, a parlé de "provocation" de la part du magazine pour mousser son tirage.

Mais au-delà de l'intérêt mercantile de Maclean's se profile un constat beaucoup plus inquiétant, selon elle.

"Si on écrivait que les juifs sont corrompus, on dirait que c'est du racisme. Si on écrivait que les femmes sont corrompues, il y aurait un lobby pour s'élever contre ça. Mais la facilité avec laquelle le Canada anglais s'attaque au Québec est déconcertante", a-t-elle remarqué.

A Ottawa, le député libéral Marc Garneau n'a pas, lui non plus, caché son malaise.

"J'ai trouvé ça choquant. C'est du sensationnalisme, c'est pas digne d'une revue qui est canadienne. C'est divisif, je regrette que Maclean's ait choisi d'avoir une photo du Bonhomme Carnaval avec une valise bourrée d'argent, c'est vraiment pas quelque chose de constructif à mon avis", a-t-il estimé.

D'ordinaire prompt à monter aux barricades pour défendre l'image de marque de sa ville, le maire de Québec Régis Labeaume a eu une réaction laconique.

"On va les laisser vendre leur magazine", a dit M. Lebeaume au sujet de la page couverture controversée du périodique.

Mais le président de l'édition 2011 du Carnaval de Québec, Jean-François Côté, fulmine. Il a exigé vendredi des excuses de Maclean's pour l'utilisation "inappropriée" de l'image de Bonhomme.

"Nous sommes choqués. On associe l'ambassadeur touristique du Québec à la corruption. C'est totalement inapproprié et cela nous crée un tort important au niveau de l'image", a résumé M. Côté.

 

 

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