Malgré la nette embellie constatée sur les places financières mondiales, les introductions en Bourse de taille significative demeurent rares depuis le début de l'année, mais un redémarrage se profile dans les mois à venir, notamment aux Etats-Unis.
Sur les trois premiers mois de 2012, les capitaux levés lors de ces opérations (IPO) ont chuté de près de 70% sur un an, atteignant leur niveau le plus bas depuis le deuxième trimestre 2009 à 46,6 milliards de dollars, selon une étude du cabinet Ernst & Young rendue publique jeudi. "Ce recul s'explique principalement par l'absence de grandes introductions", a commenté auprès de l'AFP Franck Sebag chez Ernst & Young.
Les capitaux engrangés lors d'une IPO se chiffrent en moyenne par opération à 91 millions de dollars contre 157 un an plus tôt. Et, "pour la première fois depuis 2009, on ne compte qu'une seule opération de plus d'un milliard de dollars", a souligné M. Sebag. Le 21 mars, la société néerlandaise de télécommunications Ziggo a levé environ 804 millions d'euros, plus d'un milliard de dollars, en faisant son entrée à la Bourse d'Amsterdam.
"L'Asie tire d'habitude ce marché, or il y a eu très peu de flux dans cette région ces derniers mois", note aussi Cédric Chaboud, gérant pour la Société Privée de Gestion de Patrimoine (SPGP). La plus importante a été celle de China Communications Construction, spécialisée dans la construction portuaire en Chine, qui a placé 794 millions de dollars lors de son introduction sur les Bourses de Shangai et Hong Kong.
Mais l'échec de plusieurs opérations en Chine, comme celle de Kinetic Mines and Energy --dont le titre a dégringolé depuis son introduction en Bourse-- a refroidi l'appétit des investisseurs. Ils s'interrogent aussi sur l'état de santé de la deuxième économie mondiale qui connaît un ralentissement progressif et continu depuis plus d'un an.
Pour Laurent Halfon, spécialiste des IPO pour le cabinet de conseil Deloitte, "beaucoup de dossiers restent encore dans les tiroirs car de nombreuses incertitudes demeurent, tant sur la croissance économique mondiale que sur la crise des dettes souveraines en Europe".
"On attend aussi des élections présidentielles aux Etats-Unis, en France et (des élections parlementaires) en Allemagne, trois zones économiques dominantes, ce qui pousse à un certain attentisme", ajoute l'expert. Selon Ernst & Young, la situation devrait s'améliorer rapidement avec plusieurs grosses opérations attendues cette année, dont celle du réseau social Facebook.
D'après le Wall Street Journal, le site internet de socialisation prépare son introduction en Bourse pour le mois de mai, ce qui pourrait lui permettre de lever jusqu'à 10 milliards de dollars et la valoriserait jusqu'à... 105 milliards. "Aux Etats-Unis, le flot est en train de repartir avec cinq à dix opérations par semaine", relève M. Chaboud.
En Europe, les deux plus grosses ont eu lieu fin mars, signe aussi d'un regain d'appétit pour ce marché. Outre Ziggo, le groupe familial suisse DKSH (négoce, distribution) vient de faire son entrée à la Bourse de Zurich, en levant 897 millions de dollars.
Et au Brésil, une quarantaine d'IPO ont été reportées et pourraient se faire dans les prochains mois, d'après M. Chaboud. Les secteurs les plus actifs devraient être celui du luxe, des valeurs technologiques et des biotechnologies, ces sociétés offrant les débouchés les plus intéressants à l'international.
