L'Ukraine réclame des armes lourdes pour Severodonetsk, où se joue «le sort» du Donbass

Publié le 09/06/2022 à 08:36, mis à jour le 09/06/2022 à 08:38

L'Ukraine réclame des armes lourdes pour Severodonetsk, où se joue «le sort» du Donbass

Publié le 09/06/2022 à 08:36, mis à jour le 09/06/2022 à 08:38

«À bien des égards, le sort de notre Donbass se décide là», a estimé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée mercredi soir. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 09 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

8h18 | Lyssytchansk — L’Ukraine a réclamé jeudi des armes d'artillerie occidentale «de longue portée» qui lui permettraient selon elle de reprendre rapidement la ville stratégique de Severodonetsk (est), où pourrait se jouer toute la bataille du Donbass, selon le président ukrainien.

Les soldats ukrainiens livrent à Severodonetsk l'une des «batailles les plus difficiles» depuis le début de la guerre, le 24 février, selon le président Volodymyr Zelensky.

«À bien des égards, le sort de notre Donbass se décide là», a estimé M. Zelensky dans une vidéo diffusée mercredi soir.

Mettre la main sur cette ville ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, et marquerait une étape importante en vue d'une conquête de l'intégralité de cette région frontalière de la Russie, déjà en partie tenue depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

L'Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk «en deux, trois jours», dès qu'elle disposera d'armes d'artillerie occidentale «de longue portée», a assuré jeudi Sergueiï Gaïdaï, gouverneur de Lougansk, l'une des deux régions du Donbass.

Face à la pression des troupes de Moscou, les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux des armes plus puissantes que celles de moindre portée dont ils disposent.

La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, d'une portée de quelque 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et par Londres, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser. 

Ces armes sont d'autant plus urgentes pour l'Ukraine qu'elle déplore chaque jour «jusqu'à 100 soldats» tués et «500 blessés» dans les combats avec l'armée russe, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. M. Zelensky avait indiqué le 1er juin que son armée perdait entre 60 et 100 soldats par jour. 

 

Guerre d'usure

Selon le gouverneur Gaïdaï, des combats de rue et des bombardements russes «constants» se poursuivent jeudi dans les zones industrielles de Severodonetsk encore contrôlées par les Ukrainiens. «Nos forces les repoussent, puis les tirs d'artillerie reprennent, et ça continue comme ça en permanence», a-t-il indiqué.

La semaine dernière, Severodonetsk semblait sur le point de tomber aux mains de l'armée russe, mais les troupes ukrainiennes ont contre-attaqué, malgré leur infériorité numérique. Les forces russes regagnent cependant du terrain depuis, et contrôlaient mercredi soir «une majeure partie» de la ville, selon le gouverneur.

Les forces russes ont notamment bombardé la grande usine chimique Azot au moins deux fois, touchant un centre de production d'ammonium, a-t-il précisé. 

Quelque 800 civils seraient pris au piège dans cette usine, où ils se sont réfugiés, selon l'avocat du magnat ukrainien Dmytro Firtach dont la société est propriétaire de l'installation. Les autorités ukrainiennes n'ont pas confirmé cette information. 

Lyssytchansk, ville voisine de Severodonetsk, est entièrement contrôlée par l'armée ukrainienne, mais subit elle aussi des bombardements «puissants», a encore déclaré le gouverneur Gaïdaï, accusant les forces russes de viser «délibérément» les hôpitaux et les centres de distribution d'aide humanitaire. 

Si beaucoup de civils ont évacué Severodonetsk et Lyssytchansk, plusieurs milliers sont néanmoins restés — des personnes âgées, les gens s'occupant d'elles ou ceux n'ayant pas les moyens de partir ailleurs.

«Tous les jours, il y a des bombardements, tous les jours quelque chose brûle», témoigne Iouri Krassnikov, assis dans un quartier de Lyssytchansk aux nombreux immeubles endommagés et pavillons calcinés, alors que l'artillerie gronde non loin de là.  

«Il n'y a personne pour m'aider», se lamente ce retraité.

Les Russes bombardent également intensément la région de Donetsk, l'autre partie du Donbass, «sur tout le long de la ligne de front», avec notamment des attaques sur les villes de Sloviansk et Bakhmout, selon Kiev, qui a recensé 4 morts et 11 blessés au cours des dernières 24 heures.

Les forces de Moscou n'ont progressé que lentement jusqu'ici, faisant dire aux analystes occidentaux que l'invasion russe lancée le 24 février avait tourné à la guerre d'usure, avec des avancées limitées obtenues au prix de destructions massives et de lourdes pertes.

 

«Vague de misère»

Plus de 100 jours après l'offensive russe, les conséquences de la guerre continuent de s'aggraver dans le monde autant sur le plan financier et alimentaire qu'énergétique, touchant 1,6 milliard de personnes, a alerté mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. 

«Pour les populations du monde entier, la guerre menace de déclencher une vague sans précédent de faim et de misère, laissant dans son sillage le chaos social et économique», a averti M. Guterres.» Il n'y a qu'un seul moyen d'arrêter cette tempête qui se prépare: l'invasion russe de l'Ukraine doit cesser».

Le blocage des ports ukrainiens par la flotte russe de la mer Noire, à commencer par celui d'Odessa, principal port du pays, paralyse ses exportations de céréales, notamment de blé, dont elle était avant la guerre en passe de devenir le troisième exportateur mondial. 

Des pays africains et moyen-orientaux sont les premiers touchés et craignent de graves crises alimentaires.

Le président Zelensky a demandé jeudi l'exclusion de la Russie de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). «Quelle y serait la place de la Russie si elle provoque la famine pour au moins 400 millions de personnes, voire plus d'un milliard?», a-t-il lancé dans un discours en visioconférence devant une réunion ministérielle de l'OCDE.

Alors que Moscou accuse les Occidentaux d'être à l'origine de cette pénurie en raison de leurs sanctions, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré mercredi son homologue turc Mevlut Cavusoglu à Ankara pour discuter de «corridors maritimes sécurisés» qui permettraient de reprendre les transports de céréales en mer Noire.

 

Inflation vertigineuse

À la demande de l'ONU, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines.

Lors d'une conférence de presse, M. Lavrov a assuré que la Russie était «prête à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens (…) en coopération avec nos collègues turcs». Mais aucune proposition concrète n'a été annoncée après leurs discussions.

La hausse des prix touche aussi de plein fouet la Russie, où l'inflation a connu une hausse vertigineuse jusqu'à battre un record de vingt ans. Malgré un recul en mai, elle atteint 17,1% sur un an, selon des données officielles. 

L'Institut de la Finance internationale (IFF) prévoit ainsi une contraction de l'économie russe de 15% cette année et de 3% supplémentaires en 2023.

La guerre a fait des milliers de morts: au moins 4 200 civils, selon le dernier bilan de l'ONU, qui estime les chiffres réels «considérablement plus élevés», et des milliers de militaires, même si les belligérants communiquent rarement sur leurs pertes.

Le conflit a conduit quelque 6,5 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays. Près de 5 millions ont été enregistrés comme réfugiés à travers l'Europe depuis le 24 février, a indiqué jeudi le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l'ONU.

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