Bourse: les marchés financiers bousculés

Publié le 03/03/2020 à 09:41, mis à jour le 03/03/2020 à 17:01

Bourse: les marchés financiers bousculés

Publié le 03/03/2020 à 09:41, mis à jour le 03/03/2020 à 17:01

REVUE DES MARCHÉS. La banque centrale américaine (Fed) a troublé les marchés mardi en annonçant une baisse surprise de ses taux destinée à atténuer l'impact économique du coronavirus, une décision saluée initiallement par les investisseurs avant que le doute ne s'installe et fasse plonger Wall Street.

Les indices

L'indice composé S&P 500 a perdu 86,86 points, ou 2,81%, et a fermé à 3 003,37 points.

Le S&P/TSX de Toronto a perdu 129,64 points, ou 0,78 %, et a fermé à 16 423,62 points.

Le Dow Jones, l'indice vedette de New York, a reculé de 785,91 points, ou de 2,94 %, et a fermé à 25 917,41 points.

Le Nasdaq a baissé de 268,08 points, ou de 2,99 %, et a fermé à 8 68,094 points. 

Le dollar canadien s'est échangé contre 0,7467 $ US, en baisse de 0,44%

Le pétrole s'est apprécié de 0,37 $ US, ou de 0,79%, à 47,12 $ US. 

L'or a grimpé de 45,20 $ US, ou de 2,83%, à 1 640 $ US.

Le contexte

L'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, a chuté de 2,94% tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, a plongé de 2,99% et que le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, a perdu 2,81%. 

Signe de l'anxiété des courtiers, ces derniers se sont rués vers les produits financiers considérés comme des valeurs refuges, comme la dette des Etats-Unis: reflet d'une forte demande, le taux d'emprunt à 10 ans du pays est passé pour la première fois sous le seuil symbolique de 1%. 

« La baisse des taux décidée en urgence par la Fed était censée renforcer la confiance », mais elle a plutôt ravivé la crainte « que le coronavirus soit susceptible de provoquer un ralentissement économique majeur », estime l'économiste Joel Naroff. 

Les acteurs du marché avaient pourtant dans un premier temps salué la décision de la banque centrale d'abaisser ses taux de 0,5 point de pourcentage. 

Les marchés boursiers européens ont ainsi fini en nette hausse, après leur spectaculaire correction de la semaine dernière: Paris a gagné 1,12%, Francfort 1,08%, Londres 0,95%, Madrid 0,80%, Milan 0,43%, Amsterdam 1,48% et Bruxelles 1,47%. 

Wall Street, après s'être envolée au moment de l'annonce de la Fed, a en revanche rapidement déchanté.

Ses indices ont commencé à s'enfoncer dans le rouge quand le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, a pris la parole lors d'une conférence de presse pour justifier la décision de son institution. 

Ce dernier a reconnu que l'incertitude restait de mise quant à la durée et à l'ampleur de l'épidémie, alimentant les craintes des investisseurs de Wall Street. 

Si ces derniers avaient misé sur un un coup de pouce de la Fed, ils s'attendaient plutôt à ce qu'elle agisse lors de sa prochaine réunion les 17 et 18 mars. 

Ils ont été d'autant plus surpris qu'aucune annonce concrète n'était sortie d'une réunion téléphonique un peu plus tôt mardi des ministres des Finances et des banquiers centraux du G7. Ces derniers avaient simplement promis d'utiliser « tous les instruments » nécessaires pour soutenir une économie mondiale paralysée par le nouveau coronavirus. 

Le président américain Donald Trump a, lui, estimé derechef mardi que la Fed devait aller encore plus loin. 

Mais rapidement plusieurs analystes se sont interrogés sur l'impact réel de l'intervention soudaine de l'institution. 

Efficace? 

A la question de savoir si la baisse des taux permettra de « compenser l'affaiblissement de la demande générée par le coronavirus, la réponse est probablement non », a ainsi estimé Karl Haeling de LBBW. « Si vous ne voulez pas faire un voyage d'affaires ou aller à un concert, le fait que la Fed abaisse ses taux ne changera probablement pas votre décision, qui se fonde sur votre peur du virus. »

Pour Peter Cardillo de Spartan Capital Securities, l'action de la Fed peut même « envoyer le mauvais message » aux marchés car elle semble d'une part répondre plus aux pressions politiques de Donald Trump qu'à un véritable besoin économique, et elle donne d'autre part l'impression que la Fed « utilise toutes ses munitions ». 

Or pour les marchés, il est urgent de remettre la machine en route. L'OCDE a ramené lundi sa prévision de croissance de 2,9 à 2,4%, et prévenu que l'économie planétaire pourrait connaître une récession au premier trimestre à cause de l'épidémie de Covid-19, dont le bilan dépasse les 3.100 morts avec 78 pays touchés dans le monde. 

La baisse de taux américains décidée en urgence en pleine crise financière en 2008 « n'avait pas stoppé la baisse des marchés, c'était plutôt l'inverse, elle l'avait même accélérée car la baisse de taux actait une situation dangereuse », a rappelé Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Toutefois, « même si personne ne croit que les banques centrales puissent résoudre la crise, elles peuvent aider les entreprises endettées à affronter la tempête et éviter un resserrement des conditions de financement », a souligné Neil Wilson, analyste pour markets.com. 

Première à franchir le Rubicon mardi, la banque centrale australienne a déjà annoncé une baisse de son taux d'intérêt à 0,5%, son plus bas historique. La Banque du Japon et la Banque d'Angleterre ont dit se tenir prêtes à agir tandis que la Banque centrale européenne a donné rendez-vous au marché lors de sa prochaine réunion le 12 mars.

Les banques centrales n'ont cependant plus beaucoup de munitions, en particulier la BCE dont le principal taux est déjà à zéro, a remarqué M. Wilson pour qui « le vrai espoir réside dans une réponse budgétaire ».


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