L’habitude de Donald Trump de tweeter à propos de tout lorsqu’il commence sa journée est bien connue. Cette pratique rend toutefois les investisseurs nerveux, car elle risque à tout moment d’affecter un titre ou un secteur auquel le président aura décidé de s’en prendre ce matin-là.
Les pharmaceutiques ont été la dernière victime du locataire de la Maison-Blanche mardi matin. Dans la foulée du dépôt du nouveau projet d’assurance-santé (Obamacare) des législateurs du Congrès, le président Trump s’est permis de revenir sur la question du prix beaucoup trop élevé, selon lui, des médicaments.
La plupart des titres des grandes sociétés pharmaceutiques américaines, dont Pfizer, Merck et Mylan, ainsi les fonds négociés négociés en bourse spécialisés dans les titres des pharmaceutiques et des biotechs, ont perdu entre 1 % et 3 % durant la séance de négociations qui a suivi.
Que faut-il en penser ? Jim Cramer, le coloré chroniqueur boursier de CNBC, croit que cette situation crée une opportunité intéressante pour les investisseurs. Comme ce fut le cas d’ailleurs lors de plusieurs des gazouillis précédents du président. « La plupart du temps lorsque le président s’attaque à une compagnie ou à une industrie, cela devient une occasion d’achat », dit-il.
On a qu’à se rappeler les cas de Boeing, Lockheed Martin et GM. Les commentaires négatifs du président concernant les prix du Air Force One et des avions militaires avaient ébranlé les titres des fabricants d’avions civiles ou militaires. De même, la sortie du président contre la pratique de GM de construire des Chevy Cruze au Mexique pour ensuite les vendre aux États-Unis avait secoué le titre. Mais les titres de ces trois compagnies se sont vite ressaisis et ont réalisé des gains boursiers fort intéressants par la suite.
L’attaque du président contre le secteur de la santé n’aura pas de prise, croit également Pierre Trottier, gestionnaire de portefeuilles à l’Industrielle Alliance. « Le secteur a déjà été victime l’an dernier de cette rhétorique sur les prix des médicaments », dit-il. On se rappellera que cette question avait été un cheval de bataille de la candidate démocrate Hillary Clinton l’été dernier lors de la campagne présidentielle. Conséquemment, le secteur avait été un des moins performant de la bourse américaine en 2016.
Mais depuis le début de l’année, c’est tout à fait l’inverse. Le secteur de la santé avec une hausse de 9,2 % est le deuxième plus performant de tous les secteurs de S&P 500 après le secteur de la technologie qui gagne 10,8 %. Cela se compare à une hausse de 5,5 % pour le S&P 500.
Et ce n’est pas un tweet du président qui risque de renverser la vapeur, croit Pierre Trottier. « Le secteur s’appuie sur un solide lobby à Washington, ce qui fait qu’il est très difficile de brasser l’industrie », dit-il.
Dans le contexte actuel, les replis doivent être utilisés pour accumuler les titres, croit le gestionnaire de l’Industrielle Alliance. En fonction des multiples d’évaluation, tel le ratio cours//bénéfices, les grandes pharmaceutiques et les firmes de biotechnologies se négocient pour la plupart encore à des prix raisonnables, selon lui. Ses préférés chez les phramas sont Merck et Pfizer qui versent entre autre de bons dividendes, et Biogen chez les firmes de biotechnologie.
