Olivier Schmouker - Êtes-vous si honnête que ça?

Publié le 02/08/2011 à 09:12, mis à jour le 04/08/2011 à 13:39

Olivier Schmouker - Êtes-vous si honnête que ça?

Publié le 02/08/2011 à 09:12, mis à jour le 04/08/2011 à 13:39

Pourquoi? Parce que nous sommes tous, du moins une très très grande majorité d’entre nous, des personnes foncièrement honnêtes. Je l’ai appris dans une étude riche d’enseignements à ce sujet, intitulée The value of honesty : empirical estimates from the case of the missing children, signée par Sara LaLumia, professeure au Williams College, et James Sallee, professeur à la Harris School of Public Policy Studies de l’University of Chicago.

Les deux chercheurs américains se sont penchés sur une histoire assez amusante, qu’ils ont décortiquée complètement pour découvrir ni plus ni moins que ce qui fait que nous sommes honnêtes dans la vie. Cette histoire est très simple. En 1986, les Etats-Unis ont modifié les déclarations de revenus, et en particulier la ligne 1040 (Exemption Portion) : là où jusqu’à présent il suffisait d’indiquer le prénom de la ou des personnes dépendantes de vous (généralement, ses enfants), il fallait désormais indiquer également son ou leurs numéros de sécurité sociale. Conséquence? Du jour au lendemain, des millions d’enfants ont disparu aux États-Unis! Amusant, non?

La fraude était grossière, me direz-vous : inventer un prénom bidon, en se disant que personne ne vérifierait rien. Pourtant, ça a fonctionné, et ce durant de longues années. Mais quand il s’agissait d’inventer de surcroît un numéro de sécurité sociale, alors là, un grand nombre de fraudeurs se sont dits que ça ne passerait plus. Leur chance, ça a été qu’aucune vérification n’a été faite à l’époque à propos de cette «mystérieuse» disparition d’enfants. Du moins jusqu’à l’an dernier, quand nos deux chercheurs se sont amusés à creuser le sujet…

Mme LaLumia et M. Sallee ont pris un échantillon des déclarations faites à la fin des années 1980, celles remplies par les employés l’University of Michigan. Ils ont remarqué qu’en 1987 quelque 20% des contribuables avaient perdu une personne dépendante d’eux sur le plan financier (soit que l’enfant est mort, soit qu’il est devenu majeur et a quitté le foyer familial, etc.), alors que la moyenne tourne autour de 14% pour les années d’avant et d’après. Une différence a priori «insolite» de 6 points de pourcentage. Rapporté à l’échelle des Etats-Unis, c’est comme si le pays avait vu disparaître comme par magie 4,2 millions d’habitants! «C’est un signe clair de malhonnêteté», disent les deux chercheurs.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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