Comment conjuguer nouvel amour et sécurité financière à la retraite

Publié le 26/02/2009 à 00:00

Comment conjuguer nouvel amour et sécurité financière à la retraite

Publié le 26/02/2009 à 00:00

Par François Rochon

Son expérience l'incite à la prudence, surtout que c'est la première fois qu'elle vit avec un homme dont l'avoir et les revenus sont nettement inférieurs aux siens.

"Je tiens à ce que nous soyons tous les deux à l'aise dans cette idylle", dit Caroline, qui possède 95 % de la valeur nette de l'actif du couple.

Les deux tourtereaux ont déjà tenté d'aplanir ce petit écueil. Alors que Caroline fournit le logement - dans son duplex - Jacques est propriétaire de l'auto et en assume les frais. L'homme de 61 ans verse aussi 350 $ par mois pour le logement et 100 $ par mois pour l'électricité, le câble et le téléphone.

Diabétique, Jacques paie aussi la moitié des primes de l'assurance maladie de sa conjointe, dont il bénéficie.

Cette entente sera appliquée pendant encore cinq ans, car Caroline perdra à 65 ans le droit de participer au régime d'assurance collective de son ancien employeur, un bénéfice accordé aux retraités du secteur de l'enseignement.

Se servir du fisc pour réduire le fossé financier

Caroline est retraitée depuis quatre ans. Elle déclarera en 2009 un revenu imposable de 52 862 $, qui comprend une rente annuelle de 41 000 $ versée par la CARRA, la rente de la RRQ, des revenus de placement et un revenu de location.

Jacques, pour sa part, gagnera un salaire brut de 33 870 $, soit environ 19 000 $ de moins que sa conjointe.

Le technicien, qui compte une quinzaine d'années de service auprès de son employeur, n'a aucun fonds de pension. Son REER s'élève à 20 000 $, comparativement à 32 276 $ pour celui de Caroline.

Lorsque Jacques prendra sa retraite le 1er juin 2012, à l'âge de 65 ans, l'écart de revenus des conjoints augmentera passablement, pour atteindre 33 856 $.

À première vue, la situation semble donc périlleuse pour Caroline. Toutefois, le fisc peut l'aider à réduire ce fossé financier. "En rédigeant ensemble leur déclaration de revenus, ils pourront réduire la facture fiscale de Caroline en fractionnant le revenu de pension et en partageant plusieurs déductions et crédits [par exemple, les frais médicaux et les dons de charité]", explique Gaétan Veillette, administrateur agréé et planificateur financier au Groupe Investors.

Caroline pourrait ainsi récupérer entre 1 000 et 2 000 $ par année. Cette économie fiscale doublera lorsque Jacques sera à la retraite.

Pour récupérer encore plus d'argent du fisc, M. Veillette recommande au couple d'établir un REER conjoint dont Jacques serait le bénéficiaire.

Le couple pourrait y contribuer jusqu'à 9 000 $, soit les droits de cotisation inutilisés de Caroline. "En procédant ainsi, Caroline augmente d'environ 10 % son remboursement d'impôt", note le planificateur financier.

Et si les conjoints se séparent ?

Même si Caroline comprend l'avantage de cotiser au REER de son conjoint, elle hésite, car le couple n'est pas à l'abri d'un naufrage. "Si Jacques me quitte, je perdrai cet argent", dit-elle. Mais elle saute un peu vite aux conclusions, selon notre expert : "Un pacte peut la protéger de ce danger : l'acte d'union de fait."

Ce contrat, idéalement notarié, permet aux conjoints de fait de préciser les modalités du partage des biens advenant une séparation.

Ainsi, Jacques et Caroline pourraient établir que tout ce qu'ils ont accumulé avant 2009 ne fera jamais l'objet d'un partage advenant une rupture. Par contre, l'actif accumulé après cette date pourrait être partagé en parts égales, comme dans le cadre du patrimoine familial.

Notons que cet acte d'union de fait permet de prévoir de façon détaillée les biens qui feront l'objet d'un partage lors d'une séparation.

À la limite, chaque actif pourrait faire l'objet d'une entente de partage : ainsi, les placements du REER du conjoint pourraient être partagés, mais pas la valeur de l'auto.

"Ça brise un peu la spontanéité de la relation", déplore Caroline. "Mais de bons papiers font de bonnes relations", répond M. Veillette.

Advenant un décès

Jacques et Caroline ont déjà pris des arrangements pour se préparer au pire : un décès.

Dans son testament, Caroline laisse à Jacques, à titre de legs particulier, tous ses droits dans les régimes de retraite, aussi bien le REER que le fonds de pension. Ainsi, si Jacques lui survit, il touchera 50 % de la prestation du fonds de pension de sa conjointe.

Caroline lui lègue aussi tous ses meubles et effets personnels. De plus, le préretraité pourra continuer d'habiter le logement du duplex pendant six mois. Il devra cependant payer les impôts fonciers, les assurances et autres frais courants du logement.

Caroline lègue aussi à sa mère, sa soeur et son frère, à titre de legs particulier, 15 % de l'actif net de la succession. Le reste des biens sera versé dans une fiducie, qui subviendra aux besoins de son fils, qui souffre d'un handicap léger.

De son côté, Jacques lègue à Caroline son REER, l'argent dans ses comptes bancaires, ses autres placements et ses effets personnels.

Par ailleurs, il lègue à sa mère un compte bancaire spécifique, et a désigné ses deux fils comme bénéficiaires de son assurance vie.

Malgré les bonnes intentions des testateurs, ces voeux recèlent un danger important : les legs particuliers accordés à divers membres de la famille pourraient vider complètement la succession.

"Ces héritiers privilégiés ne participent pas aux paiements des impôts, des frais funéraires et des dettes, à moins que le testament le stipule clairement, dit M. Veillette. Ces frais sont donc attribuables aux légataires universels."

Deux options permettraient d'assurer que les légataires universels recevront leur juste part. Caroline et Jacques pourraient conclure des préarrangements funéraires, de façon à réduire les frais à leur décès.

Ou encore, ils pourraient établir un codicille stipulant que les héritiers privilégiés devront payer leur quote-part des dettes, de l'impôt et des frais funéraires.

Nous remercions l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec de sa collaboration.

dossiers@transcontinental.ca

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