À 800 jours du coup d'envoi du Mondial de football au Brésil, la loi pour autoriser la vente de bière dans les stades n'a toujours pas été votée et de nombreux travaux d'infrastructure prévus pour la compétition souffrent d'importants retards.

"Nous attendons des actions et pas seulement des mots", a lancé la semaine dernière le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter, qui a critiqué à plusieurs reprises les préparatifs de la Coupe du monde, mais s'est dit également confiant dans le fait que tout sera prêt pour le début de la compétition le 12 juin à Sao Paulo.

Pour l'expert Marcos Guterman, auteur du livre "Le football explique le Brésil", le pays va revivre la même situation que lors de la Coupe du monde de 1950, quand, à quelques heures du coup d'envoi, on passait encore la dernière couche de peinture.

La compétition sera un "Mondial de peinture fraîche", assure-t-il à l'AFP.

"Le Brésil va accueillir la Coupe et ça va être un grand spectacle. La Fifa a confié (l'organisation) de la Coupe au Brésil en connaissant les difficultés, en sachant que ce ne serait pas facile", souligne-t-il.

La loi qui réglemente la compétition est actuellement le principal point d'achoppement entre le Brésil et la Fifa, qui attend son approbation depuis 2007.

L'instance dirigeante du football mondial exige en effet que la consommation de bière soit autorisée dans les stades - un de ses principaux parraineurs étant un brasseur -, une disposition sans cesse repoussée par les parlementaires brésiliens. La semaine dernière, elle a finalement été adoptée par les députés mais il n'y a toujours pas de date fixée pour son vote au Sénat.

Le projet de loi suspend pendant la Coupe des Confédérations de 2013 et le Mondial de 2014 un article du "statut du supporteur" interdisant la consommation d'alcool dans les enceintes sportives.

La Fifa pourrait aussi être obligée de négocier avec chacun des Etats régionaux - sept sur les douze qui accueilleront des matches du Mondial - dotés d'une législation interdisant la vente d'alcool dans les enceintes sportives.

Ce point "aurait pu être résolu et est maintenant un problème de plus", a regretté le président de la Confédération brésilienne de football, José Maria Marin.

Le Brésil attend la semaine prochaine la visite du secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke, maintenu par la Fifa comme interlocuteur avec le Brésil en dépit de la crise qu'il avait déclenchée en mars. Le responsable de la Fifa avait provoqué la colère des Brésiliens en déclarant que le pays devait se donner "un coup de pied aux fesses" pour rattraper les retards dans les infrastructures à deux ans de la Coupe du monde.

Le gouvernement a toujours affirmé que tout sera prêt le 12 juin 2014.

Mais les experts craignent des retards dans les travaux de rénovation des aéroports surchargés et des transports urbains chaotiques, dont certains pourraient être terminés seulement après la compétition.

Le syndicat d'Architecture et d'ingéniérie de Sao Paulo, qui surveille le déroulement des travaux de manière indépendante, estime qu'il faudra dix ans au Brésil pour obtenir un réseau aéroportuaire moderne et efficace.

"La seule chose qui n'est pas en retard au Brésil sont les matches de football. Le sifflet retentit à l'heure exacte. Nous remettrons les oeuvres essentielles, que sont les stades et les transports urbains" à temps pour la Coupe du monde, a insisté le ministre des Sports Aldo Rebelo.