La tendance inquiétante du prix du pétrole

Publié le 26/06/2017 à 11:29, mis à jour le 26/06/2017 à 11:29

La tendance inquiétante du prix du pétrole

Publié le 26/06/2017 à 11:29, mis à jour le 26/06/2017 à 11:29

Par Jean Gagnon

En début d’année, nombreux sont les investisseurs qui croyaient que le prix du pétrole poursuivrait sur sa lancée et terminerait 2017 dans la zone de 60-65 $ US le baril. Cela allait permettre à nouveau une bonne performance, quoique moins spectaculaire que l’an dernier, de la Bourse canadienne compte tenu de l’importance du secteur pétrolier dans la composition de l’indice.

Mais on semble avoir maintenant décroché de ce scénario. Depuis trois semaines, le prix du pétrole léger américain West Texas Intermediate a baissé de plus de 15%, tombant même sous la barre de 43$US mercredi dernier, son plus bas niveau depuis août 2016.

Et cela s’est produit même si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole(OPEP) a confirmé qu’elle allait maintenir pendant encore neuf mois les réductions de production de 1,8 millions de barils par jour qu’elle avait annoncées en novembre dernier.

Parmi les pays membres de l’OPEP, la Libye et le Nigéria augmentent actuellement leur production afin de rattraper leurs quotas. Mais la chute du prix semble provenir surtout de l’augmentation de la production aux États-Unis.

Le nombre de puits en exploitation chez nos voisins du sud a augmenté pour une 22e semaine consécutive, ce qui porte le total à 747, le plus haut niveau depuis avril 2015. Selon les analystes de Goldman Sachs, si l’on maintient en opérations tous ces puits, la production américaine augmentera de 770000 barils par jour entre le quatrième trimestre 2016 et le quatrième trimestre 2017.

Faut-il alors s’inquiéter pour le prix du pétrole, et par ricochet pour la Bourse canadienne?

Suncor(SU, 38,19$), par exemple, un des grands de l’industrie pétrolière canadienne, se négociait à 44$ à la mi-mai. Il est tombé à 38$ ces derniers jours.

Équilibre en péril

Nul doute que les perspectives ont changé comparativement à ce qu’elles étaient en début d’année, explique Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), une organisation issue de l’OCDE, prévoyait pour cette année que l’équation offre-demande allait montrer un léger déficit. «Mais au premier trimestre, on a plutôt eu un léger surplus», dit M. D’Anjou.

De plus, l’économiste signale que l’on s’attend l’an prochain à ce que la production hors-OPEP augmente un peu plus vite, ce qui fragiliserait encore plus l’équilibre entre l’offre et la demande.

Si elle devait se poursuivre, la baisse du prix du pétrole pourrait remettre en question la décision de l’OPEP de limiter sa production. Le prix du pétrole est revenu au niveau qu’il était en novembre lorsque les membres du cartel ont décidé de limiter leur production.

Cette stratégie s’avère donc sans effet, du moins pour l’instant.

«Il sera difficile pour l’Arabie Saoudite et la Russie de maintenir leurs coupures de production devant la forte augmentation de la production américaine», dit Bjarne Schieldrop, analyste principal des marchés des matières premières pour la banque suédoise SEB AB, en entrevue à Bloomberg. «Et il n’y a pas d’élément catalyseur pouvant permettre une hausse du prix actuellement», ajoute-t-il.

Sous l’angle de l’analyse technique, ce n’est guère plus encourageant, constate Paul Ciana, analyste chez Bank of America Merrill Lynch. «Le prix ne cesse de baisser, enfonçant tous ses niveaux de support. C’est l’illustration parfaite d’une nette tendance à la baisse.»

Voilà qui n'est pas de bon augure pour la Bourse canadienne, qui après bientôt six mois en 2017, a procuré un rendement de... 0%.

(Re)lisez le récent blogue de Dominique Beauchamp Pourquoi les Bourses résistent si bien à la chute du pétrole.

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