Le CELI de Guillaume Roy-Gagné: commencer tôt, préserver la cagnotte

Offert par Les Affaires


Édition du 19 Janvier 2022

Le CELI de Guillaume Roy-Gagné: commencer tôt, préserver la cagnotte

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Édition du 19 Janvier 2022

Par Jean Décary

Guillaume Roy-Gagné (Photo: courtoisie)

 

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Nom: Guillaume Roy-Gagné

Âge: 19 ans

Occupation: étudiant à HEC Montréal

Valeur du CELI: 19 000$

Stratégie: titres individuels

Bon coup: avoir commencé tôt à épargner et à investir

Mauvais coup: (ils restent à faire!)

Objectif: vivre un jour de ses dividendes

Son conseil à l’investisseur qui commence: être capable d’expliquer à quelqu’un les tenants et aboutissants d’un choix d’investissement 

 

C’est à la coquette somme de 19 000$ que s’élève la valeur du CELI de ce jeune homme originaire de Saint-Hyacinthe, soit 1000$ pour chaque année vécue, puisque cet étudiant de HEC Montréal a tout juste 19 ans et ne compte que deux années de cotisation au CELI. Y a-t-il beaucoup de jeunes de son âge qui peuvent se targuer d’avoir un CELI si bien garni? «Non, pas beaucoup, je crois», répond du tac au tac cet universitaire qui rêve déjà de faire son programme d’échange en Suède. Pour le modèle social-démocrate? «Je pensais plus à la culture, au paysage et à l’histoire.» 

M. Roy-Gagné désigne son père comme la principale bougie d’allumage de son intérêt pour l’investissement. «Dès mon adolescence, il m’a initié à la Bourse et nous faisions des simulations ensemble.» Le jeune apprenti va pousser son intérêt plus loin en examinant quelles entreprises se trouvent derrière les multiples symboles boursiers qui parsèment ses discussions avec son père. «Avec la démocratisation de l’information, il est facile de se renseigner et d’approfondir ses connaissances.»

Pour investir, par contre, il faut d’abord de l’argent. Le futur investisseur se met à travailler dans une épicerie et à épargner. «Je faisais de l’“hyperépargne”. Ça ne m’empêchait pas de passer du temps avec mes amis, mais j’évitais de dépenser mon argent dans des bébelles.» Nourri et logé au domicile familial, le trésor de guerre du jeune travailleur va croître à vitesse grand V. Si bien qu’au tournant de l’âge adulte, il est fin prêt à déployer la rondelette somme de 20 000$.

Premier arrêt, le CELI, où il achète ses toutes premières actions, celles du transporteur aérien Air Canada (AC, 21,50$). «C’est l’unique titre que j’ai vendu depuis, avec un petit profit. Il était écorché au moment de l’achat en raison de la pandémie. Mais j’ai jugé qu’il y avait un meilleur potentiel de croissance ailleurs.» Cette plus-value, il l’a trouvée dans Docebo (DCBO, 69,47$), une entreprise canadienne de technologie spécialisée dans les plateformes d’apprentissage basées sur l’intelligence artificielle. «C’est mon meilleur rendement à ce jour». Il complétera la construction de son CELI avec les titres de deux grandes banques canadiennes, soit ceux de la Banque de Montréal (BMO, 138,19$) et de la Banque Toronto-Dominion (TD, 96,12$).

«Je suis plus du type à acheter et à détenir à long terme», précise-t-il à propos de son style d’investisseur. Il affectionne les entreprises de type valeur, comme Berkshire Hathaway (BRK.B, 299,28$US), Apple (AAPL 173,36 $ US) et les banques canadiennes. «Les entreprises qui dominent leur secteur d’activité, qui ont un historique de croissance du dividende, bref qui peuvent générer de la valeur pour leurs actionnaires.»

M. Roy-Gagné, qui a aussi un REER et un compte non enregistré, ne rejette pas l’idée de détenir des titres de croissance. «Je détiens des actions d’entreprises comme Alibaba (BABA, 118,32$ US), AirBNB (ABNB, 160,39$ US) et The Progressive Corporation (PGR, 102,93$ US). » L’actif total de l’ensemble de son portefeuille gravite autour des 35 000$.

Il est conscient que son horizon d’investissement est très long et il entend bien parfaire ses connaissances en cours de route, non seulement à HEC, mais également en se plongeant le nez dans des livres. Quelques-uns l’ont déjà influencé. «J’ai bien aimé The Little Book of Common Sense Investing, de John C. Bogle, le fondateur de Vanguard, et L’investisseur intelligent, de Benjamin Graham, où il est question entre autres d’allocation d’actifs et de marge de sécurité.» Il a aussi trouvé matière à réflexion dans les chroniques radiophoniques de Pierre-Yves McSween et dans des discours prononcés par le réputé investisseur Peter Lynch (accessibles sur YouTube).

