L'Italie attaquée sur le marché obligataire

Publié le 01/11/2011 à 13:40, mis à jour le 17/10/2013 à 14:25

L'Italie attaquée sur le marché obligataire

Publié le 01/11/2011 à 13:40, mis à jour le 17/10/2013 à 14:25

Par AFP

Les interventions de la Banque centrale européenne (BCE) sur le marché obligataire, trop timides et réalisées de mauvaise grâce, échouent à endiguer la hausse des taux d'emprunt italiens face au nouveau psychodrame qui se joue en Grèce.

Mardi, ces taux évoluaient nettement au-dessus de 6%, un niveau difficilement soutenable pour le pays, et ce alors que, selon différents courtiers, la BCE s'activait à racheter des obligations italiennes sur le marché secondaire.

"Cette hausse vient clairement de la contagion depuis la Grèce", dont les velléités de référendum sur le plan de sauvetage européen mettent en péril toute la zone euro, juge Holger Schmieding, chef économiste chez Berenberg Bank.

Or face à la panique des marchés, la BCE "demeure le seul rempart crédible", note les analystes de RBS. A condition qu'elle accepte d'endosser totalement ce rôle, ce qui n'est pas le cas.

Au printemps 2010, elle a répondu à l'appel pressant des dirigeants de la zone euro et consenti à racheter de la dette publique afin de freiner l'envolée les taux de la Grèce. Mais elle a ensuite traîné des pieds pour poursuivre ce programme, qui n'a été relancé qu'en août face au risque de contagion à l'Italie et l'Espagne.

Et depuis lors ses interventions ne sont pas convaincantes, juge M. Schmieding. "La BCE n'intervient pas suffisamment fort et elle le fait avec beaucoup de réticence, donc elle ne persuade pas les marchés qu'elle est sérieuse", dit-il.

Surtout, elle n'a de cesse de souligner que ce programme est temporaire et de réclamer que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ne prenne le relais, ce qu'il ne pourra pas faire avant plusieurs semaines. Avec des moyens en outre bien plus limités puisqu'il disposera d'une capacité totale de prêt de 1.000 milliards d'euros, jugée insuffisante par les économistes pour jouer le rôle de "prêteur de dernier ressort".

La BCE, qui avec l'ensemble des banques centrales de la zone euro a déjà racheté pour 174 milliards d'euros d'obligations publiques, aurait les moyens de faire beaucoup plus, estime Sylvain Broyer, de Natixis.

"Les moyens de la BCE ne sont pas limités par son bilan, mais par sa volonté d'acheter ou non des actifs", souligne-t-il.

L'institution monétaire de Francfort (ouest) considère que ce n'est pas son rôle de se porter au secours des gouvernements.

Son président jusqu'à lundi, le Français Jean-Claude Trichet, n'a eu de cesse de répéter que son mandat était d'assurer la stabilité des prix et non de faire marcher la planche à billets en faveur d'Etats qui ont laissé déraper leurs finances publiques.

Les rachats d'obligations qu'elle a effectués lui ont déjà valu le quolibet de "bad bank" de la part de certains médias anglo-saxons, qui pointent le caractère risqué de ces actifs. Ils lui ont aussi coûté la démission de deux Allemands, dont son économiste en chef Jürgen Stark en septembre.

Pour Marco Valli, chef économiste pour la zone euro chez UniCredit, "la BCE a fait un bon travail" mais "elle n'est pas supposée et ne devrait pas intervenir davantage", résume-t-il le dilemme de l'institution, au risque sinon d'endommager "sa crédibilité".

"La réponse définitive (à la crise de la dette) n'appartient pas à la BCE mais aux gouvernements nationaux (...) auxquels la BCE a fourni du temps pour mettre en place certaines décisions pas faciles à appliquer sur le court terme", ajoute-t-il.

L'Italien Marco Draghi, qui a succédé à M. Trichet mardi, ne devrait pas faire de "déclaration fracassante" au sujet des rachats d'obligations jeudi lors de la réunion de son conseil des gouverneurs, estime Gilles Moëc, économiste chez Deustche Bank. Tout au plus signaler qu'ils sont toujours en cours, à moins d'un virage à 180 degrés de l'institution.

 

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