Fitch: l'Espagne recule de trois crans

Publié le 07/06/2012 à 13:39, mis à jour le 07/06/2012 à 14:01

Fitch: l'Espagne recule de trois crans

Publié le 07/06/2012 à 13:39, mis à jour le 07/06/2012 à 14:01

Par AFP

Photo:Bloomberg

L'agence de notation Fitch a abaissé de trois crans jeudi la note de l'Espagne, évoquant le coût d'une restructuration du secteur bancaire, chiffré entre 60 et 100 milliards d'euros et qui rend de plus en plus probable le scénario d'une aide financière européenne à ce pays.

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, au coeur de la crise de la dette, voit sa note abaissée de A à BBB par l'agence et assortie d'une perspective négative. Fitch signifie ainsi qu'elle pourrait à nouveau dégrader le pays. Parmi les raisons évoquées figure le "coût budgétaire d'une restructuration et d'une recapitalisation du secteur bancaire espagnol", estimé à environ 60 à 100 milliards d'euros par l'agence.

"Fitch s'attend à ce que l'Espagne obtienne un soutien financier extérieur pour recapitaliser ses banques de taille moyenne ainsi que ses caisses d'épargne, ce qui redonnerait confiance dans tout le secteur bancaire", écrit l'agence. Plus tôt, jeudi, l'agence Standard & Poor's avait elle aussi asséné un nouveau coup à l'Espagne, estimant que les besoins de ses banques pourraient atteindre entre 50 et 82 milliards d'euros, "ce qui augmenterait en conséquence la probabilité d'un soutien de l'Union européenne au gouvernement espagnol".

Selon les prévisions de Fitch, sur la base d'une facture qui s'éleverait à 60 milliards, la dette publique brute de l'Espagne pourrait exploser à 95% du produit intérieur brut en 2015. En outre, "l'Espagne devrait rester en récession jusqu'à la fin de l'année et en 2013, alors que dans sa précédente prévision Fitch s'attendait à ce que son économie bénéficie d'une reprise modérée en 2013", ajoute-t-elle.

La dette publique espagnole est désormais à deux crans d'être considérée comme spéculative. Depuis l'annonce du sauvetage historique de sa troisième banque par les actifs, Bankia, en mai, la pression s'est brusquement intensifiée autour de l'Espagne et de son secteur bancaire.

Dans ce contexte de vives inquiétudes, le pays a dû s'aventurer sur les marchés jeudi. Même si elle réussi à emprunter plus de 2 milliards d'euros, l'Espagne a dû concéder des taux d'intérêt en forte hausse, signe que la tension ne se relâchera pas complètement tant que le pays n'aura pas obtenu d'aide européenne pour ses banques. Le Trésor a pu lever un peu plus que prévu, 2,074 milliards, grâce à une demande soutenue, mais le taux sur l'échéance-phare à 10 ans a grimpé à 6,044% contre 5,743% lors de l'émission du 19 avril.

Cet emprunt faisait figure de test alors que l'Espagne se refuse toujours bec et ongles à demander un plan de sauvetage global, à l'image de ce qui a été fait pour le Portugal, l'Irlande ou la Grèce. Ce qu'elle souhaite, c'est un coup de pouce uniquement pour son secteur bancaire, fragilisé par les actifs immobiliers risqués depuis l'éclatement de la bulle en 2008.

Madrid milite donc pour que le fonds de secours européen --le FESF actuellement en place ou le MES qui sera lancé début juillet-- soit autorisé à recapitaliser directement ses banques. De quoi éloigner la perspective du plan de sauvetage, qui placerait le pays sous tutelle et irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux.

L'Espagne a assuré qu'elle prendrait une décision dans les quinze jours sur un éventuel appel à l'aide internationale pour ses banques. En attendant, elle bénéficie ces jours-ci de marchés plus cléments, après avoir été fortement chahutée. Une détente "due aux espoirs qu'à court terme, un accord soit trouvé pour la recapitalisation des banques espagnoles", commente la maison de courtage Link Securities.

"Ce qui est sûr, c'est que les choses sont en train de bouger: il semble que l'Espagne va réussir à obtenir un sauvetage +sur mesure+ pour son secteur bancaire problématique", renchérissent les analystes de Bankinter. Le journal El Economista affirmait jeudi que Berlin accepterait finalement un sauvetage de 80 milliards d'euros limité aux banques, à travers l'Etat espagnol qui donnerait ensuite cet argent au Frob, le fonds public d'aide au secteur. C'est justement le montant qui pourrait ressortir lundi du rapport très attendu du FMI: selon le journal ABC, il chiffrera entre 40 et 80 milliards le montant nécessaire au sauvetage des banques espagnoles.

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