Le retour du bon sens ?

Publié le 01/02/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:53

Le retour du bon sens ?

Publié le 01/02/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:53

Il y a matière à consolation dans la récession-dépression que nous traversons : on pourrait voir réapparaître chez les jeunes un certain bon sens et des valeurs comme la frugalité et l'entraide. Car ils pourraient très bien rencontrer les mêmes difficultés et les mêmes craintes que ma génération, la génération silencieuse. La peur tend à rapprocher les hommes, car les difficultés les obligent à compter les uns sur les autres.

Dans la première moitié du 20e siècle, pendant la Grande Dépression, puis la Deuxième Guerre mondiale, les populations civiles ont été confrontées au danger et à la destruction. À leur retour de la guerre, les gens de mon âge avaient encore la peur au ventre. Malgré la fin du conflit, ils craignaient que le manque de travail n'engendre une autre crise. Ils avaient survécu à la période de 1929 à 1945, ils étaient endurcis et trimaient dur.

À la fin de mes études universitaires, mes amis et moi recherchions la sécurité. Beaucoup d'entre nous se sont mariés peu de temps après la guerre. C'était un instinct primaire, après plusieurs années sans vie familiale. Nous étions en quête d'un bon emploi stable dans une grande entreprise. Plus de la moitié de mes condisciples ont travaillé toute leur vie pour le même employeur. La plupart d'entre nous avons commencé au bas de l'échelle des cadres, parmi lesquels cinq ont gravi les échelons jusqu'au poste de chef de la direction d'une société du palmarès Fortune 500.

La maturité nous a été imposée. L'armée n'avait que faire des prima donna. Le travail d'équipe avait priorité, et chacun devait pouvoir compter sur l'autre. Au début de la vingtaine, nous avions déjà appris à obéir, à recevoir et à exécuter des ordres. Notre vie n'était pas axée sur la consommation. Au contraire, nous aimions la frugalité. Nous savions que nous devions parer aux périodes creuses. Le civisme faisait partie de nos valeurs. Nous avions eu besoin d'aide dans notre jeunesse et nous donnions facilement aux autres.

Le scénario actuel n'est pas nouveau dans l'histoire de l'humanité. Ce qui l'est, c'est cette très longue période de prospérité qui prend maintenant fin. La nouvelle génération (les moins de 30 ans aujourd'hui) en sortira plus forte que celle des plus de 30 ans, et leur attitude aura changé une fois que ce ralentissement économique se sera dissipé après quelques années de difficultés.

Il est triste que les êtres humains traversent de pareils cycles, où la cupidité prime et détruit le sens de l'éthique et le jugement, qui exigent tous deux de la logique, de l'expérience et de la sagesse. Il en a malheureusement toujours été ainsi. Il n'y a peut-être pas lieu de nous sentir coupables, car la nature humaine est ainsi faite. Ce que je sais, par contre, c'est que le bon sens et l'éthique, conjugués au travail acharné tant pour soi que pour autrui, apportent à long terme une plus grande satisfaction, tout en permettant de mieux apprécier ce qui est vraiment le "bon" temps. Les périodes de difficultés ont aussi leurs bons côtés : elles font ressortir la bonté chez l'être humain. Mais elles font aussi des millions de victimes innocentes.

* Président du conseil, Jarislowsky Fraser

stephen.jarislowsky@transcontinental.ca

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