Apple est moins intéressante qu'avant

Publié le 01/04/2017 à 09:54

Apple est moins intéressante qu'avant

Publié le 01/04/2017 à 09:54

De plus en plus, nous lisons des commentaires positifs à l’endroit de la société Apple (NASDAQ, AAPL). L’intérêt de Warren Buffett et de Berkshire Hathaway pour ce titre a grandement rehaussé sa popularité. À deux reprises depuis 2013, AAPL constituait une position importante au sein de notre portefeuille. Sans surprise, notre intérêt fut inversement proportionnel à celui du marché. Après une réduction importante en 2015, la chute du titre en 2016 créa l’opportunité de lui attribuer à nouveau une pondération significative.

Vous ne serez donc pas étonné d’apprendre que notre marge de sécurité s’est rétrécie étant donné la récente hausse. Cependant, il ne faut pas sauter aux conclusions trop rapidement. Nous ne sommes pas en train de recommander de vendre. Plusieurs éléments positifs pourraient survenir prochainement, comme le rapatriement des profits de l’étranger, la sortie de l'iPhone 8 cet automne ainsi que l’augmentation relative des revenus provenant des services plutôt que des produits.

Toutefois, si vous avez soudainement développé un intérêt particulier pour cette société, assurez-vous que la raison ne découle pas de l’optimisme des autres. Le titre se transige dans les 140$. Il y a moins d’un an, peu de gens s’y intéressaient, malgré sa disponibilité à 90$ ou 95$. Plusieurs analystes le recommandaient, mais beaucoup de gestionnaires de portefeuille avaient tendance à l’ignorer. Si Warren Buffett se tenait loin de la technologie, pourquoi pas eux aussi?

Apple n’a pas changé subitement le jour où M. Buffett a personnellement (et non ses deux gestionnaires) décidé d'acquérir des actions. Toutefois, la perception chez ceux qui suivent l’Oracle de d’Omaha de près a probablement changé. Le titre demeure intéressant, mais la marge de sécurité a subi une petite cure de minceur ces derniers mois. Si malgré le prix plus élevé, votre engouement est plus grand qu'avant, portez attention à l’impact probable de l’opinion d’autrui sur votre propre perception.

Établissons un comparable avec une situation totalement opposée: le titre du Groupe Canam (Tor., CAM).  Alors que certains investisseurs s’interrogent par rapport à la mauvaise performance du titre, le déroulement des événements pique notre curiosité. Une marge de sécurité serait-elle en train de se créer?

Dans ce genre de contexte, le prix du titre plonge, la direction tente de faire le ménage pour améliorer le profil de risque futur, et les analystes cessent d’être optimistes. Voilà une combinaison d’éléments nous amenant à jeter un coup d’œil.

Ceci étant dit, bien que le pessimisme puisse constituer un point de départ pour étudier un titre, on doit garder en tête la réalité de chaque société dans son industrie. Canam évolue dans un secteur difficile, avec de minces marges de profits. Elle doit entreprendre de gros contrats, pour lesquels les prix seront souvent fixes (garantis). Par conséquent, le moindre dépassement de coûts gruge les faibles marges, et peut facilement causer des pertes. Ajoutons à cela l’endettement qui réduit la marge de manœuvre des dirigeants: estimer une valeur tenant compte du risque ne constitue pas une tâche facile. C’est pourquoi pour certains titres, nous recherchons une très grande marge de sécurité.

Pour conclure, l’optimisme et le pessimisme ne doivent pas dicter si vous devez vendre ou acheter. Tentez néanmoins de demeurer conscients de l’impact des émotions sur le prix des titres, et ainsi tirer profit des situations plutôt que d’en être victime.  

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com


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