Son conseil à l’investisseur qui commence? «Je crois qu’avant d’acheter des actions, un investisseur doit être capable d’expliquer en peu de temps et de façon claire ce que l’entreprise fait et pourquoi il croit en ses perspectives d’avenir.» Avant de terminer notre entretien, M. Roy-Gagné ajoute: «Il est bon aussi de ne pas trop regarder son portefeuille. Prendre des pauses nous évite de faire des gaffes.» Ça lui laisse aussi plus de temps pour jouer au tennis de table et lire les biographies des présidents américains (il est rendu au troisième, Thomas Jefferson).

 

Dans l’œil d’un pro

«Pour réussir, le plus important, c’est de commencer tôt, de cotiser régulièrement, d’être discipliné et patient. C’est ce qu’il fait déjà avec beaucoup de rigueur», remarque Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Il le met toutefois en garde: «Il faut préserver la cagnotte. Il ne faut pas qu’il y ait d’interruption ou de revers qui puisse ralentir le processus d’enrichissement.» Il évoque la fameuse citation attribuée (à tort ou à raison) au physicien Albert Einstein : « L’intérêt composé est la huitième merveille du monde. Celui qui peut bien comprendre l’intérêt composé en bénéficie, celui qui ne le comprend pas... le paie.»

L’ennemi le plus dangereux est le manque de diversification, selon le gestionnaire de portefeuille. «La perte d’un titre qui chute n’est pas compensée par une espérance de retour suffisante.» Au regard de la valeur actuelle du CELI, la différence entre un rendement de 6% ou de 8% est selon lui marginale en dollars. C’est pourquoi en début de processus (et même plus tard), il voit d’un bon œil des outils financiers comme des FNB, à bas frais de gestion, ou des fonds communs de placement qui sont idéaux pour cette taille de portefeuille. «Je comprends l’aura qui existe autour de la construction d’un portefeuille de titres individuels, mais pourquoi se compliquer la vie? Le fait est qu’un simple FNB du S&P 500 va battre le rendement d’une majorité de gestionnaires de portefeuille.»

Vincent Fournier juge particulièrement risquée la position dans Docebo, qui représente plus du tiers du compte enregistré. Il est d’avis qu’il faut être plus discipliné avec le CELI. «La ligne est mince entre un pari et un investissement. Si tu perds un pari dans ton CELI, cela équivaut à une perte sèche.» Il rappelle qu’au tournant du millénaire, même des titres comme Amazon (AMZN, 4315, 94$ US) et Microsoft (MSFT, 416,97$ US) avaient connu des passages à vide, avec des baisses respectives de 95% et de 60% de leur cours boursier. « Ce n’est pas tout le monde qui a les nerfs assez solides pour ne pas vendre dans ces conditions.»

Il évoque plus récemment le cas de l’entreprise chinoise Alibaba. «Parfois, tu as beau avoir fait la meilleure analyse possible, il y a des choses qui finissent par t’échapper. Dans ce cas-ci, c’était le risque politique.» (L’action a chuté de près de 50% cette année).

S’il désire continuer avec des titres individuels, il suggère à Guillaume Roy-Gagné d’opter pour plus de diversification. «Je ne dépasserais pas 10% dans un titre. Il pourrait en sélectionner 10 à 2000$, par exemple.» Il recommande au jeune investisseur de délimiter son terrain de jeu pour diminuer le risque et le coût d’erreurs potentielles. Il l’invite à cibler des entreprises du Dow Jones, par exemple, et quelques-uns des meilleurs titres du TSX/60. «Il pourrait se concentrer sur des titres vedettes (Blue Chips), des mammouths, comme Apple, Microsoft et autres.»

Il est conscient que cet investisseur est en apprentissage et qu’il peaufinera sa stratégie avec le temps. «La beauté du CELI, c’est qu’il pourra opter à tout moment pour celle qu’il préfère sans incidence fiscale et bien souvent sans frais de commission.» Pour Vincent Fournier, l’idée maîtresse est de faire rouler sa boule de neige le plus longtemps possible sans interruption ni revers de fortune.


Portefeuille CELI de Guillaume Roy-Gagné (Valeur approx. 19 000$)

Titres Sigle % du portefeuille
Docebo DCBO.TO
35%
Banque de Montréal BMO.TO 35%
Banque Toronto-Dominion TD.TO 29%
Espèces *** 1%
Total *** 100%

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca


 



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