Gerard Cassidy s’attend à ce que les autorités régulatrices américaines resserrent l’encadrement réservé aux banques de taille moyenne. (Photo: 123RF)
Les dépôts non assurés détenus par les trois banques américaines sont au cœur de leur problèmes financiers depuis le début de l’année, estime un expert de la Banque Royale.
Le secteur bancaire américain a été vivement secoué, au cours des derniers mois, en raison des problèmes financiers à la Silicon Valley Bank (SVB), la Signature Bank et la First Republic Bank (FRB). Dans le cas des deux premières, ces perturbations les ont menées à la faillite. Pour la troisième, les eaux demeurent encore troubles.
Pour voir un peu plus clair dans cette crise bancaire qui affecte la planète, CFA Montréal a invité Gerard Cassidy, directeur général, responsable de la stratégie d'actions des banques américaines et analyste des banques à grande capitalisation chez RBC Marchés des Capitaux, à partager avec ses membres son point de vue sur la crise perturbatrice dans le cadre de l’événement « Quelle sera la suite pour le secteur bancaire américain dans l’environnement instable actuel? ».
« Le problème principal, dans cet environnement, était la concentration de dépôts non assurés à ces institutions, explique Gerard Cassidy. Et au moment où certains investisseurs non assurés ont commencé à retirer leurs billes, ça a mené à un départ de masse parmi ces investisseurs qui s’est accéléré très rapidement. »
La Réserve Fédérale américaine doit rendre public, le 1er mai, le rapport de ce qui a déraillé dans le processus de surveillance de la SVB. Mais selon ce que Gerard Cassidy a appris, c’est que 11 individus étaient responsables de 40% des dépôts à cette institution financière avant sa faillite.
« C’est extraordinairement énorme, plaide-t-il. Personne n’avait idée qu’ils avaient une telle concentration de dépôts. Et cet argent chaud s’est volatilisé en une nanoseconde. »
Dans le cas de la FRB, les investisseurs de ces dépôts non assurés, soit ceux qui excèdent 250 000$ US, ont rapidement compris que l’institution financière avait une panoplie de prêts hypothécaires à 2% sous le taux directeur, et que ce portefeuille ne tenait pas la route sur le marché.
« Ces investisseurs à haute valeur ajoutée sont plus sophistiqués, explique-t-il. Ils ont vu ce qui s’en venait et se sont retirés. »
Crise localisée
Malgré les déboires de ces trois banques, Gerard Cassidy estime que la crise a été contenue seulement à ces institutions, et non au système bancaire américain dans son ensemble.
Il remarque qu’environ que les banques américaines qui ont moins de 100 G$ US d’actifs ont environ 80% de leurs dépôts qui sont assurés, ce qui devrait les épargner du sort subi par la SBV, la Signature Bank et la FRB.
À l’autre bout du spectre, il rappelle que les grandes banques sont soumises à des règles beaucoup plus sévères que les banques dites « régionales ».
« Le retrait massif des dépôts s’est arrêté et a été contenu au sein de ces trois banques, note-t-il. Ce fut une crise très sérieuse, mais pour ces trois banques considérables seulement. Il n’y a pas de risque de contagion. »
Encadrement resserré
Gerard Cassidy s’attend maintenant à ce que les autorités régulatrices américaines resserrent l’encadrement réservé aux banques de taille moyenne (100 G$ US d’actifs à 700 G$ US d’actifs) aux États-Unis.
« Nous pensons que ces nouvelles règles soient annoncées au premier trimestre l’an prochain, et qu’il y ait une période de grâce de deux ans pour permettre aux institutions financières d’intégrer ces règles, ce qui permettra une transition sans problème pour elles », avance-t-il.
