Ukraine: la Russie annonce une nouvelle trêve humanitaire pour mercredi matin

Publié le 08/03/2022 à 08:00, mis à jour le 08/03/2022 à 15:21

Ukraine: la Russie annonce une nouvelle trêve humanitaire pour mercredi matin

Publié le 08/03/2022 à 08:00, mis à jour le 08/03/2022 à 15:21

De violents combats ont aussi eu lieu dans la ville d'Izioum (est), mais les troupes russes ont battu en retraite, a affirmé l'état-major ukrainien. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine en date du 3 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.   

14h34 | Moscou — L’armée russe a annoncé mardi une nouvelle trêve pour l'évacuation des civils en Ukraine à partir de 2h00, heure du Québec, mercredi, après la mise en œuvre dans la matinée de couloirs humanitaires.

«La Russie annonce un régime de cessez-le-feu à partir du 9 mars 10h00, heure de Moscou, et est prête à mettre en place les couloirs humanitaires», a annoncé la cellule responsable de ces questions au sein du gouvernement russe, citée par l'agence TASS.

Selon Moscou, cette proposition sera transmise aux autorités ukrainiennes, qui doivent, comme la veille, confirmer d'ici 19h00, heure du Québec, l'emplacement des couloirs humanitaires et à partir de quelle heure ceux-ci seront fonctionnels.

De premiers couloirs d'évacuation pour les civils ont été mis en place mardi matin, en particulier à Soumy dans le nord-est, d'où deux convois sont partis au cours de la journée.

Des évacuations se poursuivaient aussi dans la région de Kiev, la capitale ukrainienne.

Dans d'autres villes, telles que Boutcha dans le nord ou Marioupol dans le sud, les civils restaient eux bloqués.

 

Des Ukrainiens fuyaient leurs villes mardi

12h00 | Kyiv — Des milliers d’Ukrainiens fuyaient mardi leurs villes bombardées ou encerclées par les forces russes, alors que le conflit a conduit deux millions de personnes à l’exode et que les cours du pétrole s’envolaient à l’annonce d’un embargo américain sur les hydrocarbures russes. 

Des civils ont notamment commencé à évacuer la ville ukrainienne de Soumy, bombardée la veille.

Au moins 21 personnes ont été tuées lundi soir dans des frappes aériennes russes contre cette ville située à 350 km au nord-est de Kyiv, près de la frontière russo-ukrainienne.

Après un premier convoi de bus de civils évacués de cette ville de 250 000 habitants dans la matinée, un deuxième s’est ébranlé dans la journée en direction de Poltava, au sud de Soumy, a annoncé le gouverneur de la région, Dmitry Lunin.

À Marioupol, grand port stratégique sur la mer d’Azov (sud-est), quelque 300 000 civils restaient en revanche coincés, selon Kyiv, qui accuse les Russes de ne pas respecter le couloir humanitaire.

«L’ennemi a lancé une attaque exactement en direction du couloir humanitaire», a dénoncé le ministère ukrainien de la Défense. 

La Russie avait annoncé lundi soir vouloir instaurer des couloirs humanitaires pour la population de cinq métropoles particulièrement exposées : la capitale Kyiv, Soumy, Marioupol, Kharkiv, deuxième ville du pays, et Tchernihiv, après plusieurs tentatives avortées depuis vendredi.

Mais la plupart des voies d’évacuation proposées par Moscou passent par la Russie ou le Bélarus, allié de Moscou, option inacceptable pour Kyiv et qualifiée de «cynique» lundi par le président français Emmanuel Macron.

 

«Je ne voulais pas partir»

Sur le terrain, les forces russes ont continué à se déployer autour des grandes villes ou intensifié leurs bombardements, au treizième jour de l’invasion, selon des responsables ukrainiens.

Parmi les victimes de cette invasion, trois adultes tués et trois enfants blessés mardi par une mine antipersonnel dans la région de Tchernihiv, au nord de Kyiv, a affirmé Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, soulignant que l’usage de ces armes est prohibé par le droit international.

Dans cette région située au nord de la capitale, la situation humanitaire est de plus en plus critique dans plusieurs localités, sous le feu ennemi. L’eau, le gaz, l’électricité et la nourriture commencent à manquer, selon les autorités ukrainiennes.

«L’occupant n’accorde pas de couloirs humanitaires, pas de garantie de cessez-le-feu», a déclaré le chef de l’administration de la région de Kyiv, Oleksiy Kuleba.

À Boutcha, aux portes nord de Kyiv, les habitants essaient désespérément de quitter la ville. « Il y a des gens dans chaque appartement, chaque maison. Le plus important c’est de faire partir les enfants. Il y a beaucoup d’enfants et de femmes », a confié une habitante, Anna, à l’AFP. 

