Cette formation et cette vision du leadership lui ont permis de gravir les échelons et de connaître une belle carrière militaire. «À 46 ans, j’allais de succès en succès, tout allait bien, et puis est survenu le 11 septembre 2001. Tout a basculé pour moi», dit-il.
Ainsi, de mai 2003 jusqu'en juin 2008, il a commandé le Joint Special Operations Command (JSOC) et a personnellement dirigé la plupart des opérations des troupes spéciales en Irak et en Afghanistan. Il s’est retrouvé, du jour au lendemain, plongé dans un nouvel univers, où tout allait vite, sans pouvoir prendre le temps de réfléchir avant d’agir. Et ce, en raison des nouvelles technologies : «Les opérations étaient pilotées électroniquement. Je devais obtenir le GO de toute la chaîne de commandement à l’aide de courriels, coordonner les équipes sur le terrain sans qu’elles se voient entre elles à l’aide d’images satellites, tenir des vidéoconférences pour remonter le moral des troupes distantes de milliers de kilomètres de moi, etc.», raconte l’ex-Béret vert.
Il était devenu un leader virtuel, lui qui avait grandi en rêvant de devenir le nouveau général Lee. «Ça n’a pas fonctionné», lâche-t-il sobrement, un trémolo dans la voix, en précisant que maintenant, à cause de cet échec – de son échec -, il fallait carrément rebâtir la «foi» des militaires envers l’armée américaine.
Il a maintenant compris que son environnement avait changé et que lui n’avait pas su s’y adapter. Les jeunes recrues sont issues d’une génération qui n’a plus rien à voir avec la sienne, les compétences, les priorités, les références, et même le langage, sont différents, selon lui. «Il n’est plus question de leur donner des ordres, il faut maintenant trouver un consensus avant de donner la moindre directive», illustre-t-il, en insistant sur le fait que cela était usant pour des hommes comme lui.