Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Publié le 21/03/2022 à 08:15, mis à jour le 21/03/2022 à 14:23

Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Publié le 21/03/2022 à 08:15, mis à jour le 21/03/2022 à 14:23

7h57 | Kyiv — L’Ukraine a rejeté lundi l'ultimatum de la Russie exigeant la capitulation de la ville assiégée de Marioupol dont la dévastation a été qualifiée de «crime de guerre majeur» par l'Union européenne, alors qu'un nouveau bombardement a fait au moins huit morts à Kyiv.

«Il n'est pas question de parler de reddition (…) Nous en avons déjà informé la partie russe», a déclaré la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk au journal Ukrayinskaya Pravda.

Le ministère de la Défense russe avait appelé dimanche l'Ukraine à «déposer ses armes» à Marioupol, grande ville portuaire du Sud, et exigé une «réponse écrite» à son ultimatum qui a expiré lundi matin.

Selon Mikhail Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, la Russie et l'Ukraine ont convenu d'un itinéraire permettant aux habitants de Marioupol de se rendre lundi sur le territoire contrôlé par Kyiv. «À partir de 10h00, heure de Moscou [3h00, heure du Québec] (…) la Russie ouvre des corridors humanitaires depuis Marioupol vers l'Est, et en accord avec la partie ukrainienne, vers l'Ouest», a détaillé M. Mizintsev. 

«Les occupants continuent à se comporter comme des terroristes», a répliqué Iryna Verechtchouk sur Telegram. «Ils disent qu'ils sont d'accord (pour instaurer un) corridor humanitaire et le matin, ils bombardent le lieu d'évacuation».

Selon les autorités locales, les soldats russes ont transporté de force quelque 1 000 habitants vers la Russie, les privant de leur passeport ukrainien — un possible crime de guerre. 

Mme Verechtchouk a également affirmé à Ukrainska Pravda que «350 enfants vont être emmenés de force en Russie sans nous permettre de les récupérer», demandant aux autorités russes de leur dire «dans quel orphelinat» ils seront placés, et «pourquoi».

La vice-première ministre a demandé que la priorité soit donnée à un corridor humanitaire, permettant à environ 350 000 personnes encore bloquées à Marioupol de partir.

Marioupol est une cible centrale dans la guerre menée par le président russe Vladimir Poutine en Ukraine. Elle constitue un pont terrestre entre les forces russes en Crimée, au sud-ouest, et le territoire contrôlé par la Russie, au nord et à l'est.

La ville, majoritairement russophone, subit de lourds bombardements des forces russes depuis le début de l'invasion le 24 février. Ses habitants sont privés d'électricité, d'eau et de gaz, ses rues sont jonchées de cadavres.

Selon l'administration militaire de la région de Donetsk, «plus de 80% des infrastructures de la ville sont endommagées ou détruites. Sur ces 80%, environ 40% ne sont pas récupérables». 

Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire d'«extrêmement grave», avec «une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d'eau et de médicaments».

Pour le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, «ce qui se passe à Marioupol est un crime de guerre majeur. Les bombardements indiscriminés dévastent la ville et tuent tout le monde».

 

Nouvelles sanctions

M. Borrell s'exprimait avant une réunion lundi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'UE, consacrée à l'examen de nouvelles sanctions contre Moscou.

L'UE devrait aussi approuver la constitution d'une force militaire de 5 000 combattants et s'engager sur une augmentation de ses dépenses militaires afin d'être en mesure de mener seule des interventions d'ici 2025 — «une partie de la réponse» au conflit, selon M. Borrell.

Dans une vidéo sur Telegram, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l'Union, et en particulier l'Allemagne, à cesser tout commerce avec la Russie, notamment concernant «les ressources énergétiques», car ainsi «la Russie n'aura plus d’argent pour cette guerre».

Le Kremlin a de son côté estimé qu'un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait «tout le monde» et «aurait une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole».

L'UE a déjà adopté plusieurs trains de sanctions contre Moscou, ciblant massivement entreprises, banques, hauts responsables et oligarques, et interdisant les exportations vers la Russie.

Les importations de gaz ou de pétrole russes ont jusqu'ici été épargnées en raison de leur coût pour les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes. 

Toujours sur le front diplomatique, une nouvelle visioconférence sur la guerre est prévue à 11h00, heure du Québec, entre les dirigeants américain Joe Biden, français Emmanuel Macron, britannique Boris Johnson, allemand Olaf Scholtz et italien Mario Draghi, selon Washington et Paris.