À Irpin, l’AFP a vu des centaines de personnes patienter en file indienne pour franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune faite de planches, de palettes en bois et de carcasses métalliques, en direction de Kyiv, seule direction encore non occupée par l’armée russe. Environ 2 000 habitants ont pu s’extraire de la ville, selon la police ukrainienne.   

«Je ne voulais pas partir, mais il n’y a plus personne dans les maisons autour, et plus d’eau, de gaz, ni d’électricité», a déclaré Larissa Prokopets, 43 ans, qui a dit être restée cachée plusieurs jours dans le sous-sol de sa maison.

De violents combats ont aussi eu lieu dans la ville d’Izioum (est), mais les troupes russes ont battu en retraite, a affirmé l’état-major ukrainien. L’hôpital central y est totalement détruit, a annoncé la mairie.

 

2 000 à 4 000 Russes tués

Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs affirmé que le général russe Vitali Guerassimov avait été tué près de Kharkiv, information non confirmée à Moscou et invérifiable dans l’immédiat de source indépendante.

Selon le Pentagone, «2 000 à 4 000» soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l’offensive le 24 mars.

Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais n’a donné aucun nouveau bilan depuis.

Le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov, a annoncé de son côté qu’un l’aérodrome militaire situé au sud de Jitomir, à 150 km à l’ouest de Kyiv, avait été détruit.

À Mykolaïv (sud), près d’Odessa, des queues de voitures remplies de civils fuyant l’avancée des combats s’étiraient sur des kilomètres, alors que résonnent les tirs depuis la ligne de front dans la partie orientale de la ville, a constaté une autre journaliste de l’AFP.  

À l’hôpital local, les victimes de bombardements affluent. «Les deux premiers jours, nous avons eu 160 soldats blessés, mais depuis quelques jours ce sont des civils qui arrivent, certains gravement blessés», a raconté Dmitri Sykorsky, chirurgien en chef.

Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé ne plus insister sur une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, une des questions qui ont officiellement déclenché l’invasion russe de son pays, dans un entretien à la chaîne américaine ABC.

Autre ouverture apparente en direction de Moscou, il s’est dit prêt à un « compromis » sur le statut des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l’indépendance juste avant de lancer sa guerre le 24 février.

L’invasion de l’Ukraine, plus grave conflit militaire en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a provoqué l’une des plus graves crises humanitaires du continent.

Les Ukrainiens continuent à prendre massivement la route de l’exode. La guerre a déjà poussé plus de deux millions de personnes à se réfugier dans les pays voisins, a indiqué mardi l’ONU.

La Pologne en a accueilli à elle seule plus de la moitié, devant la Hongrie et la Slovaquie. L’Europe s’attend à recevoir cinq millions d’exilés si le conflit se poursuit.

 

Le brut en hausse de 5%

À la ville frontalière polonaise de Przemysl, des femmes affluaient exténuées après de longs périples, laissant derrière elles maris et fils restés combattre.

«Nous avons perdu notre vie, notre sécurité. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait», lâche Anastasia Kazankina, hébétée, tenant son fils d’une main et un chien en laisse de l’autre.

Les répercussions économiques du conflit et des sanctions occidentales inédites adoptées par les pays occidentaux contre la Russie ne cessent par ailleurs de s’amplifier.

Les cours du pétrole grimpaient de plus de 5%, le Brent atteignant les 130 $US le baril, peu avant que le président américain Joe Biden n’annonce un embargo sur le pétrole et le gaz russe aux États-Unis.

Si le pétrole russe ne représente que 8% des importations américaines de pétrole, les Européens, dépendant eux à 30% du brut russe, se sont pour l’instant refusés à aller aussi loin. Seul le Royaume-Uni s’est dit prêt à arrêter lui aussi les importations de pétrole russe d’ici fin 2022.

«Nous appelons tous les États à arrêter d’acheter du pétrole, du gaz et du charbon russes, et à arrêter de financer la machine de guerre de Poutine et ses atrocités barbares en Ukraine», a déclaré sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba. 

Deuxième exportateur mondial, «la Russie n’est pas un producteur dont les extractions peuvent être aisément compensées par d’autres», a cependant souligné Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.

Le géant pétrolier britannique Shell a de son côté décidé qu’il allait se retirer «graduellement» du pétrole et du gaz russes.

À Londres, la cotation du nickel, utilisé dans les batteries de voitures électriques, a dû être suspendue après avoir atteint les 100 000 $US la tonne, en raison de craintes sur les approvisionnements russes.

 

À la page suivante, des milliers d'Ukrainiens tentaient de quitter mardi matin.

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