Dieu est-il «bear» ou «bull»?

Publié le 04/11/2011 à 12:43, mis à jour le 05/11/2011 à 11:38

Dieu est-il «bear» ou «bull»?

Publié le 04/11/2011 à 12:43, mis à jour le 05/11/2011 à 11:38

La crise du crédit européenne peut-elle être analysée sous l'angle religieux? Alors que le spectre de l'insolvabilité plane au-dessus des pays à majorité catholique ou orthodoxe, c'est la question que se posent les protestants.

C'est ce qu'observe l'hebdomadaire britannique The Economist dans sa dernière livraison, explorant l'influence de la religion sur la finance.

La question est d'autant plus pertinente au lendemain de la chute des régimes arabes : l'Islam et l'islamisme sont-ils vecteurs de prospérité? se demande The Economist.

La religion influence la culture d'une population et, comme l'appétit pour la richesse n'est pas inscrit dans notre code génétique, notre rapport à l'argent varie d'une culture à l'autre.

La méfiance des Québécois francophones, « nés pour un petit pain », à l'égard du succès financier, témoigne du lourd héritage catholique de la province.

Volatilité catholique

Des chercheurs postulent d'ailleurs que la volatilité des portefeuilles de fonds communs est plus élevée dans les régions à prédominance catholique. Après avoir analysé les rendements de plus de 1600 portefeuilles sur une période de 20 ans, une équipe de l'université de Géorgie, aux États-Unis, conclut que les investisseurs catholiques prennent plus de risques. La volatilité des portefeuilles détenus par des catholiques est de 15 à 20 % plus importante que celle des portefeuilles protestants.

Une autre étude de l'université Tilburg, aux Pays-Bas, relate que les ménages religieux économisent plus que les non religieux. À l'opposé de leurs collègues américains, cependant, les Hollandais concluent que les investissements moins risqués sont plus fréquents chez les catholiques, qui sont cependant moins susceptibles d'investir en bourse. Fait à noter, les protestants évangéliques, plus fermes dans leur foi, épargnent davantage.

Rendement protestant

C'est le père de la sociologie moderne Max Weber qui a le premier postulé que l'éthique de travail protestante était un facteur de croissance économique. Dans l'Allemagne du XIXe, les länder protestants étaient plus prospères que les catholiques.

En fait, l'Allemagne protestante faisait mieux économiquement, car les préceptes religieux insistaient sur la lecture de la bible tant pour les garçons que pour les filles, au contraire des catholiques.

En Amérique latine, on remarque ainsi que les pentecôtistes, d'obédience protestante, réussissent mieux économiquement que la majorité catholique.

La tradition judaïque, qui insiste sur un apprentissage scolaire religieux et séculier obligeant les jeunes à suivre deux programmes à la fois, génère ainsi des individus surperformants.

L'hebdomadaire Time a quant à lui analysé les objectifs de placement et les rendements de fonds « religieux », qui investissent selon des critères tirés de leurs croyances. Les fonds protestants et catholiques évitent les sociétés qui offrent des avantages sociaux aux conjoints non mariés, par exemple, misant en outre sur des entreprises qui financent des mouvements affiliés à la droite religieuse, comme les opposants à l'avortement.

Le portefeuille divin

Les fonds islamiques, à cause des restrictions sur l'usure, qui prohibent les intérêts trop élevés, restent loin des investissements aux rendements mirobolants, comme les fonds de couverture. Idem pour les compagnies trop endettées, qui doivent payer de l'intérêt. Le journaliste n'a pas découvert de fonds destinés exclusivement aux juifs.

Ce qui nous ramène à l'Europe. Certains estimeraient ainsi que l'attitude plutôt coulante de l'orthodoxie grecque envers le péché, expliquerait ses récents déboires financiers. Pourtant, l'immigration grecque en Amérique réussit plutôt bien financièrement, en éducation et en politique. En fait, ce sont les institutions en place qui permettent de réussir honnêtement.

La confession protestante, autoproclamée vertueuse et économe, serait donc plus apte à générer un bien-être financier. D'ailleurs, les immigrants asiatiques aux États-Unis sont nombreux à délaisser le bouddhisme au profit du protestantisme. À moins que la foi s'accorde bien avec la discipline et l'acharnement à réussir qui sont le propre de nombreux immigrants, postule le sociologue américain Peter Berger.

Il reste que la plupart des tentatives d'établir un lieu de causalité entre la foi et un bon rendement boursier souffrent d'exception. Comme les musulmans pratiquants de Turquie, où l'on trouve de nombreux commerçants prospères. Ils utilisent leurs réseaux religieux pour développer des marchés, et s'inspirent du Coran qui stipule que le commerce doit être honnête. On parle d'ailleurs d'un islam calviniste.

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