Le ­CELI de ­Benoit D’Astous: répéter la performance


Édition du 14 Juin 2023

Le ­CELI de ­Benoit D’Astous: répéter la performance


Édition du 14 Juin 2023

Par Jean Décary

À 57 ans, ce barman-sommelier et journaliste à la pige mise sur les titres individuels et FNB dans une stratégie d’investissement qu’il voit évoluer sur le très long terme. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

« Je connais mieux l’Asie du Sud-Est que le Canada », avoue candidement cet investisseur-voyageur basé à Québec, qui partage son temps professionnel entre la sommellerie et le journalisme. Sa vie de globe-trotteur ne l’a pas empêché d’épargner ni d’investir, même s’il aurait souhaité commencer à le faire plus tôt. « C’est ce que je conseille aux plus jeunes que je côtoie : épargnez et investissez dans des fonds négociés en Bourse (FNB) indiciels. »

Benoit D’Astous concède que son côté épargnant et travaillant lui vient indirectement de son enfance. « Nous étions une famille de huit enfants et mes parents avaient un train de vie très modeste ; on peut dire qu’on tirait le diable par la queue. » S’il arrive à épargner une fois adolescent et au début de sa vie d’adulte, il ne se prive pas pour autant. « J’étais assez dépensier : moto, voiture, vin et voyages dans une trentaine de pays, raconte-t-il. Si j’avais pu placer un peu d’argent chaque mois, j’aurais eu plus de succès. » 

Il attend effectivement la fin de sa vingtaine avant de placer son obole durement économisée sur les marchés boursiers. Ses premiers pas en investissement ne sont pas une sinécure. « Je suivais les conseils d’un peu tout le monde et je me suis même lancé dans les titres valant moins de 1 $ (penny stocks) et la négociation sur séance (day trading). »

Ensuite, il décide de faire ses devoirs et entreprend son éducation financière. « Je me suis mis à lire, notamment Investir à la Bourse et s’enrichir de Bernard Mooney, une vraie bible », raconte celui qui s’est aussi abonné à Les Affaires.

Sa rencontre avec un conseiller en placements va parachever sa formation. « J’ai alors décidé d’investir dans des entreprises de qualité. Je suivais les traces de Warren Buffett, par exemple dans Apple (AAPL, 179,40 $ US), Coca-Cola (KO, 59,90 $ US) et Bank of America (BAC, 27,88 $ US). »

Avec le temps, Benoit D’Astous peaufine son style. La création du CELI, en 2009, lui offre la plateforme idéale. « Après la crise financière, j’ai orienté davantage mes achats au Québec et au Canada, des endroits autrefois boudés. » Des actions d’entreprises comme Alimentation Couche-Tard (ATD, 65,93 $), Rogers (RCI.B, 59,99 $) et Metro (MRU, 72,15 $), qu’il détient encore à ce jour.

La chute des marchés pendant la crise sanitaire l’amène à considérer le potentiel des FNB spécialisés. « Au lieu d’investir directement dans des entreprises énergétiques comme Suncor (SU, 38,48 $), Cenovus (CVE, 22,15 $), ou Canadian Natural Resources (CNQ, 54,99 $), j’ai opté pour le FNB indiciel iShares S&P/TSX Capped Energy (XEG, 14,25 $) qui les englobait », rapporte-t-il.

 De son propre aveu, sa stratégie d’investissement est plutôt hybride. Des FNB indiciels et spécialisés se mélangent aux titres à dividendes. « J’ai un profil plutôt équilibré dans mon REER, mais je suis plus agressif dans mon CELI. »

Il se dit investi pour le très long terme. « Jusqu’à la fin de mes jours », résume-t-il. Les seules exceptions à la règle dans son CELI : un récent retrait pour l’achat d’un condo et, un jour, le financement d’un tour du monde. Ses placements doivent aussi lui permettre de financer sa retraite, qu’il compte prendre autour de 65 ans. « Je me verrais bien acheter une terre dans le Sud, au Costa Rica par exemple, et démarrer un Airbnb », illustre-t-il.

 

 

Dans l’œil d’un pro 

« Si on regarde le montant qu’il détient dans son CELI, c’est presque le double des droits de cotisation admissibles de 88 000 $. Quand on voit passer ce genre de CELI, on considère généralement que les investisseurs ont bien fait », explique Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard, Allard et associés. D’autant plus que l’investisseur en question a récemment vendu un peu de son CELI pour effectuer une mise de fonds pour l’achat d’un condo à Québec.

S’il juge ses résultats bons et salue le travail accompli, le gestionnaire se demande si Benoit D’Astous pourra répéter ses bonnes performances. « J’observe quelques incohérences dans la construction du portefeuille, affirme-t-il. Sa stratégie d’achats ne semble pas tout à fait ancrée : son portefeuille est un peu comme une mosaïque de positions un peu floues. »

Il constate notamment qu’il subsiste des vestiges des stratégies précédentes. « On voit aussi qu’il semble porter certains de ses choix sur des titres qui représentent en quelque sorte les saveurs du jour. » Le gestionnaire pense notamment à ses positions dans l’or, dans Brookfield Renewable Partners (BEP-UN, 18,70 $) ou dans des FNB sectoriels comme le iShares Self-Driving EV and Tech (IDRV, 36,95 $), qui tente de répliquer le rendement d’un indice composé de sociétés œuvrant dans le secteur des voitures électriques. « Il doit à mon avis se poser deux questions importantes : Est-ce que les positions existantes méritent d’être encore là ? Et y a-t-il quelque chose que je ne détiens pas, mais qui mériterait de faire partie de mon portefeuille ? »

S’il voit beaucoup d’aspects positifs à investir dans les FNB, notamment les bas frais de gestion, Alexandre Legault fait remarquer que les FNB sectoriels, plus spécialisés, nécessitent davantage de temps, d’intérêt, d’expérience et d’expertise de la part d’un investisseur. « Si tu veux faire ça, il faut augmenter le plus possible ta littéracie financière. »

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