Ce qui est vrai pour une génération ne l'est pas nécessairement pour les suivantes. C'est pourquoi les membres de la génération Y ont avantage à ne pas croire toutes les «vérités» que les vieux - dont je suis - tiennent pour acquises, notamment en matière d'argent. En voici quelques exemples.
1 Il est normal de ne pas avoir de capital quand on est jeune.
Faux. Quand vous arrivez sur le marché du travail, votre capital humain se trouve à son maximum. La façon dont vous déciderez de monnayer vos habiletés intellectuelles et physiques, multipliée par vos années de vie active, transformera votre capital humain en capital financier. À 30 ans, vous avez beaucoup de temps devant vous. Et le temps, c'est de l'argent. Comme le dit la publicité, vous êtes plus riche que vous ne le pensez...
2 Dans vos placements, la proportion d'obligations devrait égaler votre âge.
Faux. Cette règle vous dicte d'avoir presque uniquement des actions. Or, comment connaître votre tolérance au risque si vous n'avez jamais investi ? Faites d'abord l'effort de distinguer ce qui est un risque réel (qui peut causer un tort irréparable à votre portefeuille) d'un risque passager (la volatilité). De plus, si vous faites vos premières contributions à un REER et que vous prévoyez vous prévaloir du Régime d'accession à la propriété bientôt, il n'est pas indiqué d'avoir uniquement des actions dans votre portefeuille. Il en va de même si votre situation d'emploi est précaire : contrats, temps partiel, périodes de chômage... Dans ce cas, ayez des titres à revenu à court terme malgré les bas taux d'intérêt.
3 Ne dépensez que les intérêts de vos placements.
Impossible. Les taux d'intérêt sur l'épargne sont trop bas actuellement pour que vous puissiez réaliser vos projets sans toucher à votre capital. Cela est particulièrement vrai si vous souhaitez accéder à la propriété (les bas taux hypothécaires jouent en votre faveur, mais les prix de l'immobilier sont gonflés) ou vous lancer en affaires. Une fois à la retraite, vous devrez encore compter sur votre capital, à moins d'être immensément riche ou que les taux d'intérêt explosent. Souhaitons seulement que vous n'ayez plus de dettes à ce moment.
4 Investissez seulement dans des sociétés solides.
Erreur. Risque et rendement sont liés. En règle générale, vous paierez plus cher les titres de sociétés dont la solidité fait consensus parmi les investisseurs : les actions de croissance. Cependant, celles qui s'avéreront les plus payantes à long terme s'achètent au rabais pour une fraction de leur valeur comptable au moment où les autres investisseurs les larguent : ce sont les titres de valeur. De plus, ajouter des actions de sociétés de petites et de moyennes capitalisations (réputées moins solides) à votre portefeuille en augmente à la fois le rendement espéré et le risque. Mais attention : ces primes de risque ne sont pas observées chaque année et ont été documentées à partir d'un vaste nombre de titres : ni 10, ni 100, mais plutôt des milliers.
5 Planifiez votre retraite dès que vous quittez l'école.
Oubliez cela. Vous avez d'autres priorités en début de carrière : vous tailler une place sur le marché du travail, rembourser vos dettes d'études, fonder une famille (et contribuer au régime enregistré d'épargne-études), acheter une propriété (qui est une forme d'épargne forcée)... D'ailleurs, quand Bismarck a établi l'âge de la retraite à 65 ans au 19e siècle, la plupart des personnes mouraient avant d'atteindre cet âge. Depuis, la longévité n'a cessé d'augmenter. Et si un jour la retraite n'existait plus ?
Experte invitée - Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L.
