À la conquête de l'étranger


Édition du 25 Octobre 2023

À la conquête de l'étranger


Édition du 25 Octobre 2023

Par Emmanuel Martinez

Ouvrir ses propres installations

Pour d’autres PME, ouvrir ses propres installations représente le choix le plus stratégique. C’est ce qu’a fait Soucy Baron, qui fabrique des pièces de caoutchouc en banlieue de Shanghai depuis 2010.

« On n’était pas à l’aise de transférer du savoir et de la technologie à nos fournisseurs, explique Pierre Provencher, directeur général de cette division du groupe Soucy. C’est ce qui a motivé la décision d’avoir notre propre usine. »

L’entreprise de Saint-Jérôme possédait déjà un bureau d’approvisionnement en Chine qui a trimé dur pour mettre sur pied ces installations qui emploient maintenant une cinquantaine de personnes. Elle a aussi fait appel à des consultants internationaux.

« On voyait que pour offrir la gamme complète à des prix concurrentiels, on devait s’installer en Chine, note le dirigeant. On voulait faire les pièces compliquées au Québec et les plus simples là-bas. On s’est également dit que l’Asie représentait un marché énorme avec beaucoup de consommateurs. » 

Il a fallu sept ans avant d’être rentable, explique-t-il. Mais cette patience en valait la peine, car plus de la moitié des ventes de l’usine chinoise est en Asie.

« La connaissance de la réglementation et de la culture a pris un certain temps, mais on a maintenant du succès avec des compagnies internationales, déclare le DG. Elles ont confiance en nous. Quand tu es sur place, tu peux vérifier les pièces avant l’expédition. C’est la clé de la réussite. »

 

Monter avec de bons plans

Pour ne pas se perdre dans la jungle fiscale du pays étranger, il vaut mieux consulter un spécialiste, car il y a beaucoup de questions à régler avant de se lancer.

« Souvent, ceux qui n’ont pas pris le temps de réfléchir et de poser des questions à des professionnels vont vivre des catastrophes, résume Jean-François Poulin, associé en fiscalité chez Raymond Chabot Grant Thornton. Ça ne vous tente pas d’être empêtré dans un litige fiscal : c’est long, ça coûte cher et ça engendre du stress. Vaut mieux planifier avec une équipe expérimentée. C’est un investissement en honoraires qui se paye tout seul. »

Et les questions à considérer sont nombreuses avant de s’implanter à l’étranger.

Le premier conseil qu’offre le fiscaliste est de discuter avec un avocat en droit de l’immigration du pays visé pour examiner les modalités pour les visas de travail et commencer le plus rapidement possible ces démarches qui sont souvent plus longues que prévu.

Ensuite, il faut s’entretenir avec des fiscalistes. « On va agir comme des architectes de la structure, illustre Jean-François Poulin. On estime le meilleur scénario en matière de fiscalité en fonction des besoins de l’entreprise. »

Il faudra d’abord évaluer le taux d’imposition du Québec par rapport au pays étranger où on veut s’implanter. Si ce taux est plus élevé ailleurs, on n’a pas intérêt à délocaliser les profits.

« On examine aussi le contexte d’affaires, précise-t-il. Parfois, il y a des raisons commerciales qui font qu’on doit être installé à l’étranger pour pouvoir y vendre, notamment pour les marchés publics. Cependant, dans d’autres cas, c’est inutile ou carrément une mauvaise idée d’ouvrir une filiale internationale en raison de questions fiscales. »

Pour évaluer l’impact fiscal, il ne faut pas seulement voir les taux des différents États, mais aussi les activités de l’entreprise. Par exemple, la méthode de prix de transfert, qui permet de déterminer la juste valeur des profits entre l’entreprise dans un pays et sa filiale dans l’autre pays, ne sera pas le même pour un fabricant de BBQ québécois qui envoie des pièces aux États-Unis où se fait l’assemblage par rapport à un autre qui écoule ses BBQ entièrement faits au Québec par sa filiale américaine.

Il ne faut pas négliger non plus la fiscalité des employés canadiens qui pourraient aller travailler quelques mois à l’étranger, souligne le spécialiste. « Il y a de la planification à faire pour éviter une double imposition de l’employé », remarque-t-il.

Le financement de la nouvelle entité étrangère fait aussi partie des questions à aborder. 

« On la finance avec un prêt ? Avec du capital-actions ? Dans un holding local qui prête l’argent à la filiale ? Généralement, c’est une portion en prêt et l’autre en investissement direct. »

Ensuite, il faut choisir comment financer les opérations courantes. Jean-François Poulin soutient que le fonds de roulement provient souvent de la société mère parce que la nouvelle entité a besoin d’argent en grandissant.

Il faut aussi se pencher sur le remboursement du prêt fourni par la maison-mère ou le rapatriement des profits. « Est-ce difficile de sortir l’argent du pays ? Y a-t-il des retenues ? se questionne-t-il. Plusieurs États d’Afrique et d’Amérique latine exercent un contrôle de changes. C’est laborieux pour de transférer de l’argent. »

 

Critères à considérer pour choisir un endroit en particulier où s’établir

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