Pourquoi le marché a-t-il monté ou baissé ?


Édition du 04 Juin 2016

Pourquoi le marché a-t-il monté ou baissé ?


Édition du 04 Juin 2016

Par Michel Villa

[Photo : Bloomberg]

Dans le domaine boursier, la raison de la hausse et de la baisse du marché est au coeur des questionnements. Lorsqu'un indice de référence (S&P 500, S&P/TSX) varie d'un pourcentage considérable, cette question surgit toujours. L'être humain cherche à comprendre un phénomène en établissant une relation de cause à effet. L'argument rationnel lui donne une impression de contrôle et, par le fait même, lui permet de réagir adéquatement. Ce raisonnement aide-t-il à prévoir le comportement boursier ? Je n'en suis pas si sûr...

Le 6 mai, avant l'ouverture des marchés nord-américains, le gouvernement américain a publié les statistiques relatives à la création d'emplois en avril. Selon le consensus établi par les économistes, le nombre d'emplois créés attendu était de 202 000. Le nombre officiel s'est chiffré à 160 000, bien en deçà des attentes.

Durant la séance de négociation, à un certain moment, le S&P 500 reculait de plus de 0,50 %. En se référant au principe de causalité, les commentateurs financiers ont justifié la baisse de l'indice de référence en évoquant un chiffre d'emploi décevant. Toutefois, le S&P 500 a clôturé la session en hausse...

L'erreur de la cause unique

D'après la théorie financière, l'investisseur est rationnel, c'est-à-dire qu'il tient compte de toute l'information financière disponible et qu'il envisage l'ensemble des scénarios possibles en vue de prendre une décision optimale. Toutefois, dans la réalité, l'investisseur procède autrement. Afin de limiter le temps consacré à l'analyse, il expliquera tout mouvement boursier d'importance par une seule cause.

Le marché boursier est complexe en ce sens qu'il est composé de nombreux participants ayant des stratégies, des objectifs et des horizons de placement différents. De plus, le marché est adaptatif dans la mesure où les participants ont la capacité d'adapter leurs comportements en fonction de leurs expériences passées. C'est pourquoi il importe d'adopter un style de gestion qui englobe des notions tirées de différentes démarches, comme l'analyse fondamentale, technique et comportementale. Ainsi, l'investisseur s'assure d'un processus décisionnel plus rigoureux que celui qui ne se fie qu'à son opinion sur une nouvelle financière.

Je vous propose donc d'aborder différemment l'impact des données relatives à la création d'emplois aux États-Unis sur l'évolution de l'indice S&P 500, et ce, à l'aide des trois questions suivantes :

1. Quelle était la performance de l'indice de référence lors des séances qui ont précédé la publication des statistiques ?

2. Est-ce que l'indice se négociait près d'une zone de support ou de résistance graphique ?

3. Quelle était l'implication d'une donnée plus faible qu'attendu en ce qui concerne la politique monétaire américaine ?

Le 5 mai, soit la veille de la journée qui nous intéresse, le S&P 500 a clôturé au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours et à son plus faible niveau depuis les 10 dernières séances. Pour répondre à la deuxième question, l'indice de référence se négociait directement dans une zone de support (2025-2050), valide depuis le début avril. Enfin, les perspectives d'une hausse du taux d'intérêt à court terme par la Réserve fédérale des États-Unis ont diminué.

Considérant que le S&P 500 s'échangeait à un niveau où la probabilité d'un rebond était élevée et que la donnée économique pouvait être interprétée positivement par les participants du marché, l'investisseur aurait été moins surpris par le fait que le S&P 500 ait terminé la session en affichant un gain. En se posant les bonnes questions, l'investisseur peut donc éviter de prendre de mauvaises décisions fondées sur la cause unique.

Michel Villa, est un CFA, trader, formateur et conférencier sur la Bourse. Il publie sur son site Web michelvilla.com.

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