Davos : quoi de neuf

Publié le 23/01/2014 à 10:26, mis à jour le 23/01/2014 à 14:25

Davos : quoi de neuf

Publié le 23/01/2014 à 10:26, mis à jour le 23/01/2014 à 14:25

Comme à chaque année, quelque 2 500 dirigeants politiques, chefs d’entreprises et leurs collaborateurs ont pris le chemin sinueux qui mène à cette petite ville suisse pour y promouvoir leurs États ou leurs affaires. Dans un climat curieux mélange de bonhomie sociale, d’ésotérisme intellectuel et de denses échanges sur tous les problèmes du monde, les participants errent de salle en salle, d’hôtel en hôtel, affairés de rendez-vous à ne pas manquer, de sessions à ne pas rater.

Dans les couloirs achalandés du Centre des Congrès, on peut croiser au hasard du moment les Cameron, Rouhani, Netanyahu, Shinzo Abe (PM du Japon), Pena Nieto (Président du Mexique), etc., des gagnants de prix Nobel à profusion, des ministres des finances en quantité industrielle, tous les commentateurs vedettes, les Christine Lagarde, Ban Ki-moon, et autres hauts fonctionnaires d’organismes internationaux.

Bien sûr que les participants à ce Forum sont tirés disproportionnellement du fameux 1%, les représentants de l’autre 99% provenant surtout de l’abondante flore universitaire invitée pour leur apport de substance.

Quoi que l’on en dise, surtout à gauche, le Forum de Davos joue un rôle précieux, celui de rendre inconfortables ceux qui le sont trop, d’imposer au monde des affaires l’examen d’enjeux économiques et sociaux que, souvent, il souhaiterait escamoter et de mettre au défi cette classe dirigeante de résoudre des problèmes concrets qui affligent les sociétés civiles.

Ainsi, tout ce parterre fut soumis à un message du Pape François, lu par un cardinal, fustigeant les excès du capitalisme et rappelant aux participants que la richesse n’est sanctifiée que par ce qu’elle permet de soulager.

Au Forum de cette année, il y est abondamment traité de l’inquiétant manque de confiance (trust) envers les institutions, les entreprises et leurs dirigeants, des causes du phénomène et des mesures à prendre.

Des échanges soutenus ont rappelé le rôle nocif que jouent les inégalités de richesse, le ralentissement de la mobilité sociale et le chômage des jeunes. En fait ce trio de phénomènes est considéré comme le plus important risque de perturbations pour nos sociétés.

À plusieurs reprises, la rémunération des dirigeants et du rapport entre celle-ci et la rémunération typique dans l’entreprise, sujet tabou jusqu’à récemment en ce lieu, a fait l’objet de commentaires caustiques et d’incitation à une remise en question des modes de rémunération.

Malgré leur forte présence à Davos, les fonds d’investissement et autres acteurs financiers y sont pointés du doigt, mis en accusation presque, pour leur influence délétère sur les gestionnaires et pour leur contribution au phénomène de gestion à court terme des entreprises.

Enfin, les défis environnementaux mobilisent plusieurs sessions à ce Forum malgré la présence évidente de sceptiques sur ce sujet.

Le Forum de 2014 fait une place importante aux économies en développement. Pour la première fois, la présence africaine y est significative et trouve sa place dans la discussion des enjeux économiques, présage du monde de demain.

Après quelques années d’une présence discrète commandée par une économie stagnante, le Japon a repris du tonus cette année, s’affirmant à nouveau comme un joueur important de l’économie mondiale.

Le Forum économique de Davos suscite une hostilité certaine dans des milieux qui y voient la manifestation d’une ploutocratie dominante arrangeant le monde à sa façon et à son bénéfice. Vu de près, le Forum ressemble plus à un concile de bien-pensant en quête de légitimité par leur contribution au mieux-être de notre monde.

Comment ne pas apprécier une conférence qui propose une discussion entre Joseph Stiglitz, Michael Porter, Jeffrey Sachs, le PDG d’Alcoa sur le thème The Importance of Being Happy!

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Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que l’auteur.

 

À propos de ce blogue

Yvan Allaire, Ph. D. (MIT), MSRC, est président exécutif du conseil d'administration de l'Institut sur la gouvernance(IGOPP) et professeur émérite de stratégie à l’UQÀM. M. Allaire est le co-fondateur du Groupe SECOR, une grande société canadienne de conseils en stratégie (devenue en 2012 KPMG-Sécor) et de 1996 à 2001, il occupa le poste de vice-président exécutif de Bombardier. Il fut, de 2010 à 2014, membre et président du Global Agenda Council on the Role of Business – Forum économique mondial (World Economic Forum). Profeseur Allaire est auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la stratégie d’entreprises et la gouvernance des sociétés publiques et privées.

Yvan Allaire

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