Délit d'initié: l'étau se resserre autour de Steve Cohen

Publié le 25/07/2013 à 15:02

Délit d'initié: l'étau se resserre autour de Steve Cohen

Publié le 25/07/2013 à 15:02

Par AFP

La Justice fédérale américaine a engagé jeudi une procédure pénale contre le fonds spéculatif SAC Capital pour délit d'initié, resserrant ainsi son étau autour de son patron, le milliardaire Steve Cohen, même si lui-même n'est pas visé.

Le procureur fédéral de Manhattan Preet Bharara, qui a porté plainte contre SAC Capital, demande la saisie de "certains actifs impliqués dans le blanchiment de revenus découlant de délits d'initiés, ainsi que l'imposition d'amendes pour blanchiment d'argent".

Il accuse SAC d'avoir commis pendant plus d'une décennie des délits d'initiés "substantiels, largement répandus, à une échelle sans précédent dans le secteur des fonds spéculatifs".

SAC Capital et ses filiales CR Intrinsic et Sigma Capital Management sont visés, ainsi qu'un gestionnaire de portefeuille de SAC Capital, Lee Richards.

Selon Jacob Frenkel, avocat spécialisé dans les délits boursiers, "il est sans précédent de voir une entreprise accusée de délit d'initié".

La plainte affirme que le fonds SAC, fondé en 1992 et qui gérait plus de 15 milliards de dollars d'actifs au plus fort de son activité, avait organisé tout un système: il embauchait des analystes avec "un accès prouvé" à des personnes bénéficiant d'informations privilégiées dans une société.

Ces analystes étaient "incités financièrement" à faire des recommandations d'investissements "au propriétaire de SAC", Steve Cohen, fondées sur des "avantages" par rapport aux autres investisseurs, sans que ces recommandations apparemment fondées sur des informations confidentielles soient remises en question.

Cette "culture" s'est traduite par "des délits d'initiés systématiques, résultant en des centaines de millions de dollars de profits illégaux ou de pertes évitées aux dépens d'autres investisseurs", poursuit la plainte.

"Le plus gros portefeuille d'investissement était géré par le propriétaire de SAC lui-même" sur la base des recommandations "de forte probabilité" de ses analystes.

Difficile de prouver l'intention criminelle

L'acte d'accusation rappelle que 6 ex-employés de SAC ont déjà été inculpés, certains ayant déjà plaidé coupable de délit d'initié, ce qui donne du poids à la plainte gouvernementale: par exemple, Richad Choo Beng Lee sur Intel et AMD, Jon Horvath sur les groupes informatiques Dell et Nvidia, Mathew Martoma sur les laboratoires Elan et Wyeth et Richard Lee sur Yahoo et 3M.

L'accusation se fonde sur de nombreux courriels échangés entre M. Cohen et des employés, et faisant clairement référence à des contacts dans des entreprises disposant d'informations sensibles et non publiques.

"J'ai confiance dans le fait que ce trimestre sera meilleur que le consensus des analystes et que les prévisions. Je prends un café mardi avec le type qui gère les activités génériques en Amérique du nord" d'un laboratoire pharmaceutique, écrit ainsi un analyste.

Dans un autre email, M. Horvath écrit à M. Cohen en octobre 2008 que son "avantage est un contact dans l'entreprise et dans leur réseau de distribution".

En août 2008, M. Horvath explique que sa recommandation de vendre les actions Dell avant la publication de résultats trimestriels se fonde sur des informations "de quelqu'un dans l'entreprise (...) qui a été très bon sur les deux derniers trimestres". M. Cohen ne pose aucune question et commence à liquider quelque 12,5 millions de dollars d'actions Dell dans les 10 minutes suivantes.

SAC est dans la ligne de mire des autorités américaines depuis plusieurs années. En mars, la filiale CR Intrinsic avait notamment accepté de verser plus de 600 millions de dollars pour solder des poursuites pour délits d'initié.

Les autorités n'ont toutefois pas réussi à porter plainte directement contre Steve Cohen, l'une des vedettes de Wall Street, 117e fortune mondiale selon Forbes avec plus de 9,3 milliards de patrimoine, avide collectionneur d'art contemporain et détenteur d'une part dans le club de base-ball new-yorkais Mets.

"Pour l'attaquer pour délit d'initié au pénal, il faudrait démontrer l'intention criminelle", explique Jacob Frenkel à l'AFP.

La SEC s'est contentée de porter plainte la semaine dernière contre lui pour ne pas avoir empêché des employés de SAC de commettre des délits d'initiés.

Il risque la fermeture de ses fonds et la saisie de sa fortune, même s'il pourrait continuer à investir ses propres deniers sur les marchés.

Selon la presse financière, il pourrait plaider qu'il ne lit pas ses emails. "Cette stratégie a déjà fonctionné avec Frank Quattrone", un banquier de Credit Suisse accusé il y a dix ans d'avoir trompé des investisseurs.

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