Bye-bye OPA, bonjour plan d’arrangement

Offert par Les Affaires


Édition du 19 Novembre 2016

Bye-bye OPA, bonjour plan d’arrangement

Offert par Les Affaires


Édition du 19 Novembre 2016

Par Claudine Hébert

[Photo : Shutterstock]

Il y a 20 ans, la plupart des entreprises qui souhaitaient acquérir une société canadienne cotée en Bourse faisaient une offre publique d’achat (OPA). C’était de loin le procédé le plus simple et le plus rapide. Aujourd’hui, le nombre d’OPA au pays a considérablement diminué pour céder la place aux plans d’arrangement.

RETOUR AU DOSSIER CROÎTRE GRÂCE AUX FUSIONS ET ACQUISITIONS

Les OPA se comptent désormais sur les doigts d’une main au Canada. C’est ce que révèle la toute dernière étude annuelle sur les fusions et acquisitions de sociétés ouvertes au Canada, qu’effectue le cabinet d’avocats Blakes depuis huit ans. D’après son analyse, seulement 3 des 50 plus importantes opérations ayant eu lieu au pays entre le 1er juin 2014 et le 31 mai 2015 ont fait l’objet d’une OPA. Les autres acquisitions se sont essentiellement traduites par un plan d’arrangement.

« Lors du précédent rapport pour l’année 2013-2014, aucune OPA ne figurait parmi les 50 transactions majeures au Canada. Une première au pays. Toutes les opérations, à quelques exceptions près, étaient des plans d’arrangement », soulève Howard Levine, cochef du groupe droit des affaires au cabinet Blakes à Montréal. Selon Bloomberg, le cabinet Blakes occupe le premier rang des cabinets canadiens en matière de fusions et acquisitions depuis 2008.

Les atouts du plan d’arrangement

Lors d’une OPA, l’acquéreur doit réussir à acheter 90 % des actions pour obtenir le droit d’exproprier les 10 % restants. Autrement, l’acquéreur doit réussir à se procurer les deux tiers des actions et procéder par la suite à une transaction avec l’entreprise ciblée pour conclure l’achat. « Le plan d’arrangement requiert, pour sa part, l’approbation d’un tribunal et un vote favorable d’au moins les deux tiers (66 %) des actionnaires présents lors d’une assemblée générale », explique Robert Dorion, associé chez Gowling WLG.

Le plan d’arrangement a également pour avantage de simplifier les structures d’entreprise. « Lors d’une OPA, l’acquéreur n’obtient que les actions ordinaires. Il doit ensuite composer avec les détenteurs d’actions privilégiées, d’options et de débentures. Dans un plan d’arrangement, tout se règle lors du processus d’acquisition », souligne l’avocat Dorion.

Des tribunaux plus flexibles

Le plan d’arrangement ne date pourtant pas d’hier. Il existe depuis le début des années 1970. Il faut savoir qu’au départ le procédé était plus ou moins familier aux tribunaux. « Le seuil d’acceptabilité des opérations de fusions et acquisitions devant les tribunaux canadiens était très élevé. En d’autres mots, c’était le dernier recours. Le plan d’arrangement entre l’acquéreur et la société ciblée ne devait être pris en considération que si toutes les autres options d’achat étaient impraticables », indique l’avocat Howard Levine. Ce dernier présente une dizaine de conférences par année sur le sujet auprès des investisseurs, des courtiers, des institutions financières, y compris des firmes comptables de la province.

L’augmentation des litiges chez nos voisins américains a également joué en faveur de la popularité du plan d’arrangement au pays, soutient l’avocat Clemens Mayr, associé du cabinet McCarthy Tétrault. « Aux États-Unis, note-t-il, près du deux tiers des transactions impliquant des sociétés ouvertes font l’objet d’un litige. Au Canada, les plans d’arrangement tendent à rendre anecdotiques ces situations de litige. » En fait, le rôle du tribunal qui endosse la transaction au sein du plan d’arrangement fait en sorte que l’acquéreur et la société ciblée sont traités de façon équitable, poursuit l’avocat Mayr, spécialisé en fusions et acquisitions de sociétés ouvertes.

Le plan d’arrangement est également bénéfique pour les Américains qui détiennent des actions de la société ciblée. « L’approbation de la transaction devant un tribunal canadien dispense automatiquement l’actionnaire américain d’avoir à enregistrer ses titres auprès de la Securities and Exchange Commission, l’organisme de régulation du gouvernement fédéral américain. Un exercice fastidieux et coûteux », ajoute Howard Levine.

Actionnariat restreint

Enfin, un autre avantage du plan d’arrangement au profit de l’OPA au Canada est la constitution de l’actionnariat. « Au pays, la forte majorité des sociétés canadiennes sont en partie détenues par des familles ou des investisseurs institutionnels qui ont une importante part des actions. Plusieurs de ces actionnaires majeurs peuvent détenir jusqu’à 40 % des parts. Ce qui réduit considérablement les chances de réussite d’une OPA », rapporte l’avocat Mayr. Comme quoi l’acquéreur a tout intérêt à s’entendre avec les principaux actionnaires de la société ciblée dans un plan d’arrangement s’il veut réussir sa transaction.

RETOUR AU DOSSIER CROÎTRE GRÂCE AUX FUSIONS ET ACQUISITIONS

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.