Le point sur la Chine et sur son économie


Édition du 17 Octobre 2015

Le point sur la Chine et sur son économie


Édition du 17 Octobre 2015

Par Diane Bérard
Session d'acuponcture pour la Bourse chinoise ?

Pour financer leur modernisation, les entreprises manufacturières chinoises pourront être tentées de se tourner vers la Bourse. Mais les turbulences historiques de l'été dernier - l'indice de la Bourse de Shanghai a chuté de plus de 20 % - pourraient stopper leur élan. De même que celui des investisseurs étrangers.

Faut-il avoir peur de la Bourse chinoise ? La question se pose, devant la lenteur des autorités de réglementation et du gouvernement à s'entendre sur le type d'intervention à pratiquer. Cela présage-t-il d'un long redressement ?

«Comme chefs d'entreprises étrangères, prenons garde de suranalyser, prévient Feike Sij-besma, pdg de la firme néerlandaise Royal DSM, un holding diversifié. Les atouts fondamentaux de l'économie chinoise se maintiennent. La Chine a une base manufacturière solide, de bonnes infrastructures et un marché important. Notre société ne va pas déplacer en bloc ses investissements vers l'Inde parce que l'économie chinoise ralentit.»

Mais malgré des atouts économiques toujours présents, peut-on faire confiance à la Bourse chinoise ? «La Bourse est un jeu, rappelle David Daokui Li, professeur à l'université Tsinghua, de Beijing, et conseiller en politiques publiques.

Pour qu'un jeu soit intéressant, il faut de bons joueurs - les sociétés inscrites - et un public - les investisseurs. En Chine, les deux font défaut. Le gouvernement tente de ramener les investisseurs. Certaines interventions sont efficaces, d'autres moins.»

Le professeur ajoute : «Il ne faut pas paniquer parce qu'il y a ralentissement. L'économie chinoise n'a pas besoin d'une médecine de cheval. Elle a simplement besoin d'acuponcture, c'est-à-dire d'interventions ciblées.» David Daokui Li cite la nécessité de réduire les coûts d'emprunt pour les entreprises, qui sont trop endettées, et de poursuivre la réforme des sociétés d'État.

Les Chinois veulent dépenser

Pour Jing Ulrich, vice-présidente des activités asiatiques de JPMorgan Chase, le gouvernement central doit permettre aux gouvernements municipaux d'émettre des obligations, afin de réduire leur endettement.

L'endettement est un casse-tête pour les gouvernements municipaux, mais certainement pas pour les ménages. Le consommateur chinois se porte très bien et a envie de dépenser. Mais pour en tirer profit, il faut mettre à jour ce qu'on croit connaître de lui. Le consommateur chinois a bien changé depuis que Deng Xiaoping lui a permis de s'enrichir, en 1979. On assiste, entre autres, à une «premiumisation».

«Il y a 30 ans, la Chine importait des matières premières et des systèmes de production afin de fabriquer des biens pour la planète. Aujourd'hui, nous avons une classe moyenne aux poches pleines qui veut consommer», soutient le premier ministre Li Keqiang.

«Et ces consommateurs réclament des biens personnalisés. Nous voulons collaborer avec les firmes étrangères pour combler les besoins de nos citoyens», souligne-t-il.

Ces besoins sont ceux d'une société qui vieillit. Dans cinq ans, le groupe des aînés croîtra davantage que celui des plus jeunes. La caractéristique principale de ces aînés : ils sortent peu et consomment beaucoup en ligne. L'internaute chinois typique n'est donc pas seulement un ado boutonneux ou un geek fini.

Les consommateurs chinois achètent en ligne, mais ils pratiquent aussi le «O to O» (on line to off line) C'est une tendance mondiale qui consiste à naviguer entre le magasinage en ligne et le magasinage hors ligne. Vous commandez en ligne et ramassez votre achat en magasin, par exemple. Ou l'inverse. Le hic avec la classe moyenne chinoise, c'est qu'elle pratique le «O to O», mais qu'elle affiche une préférence pour le réel. Selon Nielsen, 61 % des consommateurs chinois préfèrent l'expérience en magasin. Les Canadiens aussi. Le commerce hors ligne rapporte 40 milliards de dollars par mois, soit plus que ce que rapporte le commerce en ligne en une année, d'après Statistique Canada. Mais comme la Chine adopte les nouvelles technologies très rapidement, particulièrement le mobile, les Chinois s'attendent à une expérience en ligne de qualité équivalente à celle qu'ils vivent en boutique. Cela exerce une pression supplémentaire sur les détaillants et les force à investir dans leur site, même s'il n'est pas une source directe de revenus.

Pour vendre, il faut s'adapter aux paradoxes des consommateurs. En Chine, ils sont particulièrement criants en matière de santé. Ce peuple est à la fois plus soucieux de sa santé et en moins bonne condition physique qu'il y a une ou deux décennies. La pollution de l'air et de l'eau, les nombreux cas d'aliments contaminés et la multiplication des allergies, surtout chez les enfants, ont déclenché une prise de conscience collective. Les Chinois réclament la preuve que leurs aliments et leurs produits sont sains. Cependant, comme toute nation qui voit sa classe moyenne croître, la Chine affiche des «maladies de riches» : stress, obésité, maladies cardiovasculaires, surnutrition, etc. Bref, dans un cas comme dans l'autre, cela ouvre la porte aux fabricants de produits et d'aliments sains, de même qu'aux organismes de tests et de certifications.

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