M. Biden se rendra vendredi à Varsovie pour y rencontrer son homologue polonais et discuter de l'invasion russe. La Maison-Blanche a précisé que M. Biden irait auparavant en Belgique pour rencontrer des dirigeants de l'OTAN, du G7 et de l'UE.

 

Cratère béant

Les forces russes tentent toujours par ailleurs d'encercler Kyiv, la capitale ukrainienne, où un bombardement sur un centre commercial dans la nuit de dimanche à lundi a tué au moins huit personnes, selon le parquet général.

Des corps de victimes étaient étendus lundi matin devant le centre commercial Retroville, dans le nord-ouest de Kyiv, a constaté un journaliste de l'AFP. Pompiers et militaires s'affairaient dans les décombres pour rechercher d'autres victimes. 

La frappe d'une très forte puissance a pulvérisé des véhicules et laissé sur le stationnement un cratère béant de plusieurs mètres, devant un immeuble de 10 étages carbonisé et encore fumant. Débris, véhicules anéantis et ferrailles tordues jonchaient la scène sur des centaines de mètres. 

Selon le maire Vitali Klitschko, six immeubles résidentiels, deux écoles et deux crèches à proximité du centre commercial ont également été endommagés.

Il a annoncé un nouveau couvre-feu. «Il commencera aujourd'hui à 20h00 (14h00, heure du Québec) et durera jusqu'à 07h00 (1h00, heure du Québec) le 23 mars», a écrit l'ancien champion du monde de boxe Telegram.

Plusieurs couvre-feux ont déjà été observés dans la capitale. Le dernier a duré 35 heures la semaine dernière, de mardi soir à jeudi matin. 

M. Klitschko a aussi appelé les habitants à porter des masques et ne pas ouvrir les fenêtres, car «à cause des incendies, après des frappes aériennes dans la capitale et la région, une pollution de l'air est observée».

Kyiv s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants depuis le début de l'invasion. 

Dans le nord du pays, le gouverneur régional de Soumy, Dmytro Zhyvytsky, a signalé une «fuite d'ammoniac» dans les installations de l'entreprise Sumykhimprom, affectant une zone de 2,5 kilomètres autour de l'usine, qui produit des engrais.

L'étendue et la cause de l'incident ne sont pas clairement établies, mais les habitants ont été priés de chercher refuge dans des caves ou des immeubles de faible hauteur pour éviter toute exposition.

Vers 3h45, heure du Québec, les secours ukrainiens ont tweeté que l'accident, causé par un bombardement d'origine non précisée, était «terminé».

Le ministre russe de la Défense avait déclaré dimanche soir que des «nationalistes» avaient «miné» les installations de stockage d'ammoniac et de chlore à Sumykhimprom «dans le but d'empoisonner massivement les habitants de la région de Soumy, en cas d'entrée dans la ville d'unités des forces armées russes». 

 

Menace biélorusse

Dans un entretien diffusé par CNN, le président ukrainien s'est dit «prêt à des négociations» avec le président russe. «Je suis prêt depuis les deux dernières années et je pense que sans négociations, on n'arrêtera pas la guerre».

Il avait auparavant dénoncé le bombardement de l'école d'art de Marioupol, détruite par des frappes russes alors que 400 personnes — femmes, enfants et personnes âgées — y étaient réfugiées selon les autorités locales.

Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a salué sur Facebook «les défenseurs héroïques de Marioupol» et «leur courage surhumain», car «aujourd'hui Marioupol sauve Kyiv, Dnipro (centre) et Odessa» (sud) en bloquant les Russes.

Mais «la situation est très difficile» face à «un ennemi très supérieur numériquement et la menace d'une invasion terrestre de l'armée» de la Biélorussie, allié de Moscou, a-t-il ajouté.

Dans la grande ville portuaire d'Odessa, plusieurs maisons ont été touchées lundi par «un bombardement ennemi», sans faire de victimes, selon l'administration militaire régionale.

Les Nations unies ont estimé qu'environ 10 millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer, dont un tiers environ est parti à l'étranger, principalement en Pologne.

Selon l'armée ukrainienne, les Russes ont perdu depuis le début de l'invasion 15 000 soldats, 100 avions, 120 hélicoptères, 500 chars et 1 500 véhicules blindés — un chiffre impossible à vérifier.

En Russie, les services de sécurité (FSB) ont exigé lundi l'interdiction «immédiate» des réseaux sociaux américains Facebook et Instagram à cause de leurs activités «dirigées contre la Russie et ses forces armées», au premier jour d'un procès pour «extrémisme» dans un contexte de répression renforcée depuis l'offensive en Ukraine.

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