Frais de gestion : combien ils vous laissent


Édition du 25 Février 2017

Frais de gestion : combien ils vous laissent


Édition du 25 Février 2017

[Photo: 123rf]

L'impact des frais des fonds communs de placement sur le rendement sera plus important dans un contexte où les rendements espérés risquent fort d'être plus faibles que ceux que nous avons connus. C'est ce que soutient dans une récente étude Christopher Davis, stratège et directeur de la recherche sur les fonds pour le Canada chez Morningstar.

Au cours des 30 dernières années terminées le 30 juin 2016, un portefeuille composé à 60 % d'actions représentées par l'indice composé S&P/TSX et à 40 % d'obligations représentées par l'indice obligataire universel FTSR TMX a généré un rendement brut annualisé de 8,4 %.

Or, le ratio des frais de gestion (RFG) moyen pondéré des fonds communs de placement est de 2,2 %, selon une étude commanditée par l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC), soit 1,02 % pour le gestionnaire du fonds, 1 % pour le courtier et 0,18 % pour les taxes à payer aux paliers fédéral et provincial.

En projetant un rendement brut de 8 %, on obtient un rendement net de 5,8 % quand on soustrait les frais de 2,2 %. Donc, les frais réduisent de 27,5 % le rendement brut.

Tous ces calculs ne valent que pour une année. L'effet à long terme de cette ponction est encore plus important, en raison de la «magie» de l'intérêt composé, comme le démontre Christopher Davis.

Un placement de 10 000 $ rapportant 5,8 % annuellement pendant 30 ans vaut 54 271 $ à la fin de la période. Le même placement rapportant 8 % annuellement vaut 100 626 $ 30 ans plus tard. Bien que les frais de gestion de 2,2 % ne retranchent que 27,5 % du rendement brut d'une année, l'effet composé des coûts en aura dévoré 46 % sur 30 ans.

Or, quoiqu'il ait été plausible d'espérer un rendement annualisé de 8 % d'un portefeuille constitué à 60 % d'actions et à 40 % d'obligations au cours des trois dernières décennies, les investisseurs devraient s'attendre à des rendements moins élevés à l'avenir, prévient M. Davis : «C'est qu'avec un rendement à l'échéance de 1,78 % sur les obligations canadiennes [de 10 ans], il est pratiquement impossible que ces obligations dégagent à nouveau le rendement annualisé de 9 % qu'elles ont dégagé au cours des 30 dernières années», estime-t-il.

Le rendement des obligations a été généreux parce que les taux d'intérêt ont beaucoup baissé durant ces trois décennies : ce rendement tient compte à la fois du revenu d'intérêt et de la hausse de la valeur des obligations en circulation lorsque les taux baissent. Toutefois, selon M. Davis, les taux d'intérêt, très bas, peuvent difficilement chuter davantage et réduisent le rôle des gains en capital dans le rendement futur des obligations.

Or, les frais de gestion médians de 1,59 % pour les fonds d'obligations canadiennes avec frais de commission pourraient devenir un problème puisqu'ils absorberaient presque entièrement le rendement à l'échéance des obligations de qualité. «Et si les taux d'intérêt montaient, le prix des obligations baisserait et vous pourriez obtenir un rendement négatif», souligne-t-il. Rappelons que le taux des obligations canadiennes de 10 ans est passé de 0,96 % le 29 septembre à 1,78 % le 3 février.

Dans un contexte où les obligations rapporteront probablement moins dans l'avenir, l'analyste de Morningstar croit plus raisonnable de penser qu'un portefeuille à 60 % d'actions et 40 % d'obligations ne rapportera que 5 % au lieu de 8 %. «Dans ce cas, au lieu d'absorber 27,5 % du rendement, les frais de gestion en goberaient 45 % annuellement», note-t-il.

Un placement de 10 000 $ se composant à 5 % pendant 30 ans vaut 43 219 $, alors qu'il ne vaut que 22 898 $ s'il se compose à 3,8 %, soit 47 % de moins.

«Bien sûr, il n'y a pas d'endroits où l'on peut investir sans frais. Les gestionnaires de portefeuille ne travaillent pas gratuitement, bien que les fonds négociés en Bourse à bas coût offrent désormais quelque chose qui s'en approche. Payer pour des conseils financiers, que ce paiement soit intégré ou non aux frais de gestion, érode le rendement. Cependant, un conseiller compétent compensera amplement ces coûts, en réduisant les impôts et en gérant la pondération de l'actif tout en s'assurant que les clients épargnent suffisamment et s'en tiennent à leur plan financier quand les choses se corsent», reconnaît M. Davis. Selon lui, la question n'est pas de savoir si ces conseils doivent être rémunérés, mais de savoir combien ils valent.

Les investisseurs seront à même de juger précisément du prix qu'ils payent pour ces conseils : de nouveaux relevés, envoyés dès le premier trimestre de 2017, comprendront un rapport sur les frais et les autres formes de rémunération.

Biographie

Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il a collaboré à la publication Finance et Investissement de 2001 à 2016, notamment en matière de fonds communs de placement.

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