"Nous entrons dans une phase où la demande des matières premières par les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sera fortement réduite, ce qui ne manquera pas de toucher les économies africaines", a appréhendé l'ancien ministre rwandais des Finances.
Le président de la BAD prévoit également une baisse des transferts des migrants africains, qui constituent une source de revenus importante pour certains pays. Il a cité le cas du Ghana qui reçoit annuellement quelque 2 milliards de dollars de ses ressortissants émigrés, soit davantage que ne lui rapportent ses exportations.
Autre motif de crainte pour l'Afrique: la baisse possible de l'aide publique au développement en raison du coût élevé des plans de sauvetage du système financier en Europe et aux Etats-Unis. "Les années à venir seront sombres au cas où l'aide au développement serait considérée non prioritaire", s'est-il alarmé.
M. Kaberuka n'écarte pas non plus la menace d'une récession du secteur du tourisme et une montée du protectionnisme.
Selon les projections du président de la BAD, les effets de la crise varieront toutefois d'un pays à l'autre. Il estime que les pays dont les économies sont ouvertes au mouvement de capitaux seront les plus touchés par le risque de déstabilisation des taux de change.
Tout en affirmant que son institution peut se considérer à l'abri des soubresauts de la crise grâce "aux mesures et précautions prises depuis juillet dernier", M. Kaberuka a fait part de la détermination de la BAD à "tout faire pour atténuer les effets de cette crise sur les pays du continent et mieux répondre à leurs attentes".