Comment rompre avec le favoritisme?

Publié le 04/02/2014 à 09:10, mis à jour le 04/02/2014 à 08:43

Comment rompre avec le favoritisme?

Publié le 04/02/2014 à 09:10, mis à jour le 04/02/2014 à 08:43

> Avantage à la discrimination. La meilleure chose à faire pour le manager est dès lors de… discriminer! Oui, vous avez bien lu. Toutes choses étant égales par ailleurs, il obtiendra les meilleurs résultats possibles en confiant la prestigieuse A à X, et B à Y.

Pourquoi? Pour le saisir, il faut se mettre à la place des employés. A sait que le manager l'apprécie plus que B, même si ce n'est pas pour une raison purement professionnelle. B sait aussi qu'A est dans les petits papiers du manager, et pas lui. Par conséquent, A et B ne comprendraient pas que le manager fasse un autre choix que de confier X à A.

De fait, si le manager faisait un autre choix, il démotiverait brutalement X, qui s'attendait à avoir la tâche A. Celui-ci n'aurait alors plus autant le cœur à l'ouvrage, et mènerait la tâche B plus mal que ne l'aurait fait Y. Quant à la réaction de Y s'il se voyait confier la tâche prestigieuse, elle serait, dans un premier temps, la surprise, pour ne pas dire l'incompréhension, et surtout, il n'atteindrait pas forcément de meilleurs résultats que ceux qu'aurait enregistré X.

Autrement dit, le manager est poussé à discriminer. Car c'est ce que les autres attendent de lui. Dingue, n'est-ce pas?

Eux-mêmes surpris par leur trouvaille, les deux chercheurs néerlandais ont analysé plus en profondeur les résultats donnés par le modèle de calcul économétrique. Ce qui leur a permis de trouver ce qu'on appelle en économie un autre point d'équilibre, à savoir un autre choix optimal pour le manager.

Quel choix? Eh bien, un choix un peu complexe à expliciter, mais je vais tenter de vous le communiquer tout de même. Voilà, le manager peut théoriquement atteindre des résultats optimaux – aussi bons que lorsqu'il discrimine délibérément – sans nullement discriminer. Comment? Il peut, par exemple, subdiviser les tâches A et B et répartir le tout équitablement entre X et Y, si bien que l'aspect prestigieux du travail demandé retombe tant sur X que sur Y.

Le hic, c'est que cet équilibre est – contrairement au premier – instable. C'est-à-dire qu'il suffit d'un rien, du plus infime changement, pour que tout s'écroule. Par exemple, si en cours de route le manager apporte une modification dans la répartition des subdivisions de A et B entre X et Y, tout s'écroule : si la balance se met à pencher en faveur de X, les deux vont prendre ça pour du favoritisme; si elle se met à pencher de l'autre côté, les deux vont tomber des nues et X va vite se démotiver.

En conséquence, le manager n'a pas d'autre vrai choix que de discriminer. En tous cas, dans le cas de figure considéré. C'est pourquoi MM. Kamphorst et Swank ont regardé ce qui se passait si l'on changeait certaines données de leur modèle de calcul.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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