Climat de guerre urbaine à Athènes

Publié le 12/02/2012 à 21:36, mis à jour le 18/10/2013 à 07:50

Climat de guerre urbaine à Athènes

Publié le 12/02/2012 à 21:36, mis à jour le 18/10/2013 à 07:50

Par AFP

Photo: Bloomberg

«Laissez passer les secours !» Les brancardiers de la place Syntagma se fraient un chemin entre lanceurs de pierres et forces anti-émeute près du parlement grec. Un nuage de gaz lacrymogène les enveloppe. Quelques rues plus loin, les fenêtres d'un magasin crachent des flammes. 

À Athènes, la somme des exaspérations s'est muée dimanche soir en rage inextinguible contre l'impasse économique et politique du pays. Un climat de guérilla urbaine d'une rare intensité a saisi la capitale grecque. 

En contrebas du parlement où les députés débattent des mesures d'austérité réclamées par les créanciers du pays, un bruit de maillet scande les slogans protestataires: un homme, le visage dissimulé, fait sauter le marbre des escaliers de la station de métro pour se constituer des munitions. 

Les devantures des grands hôtels, des boutiques du centre-ville subissent le même sort, selon une technique devenue rituelle lorsque les manifestations qui rythment le quotidien de la Grèce depuis deux ans prennent un tour houleux. 

Dans les rues qui entourent la place Syntagma, de petits groupes de manifestants casqués ou encagoulés avancent vers les forces anti-émeute. Les pierres volent et rebondissent sur les boucliers transparents. 

Un pas en avant, deux pas en arrière, les gaz lacrymogène tirés en riposte font reculer les assaillants et tous les manifestants qui se tenaient en retrait. Course folle dans les rues adjacentes pour échapper au nuage blanc qui attaque le nez et brûle les yeux. En espérant ne pas se trouver pris en tenaille avec d'autres affrontements. 

Le passage des brancardiers aux vestes rouges qui viennent secourir un homme à bout de souffle provoque les applaudissements de la foule. «Laissez passer les secours!», lancent-ils à l'adresse des protestataires comme des forces de l'ordre. 

Selon le ministère de la Santé, 54 blessés ont été dénombrés au cours de la soirée. 

Au pied du parlement, où les manifestants affluent et refluent par vagues, en fonction des heurts, un homme s'époumone au mégaphone: «avancez, remplissez la place, ne vous laissez pas intimider. Ce soir, envoyons au monde l'image de la dignité du peuple grec!»

Au fil de la soirée, la place se vide mais la foule reste dense dans les rues voisines où les incidents se déplacent avec une intensité rarement atteinte dans les mobilisations précédentes: une quinzaine de bâtiments sont en feu. 

Selon des photographes de l'AFP, des manifestants ont fait usage pour la première fois de pistolets lance-flamme et de bombes incendiaires artisanales, en plus des habituels cocktails molotov. 

Visibles à plusieurs centaines de mètres, les flammes qui ravagent un magasin jouxtant l'un des plus anciens cinémas d'Athènes déchirent l'obscurité. En raison du nombre de gens dans les rues, les pompiers ont du mal à se rendre sur les lieux de la quarantaine de sinistres (bâtiments et mobilier urbain) recensés par la police. 

A 00h30 GMT, les rues du centre-ville étaient encore interdites à la circulation par les barrages policiers. Une vingtaine de personnes qui ont tenté d'envahir la mairie d'Athènes ont été interpellées. 

Un vélo slalome entre les morceaux de marbre blanc et les débris noircis qui tapissent une artère centrale. En l'air au milieu de la rue, un téléphone décroché se balance au bout d'un câble.

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