Bourses: les investisseurs délaissent les marchés émergents

Publié le 13/06/2013 à 06:41, mis à jour le 13/06/2013 à 06:47

Bourses: les investisseurs délaissent les marchés émergents

Publié le 13/06/2013 à 06:41, mis à jour le 13/06/2013 à 06:47

Par AFP

La Bourse de Tokyo entraîne les autres indices asiatiques vers le bas. Photo: Bloomberg

Après le risque de surchauffe, le coup de froid: inquiets de voir la banque centrale américaine réduire son soutien à l'économie, les investisseurs devenus frileux se détournent des pays émergents jugés plus risqués.

Selon Olivier Gayno, directeur des investissements patrimoniaux chez HSBC Global Asset Management France, les marchés boursiers émergents ont perdu «plus de 5% en un mois».

Jeudi, les Bourses asiatiques piquaient du nez à l'image de Manille, Bangkok ou encore Jakarta, dans la foulée de la chute de Tokyo (-6,35%).

Ce décrochage s'explique surtout par les craintes des investisseurs de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) réduire ses injections mensuelles d'argent frais.

Elles ont permis jusqu'à présent de soutenir les marchés en ramenant la confiance et en poussant les acteurs à se tourner vers des actifs plus risqués - donc plus rentables. Au point que certains, comme le Fonds monétaire international (FMI), avaient mis en garde contre une possible surchauffe dans ces régions.

Elles sont maintenant les premières à pâtir de ces nouvelles incertitudes, puisque les pays émergents sont jugés moins sûrs.

Le ministre indonésien des Finances Chatib Basri explique ce "phénomène mondial" par "trois raisons: la réduction progressive des rachats d'actifs de la Fed, le statu quo adopté par la Banque du Japon sur sa politique monétaire" en début de semaine et celui de la Banque centrale européenne, qui a baissé ses taux en mai mais pas en juin.

Les actions ne sont pas les seules à être touchées. "Toutes les classes d'actifs des pays émergents ont souffert", souligne Mathieu L'Hoir, stratégiste chez Axa IM. La plus touchée, la dette obligataire en monnaie locale a perdu 8% de son prix en un mois, indique-t-il.

En conséquence, les taux d'emprunt, auxquels les pays se financent et qui évoluent en sens inverse du prix des titres de la dette, sont remontés en flèche, au Brésil, en Afrique du Sud ou encore en Turquie, également secouée par une crise politique.

La course au profit des investisseurs avait créé "des effets de bulles", explique M. L'Hoir. En clair, le prix des titres de dette émise par les Etats étaient trop élevés et les taux trop bas. Il s'agit donc actuellement d'un phénomène de "normalisation", estime-t-il, même si cela ne se fait pas "sans turbulences".

Ces sorties de capitaux ont pour effet de déstabiliser les monnaies nationales. Le Rand sud-africain a vu son cours chuter de 7% en un mois quand le Real brésilien perdait 10%, selon Axa IM.

La Banque d'Indonésie a même dû voler au secours de sa monnaie, tombée à un plus bas en quatre ans. Des mesures ont également été prises au Brésil et en Inde.

A terme, ces mouvements pourraient avoir des conséquences sur l'activité de certains pays, qui dépendent de ces flux de capitaux pour assurer le bon fonctionnement de leur économie.

Mais certains voient dans ce reflux une évolution positive. "Il est bon de laisser s'éloigner la surchauffe et permettre à notre économie de retrouver un équilibre", estime ainsi le ministre des Finances thaïlandais Kittiratt Na-Ranong.

Selon lui, le gouvernement n'a pas l'intention de prendre de mesures immédiates pour freiner la fuite des capitaux ou soutenir les actions.

"Ils est normal pour ceux qui ont acheté à bas prix d'empocher leurs bénéfices et de partir vers d'autres actifs", conclut-il.

De leur côté, les économistes de Capital Economics estiment que "la plupart des pays émergents devraient encaisser le récent mouvement de vente de leur monnaie", ajoutant qu'il pourrait même s'agir d'une bonne nouvelle pour certains d'entre eux.

 

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