Les experts financiers doutent que la Chine puisse relancer l'économie mondiale.
"Il est encore un peu tôt pour affirmer que la Chine sera le moteur de la reprise", dit Frédéric Imbeault, vice-président, marchés asiatiques, d'Hexavest.
Il estime que, sans une augmentation notable de la demande mondiale d'ici quelques trimestres, les programmes d'infrastructures et le regain de la consommation intérieure en Chine n'auront que des effets temporaires.
M. Imbeault soutient que la crise économique a paralysé les exportations de l'empire du Milieu, forçant le gouvernement à faire marche arrière dans son plan visant à passer d'une économie de production à une économie de consommation d'ici quelques années.
Selon Yardeni Research, les exportations chinoises ont plongé de 47 % entre juillet 2008 et février 2009, passant de 1 540 à 818 milliards de dollars américains (G$ US).
"J'ai de sérieux doutes quant à la capacité du plan de relance chinois de compenser le plongeon des exportations", dit Ed Yardeni, président et stratège en chef du placement de l'entreprise.
Beijing souhaite investir 500 G$ US dans des projets d'infrastructure pour soutenir l'économie, et autant d'argent dans d'autres programmes.
L'économie chinoise pourrait se détériorer
L'analyste régional pour l'Asie hors Japon chez Credit Suisse, Dong Tao, rappelle que la production industrielle chinoise a progressé de "seulement" 3,8 % sur une base annuelle au cours des deux premiers mois de l'année. Une performance inférieure aux prévisions des analystes qui laisse croire que la situation pourrait se détériorer avant que l'économie du pays ne redémarre.
Même son de cloche du côté de Morgan Stanley, qui prévoit que le produit intérieur brut (PIB) de la Chine progressera de 5,5 % en 2009, alors que les autorités du pays misent sur une croissance de 8 %.
"La production industrielle et le commerce extérieur sont à des creux depuis le début de l'année, alors que les ventes au détail accusent aussi des replis significatifs", dit l'analyste Qing Wang, qui n'entrevoit pas d'amélioration avant la seconde moitié de l'exercice.
Frédéric Imbeault croit toutefois que la Chine possède tous les outils pour se sortir de chocs économiques cycliques. "Le pays a un faible niveau d'endettement, et son système bancaire détient d'immenses réserves qui peuvent être réinjectées à tout moment", précise-t-il.
Les limites de la demande en Chine
Si M. Imbeault voit d'un bon oeil le plan de la Chine de stimuler la demande intérieure, il demeure toutefois réaliste. À son avis, même si le pays compte plus de 1,36 milliard d'habitants, le pouvoir d'achat de la population chinoise ne peut pallier que faiblement toute baisse de consommation des Occidentaux sur l'échiquier mondial.
Il croit que la Chine profite de la crise pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières par l'intermédiaire de sociétés d'État.
Rappelons que les prix du pétrole et de nombreux métaux de base sont en chute libre depuis l'été dernier.
Aluminum Corporation of China (Chinalco) a récemment investi 19,5 G$ US dans la minière anglo-australienne Rio Tinto, pendant que la Banque de développement de Chine signait une entente d'approvisionnement en pétrole d'une valeur de 25 G$ US avec la Russie.
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