La gymnastique comptable de Valeant Pharmaceuticals

Publié le 04/09/2012 à 11:51, mis à jour le 04/09/2012 à 13:54

La gymnastique comptable de Valeant Pharmaceuticals

Publié le 04/09/2012 à 11:51, mis à jour le 04/09/2012 à 13:54

En deuxième lieu, après plusieurs acquisitions, Valeant est une entreprise déjà passablement endettée, même avant l’acquisition projetée de Medicis. Au 30 juin dernier, son bilan affichait une dette nette totale de près de 7,2 milliards $ relativement à un avoir des actionnaires de 3,7 milliards $. L’acquisition de Medicis porterait la dette à près de 9,5 milliards $.

En troisième lieu, la façon qu’a Valeant de présenter ses «profits» est plutôt créative, pour dire le moins.

On se croirait revenus à la fin des années 90 alors que toutes les entreprises technos employaient des moyens détournés pour bien faire paraître leurs profits!

Rappelez-vous de Nortel… À son plus récent trimestre clos le 30 juin 2012, Valeant publiait un « profit ajusté » (non conforme aux normes comptables acceptés) de 314,5 M$ ou de 1,01 $ par action, en hausse de 38,4 % par rapport au même trimestre de l’an dernier.

Le hic est que le profit non ajusté est plutôt une perte de 21,6 M$ par rapport à un profit de 56,4 M$ un an plus tôt…

La société exclut huit postes de dépenses de ses profits pour en arriver à son calcul de profit ajusté! Elle exclut entre autres choses une dévaluation de 10,4 M$ des stocks de deux sociétés acquises au cours du trimestre, une dépense de 5,2 M$ liée aux options d’achat sur titres de sociétés acquises, 4,6 M$ de dépenses de R&D acquises lors d’acquisitions, une charge de restructuration de 43,9 M$ et une dépense d’amortissement d’actifs intangibles de 210,6 M$.

On peut peut-être donner le bénéfice du doute à la direction et accepter que ces dépenses soient réellement non-récurrentes et extraordinaires.

Mais à tout le moins, il me semble difficile de justifier l’exclusion de l’amortissement des actifs intangibles. Comment une entreprise dont la stratégie est de faire de multiples acquisitions d’entreprises pharmaceutiques dont les actifs sont en grande partie des actifs intangibles (brevets et achalandage) peut-elle exclure une telle dépense de ses profits? Si on poussait la logique à l’extrême, une acquisition encore plus importante que celle de Medicis aurait pu augmenter davantage les profits ajustés de Valeant.

Qui s'assemble se ressemble, page 3

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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