La fraude est-elle contagieuse?

Publié le 08/08/2014 à 09:09

La fraude est-elle contagieuse?

Publié le 08/08/2014 à 09:09

Cette réflexion angoissante m'est venue lorsque j'ai mis la main sur une étude passionnante, intitulée The geography of financial misconduct. Celle-ci est le fruit du travail de trois professeurs de finance : Christopher Parsons, de l'École de management Rady (États-Unis); Johan Sulaeman, de l'École de commerce Cox (États-Unis); et Sheridan Titman, de l'École de commerce McCombs (États-Unis). Elle met en évidence un phénomène étrange – mais bel et bien réel – lié au crime en col blanc. Un phénomène qui fait froid dans le dos.

Ainsi, les trois chercheurs ont noté que dans les grandes villes, il y avait toujours des quartiers malfamés. Des quartiers où rôdent les criminels plus qu'ailleurs, des lieux où les gens honnêtes n'osent pas se promener seuls le soir, des zones qui vont en grandissant si jamais le crime reste impuni, comme la gangrène gagne la chair saine si l'on n'intervient pas. Et ils se sont demandé si la géographie du crime violent pouvait s'appliquer au monde des affaires.

Ils ont analysé en profondeur un millier de cas de fraude financière commis dans une vingtaine de grandes villes des États-Unis, des cas issus d'une base de données établie en 2013 par les chercheurs Karpoff, Koester, Lee et Martin. Il s'agissait de fraudes majeures et variées, richement documentées : des cas de fausses rumeurs sur une entreprise répandues pour en tirer un gain en Bourse; de trucage de résultats financiers trimestriels; etc.

Ils ont vite repéré de grandes disparités géographiques. Par exemple, entre 1970 et 2010, ce ne sont en moyenne que 1 entreprise sur 190 qui ont commis une fraude à Indianapolis, Seattle et Minneapolis, alors que le taux de criminalité en col blanc s'est révélé nettement plus élevé ailleurs, en particulier à Dallas (1 sur 62), Saint-Louis (1 sur 61) et Miami (1 sur 60).

Puis, ils ont cherché à quoi tenaient ces disparités. Y avait-il une explication culturelle : une ville où le taux de criminalité est élevé affiche-t-elle aussi, par voie de conséquence, un taux de criminalité en col blanc élevé? Y avait-il une explication économique : le taux de criminalité en col blanc dépend-il de la situation économique de la ville elle-même? Enfin, y avait-il une explication humaine : devient-on criminel en col blanc à cause des personnes que l'on fréquente le plus?

Résultats? Tenez-vous bien :

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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