«La science avance en Chine alors que nous faisons du surplace»

Publié le 02/12/2010 à 13:28

«La science avance en Chine alors que nous faisons du surplace»

Publié le 02/12/2010 à 13:28

Par Suzanne Dansereau

Le chercheur Michel Maziade plaide pour une politique scientifique canadienne ciblée sur la concurrence mondiale.

 

Faut-il avoir peur de la Chine ?

Oui, il faut avoir peur de la Chine, car elle avance alors que nous faisons du surplace, mais il ne faut pas avoir peur des défis qu'elle constitue. Bien des gens pensent encore que la Chine, ce n'est que des bras. Or, depuis quelques années, le pays investit beaucoup dans la recherche scientifique. En 2007, elle talonnait les États-Unis et l'Europe quant au nombre de scientifiques. On peut penser qu'elle les a dépassés depuis. Les dépenses en R-D des entreprises chinoises ont augmenté de 40 %. En plus de former un nombre accru de diplômés en sciences, Beijing encourage le retour des scientifiques chinois partis à l'étranger. Nous avons perdu notre avance dans le secteur manufacturier. En ferons-nous autant en science ?

Comment voyez-vous le Canada tirer son épingle du jeu ?

Les Chinois ont une stratégie arrêtée et orientée qui nous oblige à revoir notre politique scientifique au Québec et au Canada. Il faut mieux comprendre pourquoi les jeunes d'ici boudent cette discipline. Est-ce la faute des parents ? Du système d'éducation ? Au Québec, on avait rattrapé l'ensemble du Canada et même dépassé certaines provinces depuis les années 1970 en sciences biomédicales, mais depuis quelques années, nous avons perdu du terrain. Une future politique scientifique doit aussi déterminer des secteurs prioritaires. À l'heure actuelle, toutes les universités font de tout en recherche. Il faut revoir ce modèle-là si on veut être concurrentiel sur le plan mondial.

Qu'en pense-t-on dans les universités ?

Dans les universités, on n'ose pas parler de la menace chinoise, car il faudrait alors reconnaître qu'on est en perte de vitesse. La réalité, c'est que les gouvernements ont moins de fonds pour la recherche et qu'une bonne partie des budgets devra venir du secteur privé. Or, les universités, au nom de la liberté, ont de la difficulté à parler à l'industrie. Maintenant, elles y sont obligées. Il y a un important changement de valeurs à effectuer. On pense à tort que le commerce, c'est mauvais. Mais le commerce mène le monde et c'est la base de notre niveau de vie. Si on ne fait rien pour valoriser la science et si on ne développe pas de créneaux d'excellence, on s'appauvrit et on perd la guerre économique.

( CV )

Nom : Michel Maziade

Âge : 60 ans

Fonction : Directeur scientifique

Organisation : Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard

Professeur de psychiatrie, Michel Maziade est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en génétique des maladies neuro- psychiatriques. Il a bâti le Centre de recherche Robert-Giffard (400 chercheurs), qui travaille sur la schizophrénie et les troubles bipolaires.

 

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