L’essor des femmes dans les placements: que veulent-elles le plus?

Publié le 12/12/2023 à 13:00

L’essor des femmes dans les placements: que veulent-elles le plus?

Publié le 12/12/2023 à 13:00

Alors que les études soulignent le désir croissant qu’ont les femmes de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leurs finances, il semble que le secteur n’ait pas encore pleinement saisi cette opportunité. (Photo: Christin Hume pour Unsplash)

Autrefois dominé par les hommes, le paysage des placements est en pleine mutation. Fracassant les barrières, les femmes se frayent un chemin dans le monde des placements et remodèlent le paysage comme jamais auparavant.

Les femmes gagnent plus d’argent et exercent de plus en plus de contrôle sur l’aspect financier de leur vie. Sans compter qu’elles vivent plus longtemps que les hommes, qu’elles reçoivent des héritages, et que, dans de nombreux cas, elles contrôlent les finances de leur famille.

Selon un rapport de Placements mondiaux Sunlife, les femmes au Canada contrôleront 4000 milliards de dollars d’actifs d’ici 2028, soit près du double des 2200 milliards de dollars qu’elles contrôlent aujourd’hui. Mais le secteur financier a-t-il évolué pour s’adapter à cette dynamique sociale? La communauté des conseillers est-elle outillée pour répondre aux besoins des clientes? Malheureusement, la réponse est non.

 

Où sont les conseillères?

Selon le rapport, seuls 15% des conseillers financiers au Canada sont des femmes. Ce chiffre est d’autant plus important que selon certaines études, les femmes sont plus à l’aise pour parler à des conseillères qu’à leurs homologues masculins.

Ces résultats sont corroborés par Tina Tehranchian, planificatrice financière agréée et conseillère principale chez Gestion de patrimoine Assante Ltée. Beaucoup de femmes se sentent plus à l’aise à travailler avec des conseillères, mais «il n’y a pas assez de choix offerts aux clientes», dit-elle.

Alors que le contrôle des actifs passe de plus en plus entre les mains des femmes, il est essentiel pour les gestionnaires de patrimoine de comprendre les exigences et les préférences en matière d’investissement de cette cohorte d’investisseurs importante, mais sous-représentée.

 

Les femmes veulent des conseils sur le panorama global

Les femmes abordent l’argent différemment. On estime que les hommes ont tendance à se concentrer sur les rendements, tandis que les femmes s’intéressent davantage à la vue d’ensemble. «Les femmes ne recherchent pas autant les rendements que les hommes, et elles font généralement confiance au jugement et aux conseils de leurs conseillers, ce qui permet d’établir une excellente relation et facilite le travail du conseiller», affirme Mme Tehranchian.

Elle met en garde contre la persistance d’idées fausses sur les investisseuses, notamment l’idée qu’elles ne s’intéressent pas à leurs finances. «Un stéréotype erroné est que les femmes aiment déléguer la prise de décision financière à leur partenaire masculin», dit-elle.

 

Les femmes pourraient bientôt détenir la moitié des actifs

Les recherches montrent que d’ici 2026, les Canadiennes pourraient contrôler près de la moitié du patrimoine financier total accumulé, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport au tiers environ enregistré dix ans plus tôt. En outre, les femmes sont de meilleures épargnantes que les hommes, malgré l’existence d’un écart de rémunération entre les sexes.

«Si les conseillers s’engagent et éduquent correctement leurs clientes, celles-ci peuvent être tout aussi impliquées dans la prise de décisions financières que leurs partenaires masculins», note Mme Tehranchian.

Une autre idée fausse est que les femmes investissent de façon plus prudente que les hommes. «En réalité, si les femmes sont correctement informées sur les risques et les avantages de leurs placements, elles peuvent être tout aussi disposées à prendre des risques calculés que les hommes», affirme-t-elle.

Un ensemble de facteurs, dont la longévité, les choix de mode de vie et l’augmentation de leurs revenus, font des femmes un élément clé de la clientèle des conseillers financiers. «Les femmes représentent une grande partie de la population active et gagnent plus d’argent qu’auparavant», souligne Mme Tehranchian, ajoutant que beaucoup de femmes vivront seules pendant de nombreuses années, soit parce qu’elles ont choisi de ne pas se marier, soit parce qu’elles ont divorcé ou qu’elles sont devenues veuves. Pour ces raisons, les femmes représentent une part beaucoup plus importante de la clientèle d’un conseiller qu’il y a quelques décennies.

Alors que les études soulignent le désir croissant qu’ont les femmes de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leurs finances, il semble que le secteur n’ait pas encore pleinement saisi cette opportunité.

Que recherchent donc exactement les femmes chez leurs conseillers? «Les investisseuses veulent être prises au sérieux et sont intéressées par l’éducation financière et la prise de décisions intelligentes concernant leur argent, affirme Mme Tehranchian. Elles aiment poser des questions et veulent se sentir à l’aise avec les décisions financières qu’elles prennent. Elles veulent donc que leurs conseillers répondent patiemment à leurs questions et prennent le temps de les informer sur les différentes options qui s’offrent à elles.»

 

Possibilités d’éducation et d’instauration d’un climat de confiance

Améliorer les connaissances financières des autres peut également être très gratifiant pour les conseillers qui travaillent avec des clientes enclines à faire confiance aux conseils qu’elles reçoivent, note-t-elle. Tout dépend de la manière dont les conseillers communiquent avec leurs clientes. Mme Tehranchian insiste sur la nécessité d’une plus grande empathie et d’une meilleure compréhension de la part des conseillers. Ils devraient être «prêts à investir le temps et les efforts nécessaires pour informer les femmes sur leurs options afin qu’elles puissent prendre de meilleures décisions financières», ajoute-t-elle.

Cultiver des relations durables avec les clientes peut être une mine d’or pour les conseillers financiers, non seulement en termes de satisfaction de la clientèle, mais aussi comme phénomène catalyseur pour agrandir leur clientèle. Il est donc logique que les conseillers investissent leur temps et leur énergie pour répondre de manière exhaustive à leurs questions et les informer sur la myriade de possibilités financières qui s’offrent à elles, explique Mme Tehranchian. Il ne s’agit pas seulement de faire des affaires, mais aussi de donner à ces femmes les moyens d’aborder leur parcours financier en toute confiance.

 

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