Chypre revise sa taxe impopulaire

Publié le 19/03/2013 à 07:53, mis à jour le 19/03/2013 à 07:54

Chypre revise sa taxe impopulaire

Publié le 19/03/2013 à 07:53, mis à jour le 19/03/2013 à 07:54

Par AFP

Photo: Bloomberg

Le président chypriote Nicos Anastasiades doit présenter mardi au Parlement un plan de sauvetage européen amendé, prévoyant un prélèvement sur les dépôts bancaires, mais une exonération de ceux inférieurs à 20 000 euros après le tollé soulevé par la mesure sur l'île.

Mardi les banques, qui n'ont pas ouvert depuis l'annonce samedi de cette mesure sans précédent, étaient toutes fermées et elles le resteront jusqu'à jeudi, les autorités redoutant une ruée sur les guichets de clients en colère.

La Bourse chypriote a annoncé la suspension de ses échanges mardi et mercredi, notamment en raison de cette fermeture.

Le projet de loi révisé qui sera soumis mardi en fin d'après-midi au Parlement chypriote prévoit d'exonérer de taxes les dépôts bancaires inférieurs à 20 000 euros, maintenant à 6,75% la taxation des dépôts compris entre 20 000 et 100 000 euros et à 9,9% les épargnes d'un montant supérieur, selon un correspondant de l'AFP qui a pu consulter le texte.

Quelle que soit la clé de répartition, la somme globale à mettre sur la table par Chypre, soit 5,8 milliards d'euros, doit rester inchangée, avait indiqué lundi soir une source à Bruxelles. Or, la banque centrale chypriote a reconnu mardi que le nouveau projet ne permettrait pas de lever ce montant exigé par les Européens.

La zone euro avait également demandé lundi soir à Nicosie de ne pas taxer les déposants en dessous de 100 000 euros, une option écartée mardi par les autorités chypriotes..

La première formule conclue samedi à l'aube prévoyait, en contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros pour l'île au bord de la faillite, une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires jusqu'à 100 000 euros et de 9,9% au-dessus, pour réunir cette somme de 5,8 milliards d'euros.

Chypre est le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d'un programme d'aide internationale, avec un montant très inférieur aux centaines de milliards déboursés pour la Grèce et aux dizaines de milliards versés au Portugal, à l'Irlande et pour renflouer le secteur bancaire espagnol.

« Nous ne serons pas vos cobayes »

Mais cette taxe sans précédent et totalement inattendue a provoqué d'abord la stupéfaction puis la colère des Chypriotes qui redoutent que l'île serve de banc d'essai à l'Union européenne.

« Nous ne serons pas vos cobayes » ou « UE, qui est la prochaine, l'Espagne ou l'Italie? », proclamaient ainsi des pancartes brandies par quelques centaines de manifestants qui se sont rassemblés lundi soir devant le Parlement.

Le Parlement, après deux reports successifs, doit se réunir mardi en fin d'après-midi pour approuver le projet de loi négocié avec les bailleurs de fonds européens et le FMI par le président conservateur, fraîchement élu le 24 février.

Malgré l'amendement au projet de loi, la partie n'est pas gagnée pour le président qui ne dispose pas d'une majorité claire au Parlement: le parti communiste Akel (19 députés sur 56) et les socialistes de l'Edek (5 sièges) ont rejeté le plan de sauvetage, également critiqué au sein du Diko (centre-droit, 8 sièges), allié du Disy (droite, 20 sièges) du président Nicos Anastasiades.

La nouvelle répartition qui pèse plus lourdement sur les grosses fortunes risque de ne pas satisfaire Moscou, qui a déjà dénoncé comme « injuste » une taxe qui coûterait des milliards d'euros aux fortunes russes placées sur l'île.

Le ministre russe des Finances Anton Silouanov a ainsi regretté une décision prise sans concertation par l'UE et menacée de revenir sur sa proposition d'assouplir les conditions du crédit de 2,5 milliards d'euros accordé à Nicosie en 2011.

Le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, se rend mardi à Moscou, les médias locaux affirmant qu'il pourrait y négocier un nouveau prêt russe.

L'agence Moody's a évalué à 19 milliards de dollars les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre, auxquels s'ajoutent 12 milliards de dollars d'avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes.

En raison d'une fiscalité avantageuse, Chypre a été pendant longtemps considérée comme un paradis fiscal, mais les autorités se défendent de l'image de lessiveuse d'argent sale qui continue de coller à l'île méditerranéenne.

Pour sa part, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé, dans un message aux Russes, que « quiconque (plaçait) son argent dans des pays où il (payait) moins d'impôts » devait en assumer le risque.

Face à la colère des déposants dont beaucoup sont déjà sévèrement touchés par la crise économique, M. Anastasiades a promis une compensation des prélèvements par des actions des banques ou des obligations liées aux recettes que pourrait générer, à moyen terme, l'extraction de gaz naturel dans de gigantesques gisements découverts au large de Chypre.

 

 

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