UberX ou pourquoi Montréal devrait abolir les permis de taxi

Publié le 23/12/2014 à 13:13

UberX ou pourquoi Montréal devrait abolir les permis de taxi

Publié le 23/12/2014 à 13:13

UberX : Un service dangereux ?

Il va sans dire que de nombreux chauffeurs de taxi, incluant ceux qui travaillent avec Uber, n’ont pas en grande estime UberX. La plupart de ceux avec qui j’ai discuté d’UberX m’ont fait valoir que les UberX n’étaient pas aussi propres que les taxis traditionnels (c’est vrai) et, surtout, qu’ils n’étaient pas assurés, comme sont tenus de l’être les chauffeurs de taxi. Dans les faits, toutefois, Uber offre une assurance de cinq millions à tous ses chauffeurs UberX, alors que les chauffeurs de taxi montréalais ne sont tenus que de souscrire à une police d’un million de dollars.

Ils invoquent également l’argument de la sécurité, mais la preuve reste à faire que les chauffeurs d’UberX sont plus dangereux que les chauffeurs de taxi. Alors qu’on commence à peine à vérifier les antécédents judiciaires avant d’attribuer un permis à Montréal, Uber a depuis les débuts d'UberX pour politique de procéder à cette vérification.

Pour obtenir un permis de taxi à Montréal, il suffit d’avoir un dossier criminel vierge au courant des cinq dernières années, tandis qu’UberX exclut notamment les chauffeurs s’étant rendus coupables d’agressions sexuelles, peu importe le temps écoulé depuis le crime. Finalement, un chauffeur UberX qui attaquerait son passager serait immédiatement identifié par Uber, tandis qu’un chauffeur de taxi traditionnel peut miser sur la confusion de sa victime, qui ne se souviendra pas forcément de son numéro de permis ou de plaque après les faits.

Rentiers ou chauffeurs de taxi?

Les chauffeurs que j’ai interrogés m’ont aussi fait valoir qu’il était injuste que n’importe qui puisse s’improviser chauffeur de taxi, alors qu’eux doivent posséder (ou louer) un permis pour ce faire. Or, à Montréal, le prix d’un permis de taxi s’élèverait à environ 200 000 $, un montant aussi exorbitant qu’injustifié.

L’arrivée d’UberX à Montréal pourrait faire fondre la valeur des permis. C’est donc une mauvaise nouvelle pour les chauffeurs qui possèdent un permis de même que pour ceux qu’on pourrait qualifier de rentiers de l’industrie des taxis : les propriétaires de permis qui les louent à de jeunes chauffeurs qui travaillent de très longues heures pour de revenus de misère. Selon le Bureau du taxi de Montréal, 319 individus posséderaient plus d’un permis de taxi à Montréal, et c’est sans compter ceux qui n’en possèdent qu’un, mais qui préfèrent louer leur taxi (associé à un permis) que de le conduire eux-mêmes. 

Ces chauffeurs de taxi qui n’ont pas leur propre permis, qui sont très nombreux à Montréal, n’ont pas tant que ça à perdre de l’essor d’UberX. L’un d’entre eux, qui louait une voiture associée à un permis, m’a dit que si UberX gagnait en popularité, il allait simplement embrasser UberX et utiliser sa propre voiture pour faire des courses. 

Même si les tarifs d’UberX sont moins élevés et qu’Uber y prélève une commission, notre chauffeur sans permis n’aurait pas à payer de rentier (ou un autre chauffeur) pour le privilège d’exercer son métier, ni même de compagnie de taxi, qui peut prélever près de 400 $ par mois à ses chauffeurs, sans égards au nombre de courses effectués par ces derniers.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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