Crise : la méthode Gainey ou Rousseau ?

Publié le 13/03/2009 à 00:00

Crise : la méthode Gainey ou Rousseau ?

Publié le 13/03/2009 à 00:00

Par François Normand

L'ancien président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et le directeur général des Canadiens ne le savaient peut-être pas, mais ils ont alors passé un test important : un test de leadership en temps de crise organisationnelle.

Et, selon deux spécialistes du leadership, Steven Appelbaum, de l'Université Concordia, et Vincent Sabourin, de l'UQAM, c'est de Bob Gainey que les gestionnaires devraient davantage s'inspirer lorsque leur organisation fait face à une tempête.

Voici, d'après eux, quatre leçons que vous devez tirer des événements des derniers jours.

1 Soyez responsable jusqu'au bout

"Les grands leaders font ce que Gainey a fait, affirme sans hésiter M. Appelbaum. ll a dit : "C'est ma décision, c'est mon équipe, la situation est critique, et si je ne fais rien, ce sera le statu quo"."

Le grand mérite de Bob Gainey est d'avoir pris l'entière responsabilité de relancer l'équipe, et ce, sans montrer du doigt Guy Carbonneau, un entraîneur très populaire auprès des amateurs de sports, dit l'expert.

Par exemple, il n'a pas critiqué le calendrier difficile des Canadiens ni relativisé les récentes contre-performances de l'équipe en soulignant l'excellent début de saison. "Bob Gainey s'est dit : "Je serai jugé sur la dernière partie de la saison"", souligne M. Appelbaum.

2 Évitez de pointer des facteurs extérieurs

Un leader doit éviter d'expliquer les causes d'une situation difficile en invoquant des facteurs extérieurs, qu'il ne pouvait contrôler, comme l'a fait M. Rousseau, souligne M. Sabourin : "Il a soutenu qu'une grande partie des résultats de la Caisse ne dépendaient pas de lui, mais plutôt des conditions de marché."

En fait, l'ex-président de la Caisse a dit qu'il assumait "pleinement la responsabilité" de l'aventure désastreuse dans le papier commercial adossé à des actifs (PCAA) non bancaire, qui a contribué aux résultats décevants de l'institution en 2008.

Mais pour le reste, Henri-Paul Rousseau affirme que les résultats de la Caisse sont dus avant tout à la "tempête parfaite" qui a ébranlé les marchés financiers mondiaux à l'automne 2008.

"Aucune politique de diversification, aucune politique de gestion de risque ne met à l'abri de ce genre de synchronisme [explosion de la prime de risque, gel des marchés du crédit, chute des valeurs boursières] qui ne s'est pas produit depuis 80 ans", a expliqué M. Rousseau.

Qu'il ait raison ou tort a finalement peu d'importance, croit M. Appelbaum. L'impression qui reste est que M. Rousseau "n'a pas vraiment pris ses responsabilités à l'égard de ce qui s'est passé".

3 Préparez-vous à être sur le terrain

Une autre grande leçon à tirer, c'est qu'un leader n'hésite pas à se mouiller quand la situation l'exige.

Dans cette optique, Bob Gainey montre l'exemple, puisqu'il redevient entraîneur pour tenter de fouetter son équipe. "C'est une meilleure démonstration de leadership que de changer d'entreprise lorsqu'il appert que les résultats ne seront pas bons", note Vincent Sabourin.

4 Faites attention aux perceptions

Orateur hors pair, Henri-Paul Rousseau s'est défendu devant la Chambre de commerce d'être parti "en pleine tempête" ou "encore moins pour fuir" le genre de tempête qui s'est déclenchée à l'automne.

"L'histoire financière de 2008, à la Caisse comme ailleurs, s'est écrite pour l'essentiel cinq mois après mon départ de l'institution", a-t-il expliqué devant la Chambre de commerce.

Ses explications ont passé la rampe auprès de l'auditoire : celui-ci lui a réservé de chaleureux applaudissements à l'issue de son allocution.

Cela dit, l'ancien président de la Caisse n'a pas réussi à renverser certaines perceptions auprès de l'opinion publique, affirme M. Sabourin.

"Fondamentalement, ce qu'on reproche à M. Rousseau, c'est qu'il connaissait les mauvais résultats à venir. On lui reproche d'avoir fui chez Power Corporation."

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