Rogers et Bell ont inauguré au cours des derniers jours, dans certains endroits, de nouveaux réseaux sans fil utilisant la norme LTE. lls y ont investi des millions, mais vont-ils réussir à vous les vendre?

L'adage dit qu'on ne peut arrêter le progrès. Pourtant, il vient un moment où il s'essouffle de lui-même.

Prenons l'exemple des ordinateurs. Pendant des années, la donnée qui était la plus importante pour les acheteurs d'ordinateurs (à tort ou à raison) était la cadence d'horloge du processeur. Quand on voyait un ordinateur annoncé dans une publicité, sa cadence de son processeur, « Pentium 2,4 Ghz » par exemple, était bien en évidence.

Les besoins en puissance de calcul augmentaient et on arrivait généralement assez facilement à faire plafonner son ordinateur dans la vie de tous les jours. Quand on en achetait un nouveau plus performant, on constatait généralement assez facilement la différence.

Est-ce encore le cas? Pas du tout. Depuis environ trois ou quatre ans, au moins, la puissance des ordinateurs a atteint un niveau où elle satisfait amplement, et même dépasse largement dans certains cas, les besoins de 98% de la population. Le look, le prix, la mémoire, l'espace disque ou des fonctions beaucoup plus accessoires ont pris le dessus comme critère de sélection.

Quand quelqu'un me demande: « Quel ordinateur devrais-je acheter? », ma réponse ressemble généralement à « N'importe lequel. » Tous les ordinateurs sur le marché « font l'affaire ».

Pareil pour les réseaux sans fil?

Pourquoi un tel préambule? Parce que j'ai l'impression qu'on arrive tranquillement au même point dans le domaine du sans fil.

Théoriquement, le réseau LTE inauguré par Rogers cette semaine à Montréal est environ 80% plus vite que son réseau précédent de type HSPA+, celui que vous utilisez probablement à l'heure actuel avec votre iPhone ou votre Blackberry.

En réalité, l'écart est plus mince. Mon petit test maison (tableau ci-dessous) a plutôt montré un écart d'environ 50%, possiblement parce que l'ancien réseau est un peu mieux optimisé. À court terme, l'écart pourrait s'agrandir nettement puisque le réseau LTE deviendra théoriquement 3,5x plus rapide que le réseau HSPA+.

Certes, donc, le réseau LTE est plus rapide. Il rivalise même avec ma connexion résidentielle de Bell (fibre optique). Mais quel usage faire de cette vitesse? C'est là la grande question.

Personnellement, je suis un bon utilisateur de mon iPhone. Pourtant, je ne peux pas vraiment affirmer avoir déjà ragé parce que le réseau était trop lent pour mes besoins, sauf peut-être dans des occasions où la réception était très mauvaise ou lorsqu'il y avait congestion.

J'ai posé la question aux représentants de Rogers mercredi, y compris au président de Rogers Québec, Sylvain Roy: « Comment allez-vous convaincre les utilisateurs de s'abonner à un forfait LTE? »

En théorie, nous sommes effectivement tous preneurs pour un réseau plus rapide, mais il y a un hic: le prix. Les forfaits de données LTE annoncés par Rogers sont significativement plus chers que les forfaits HSPA+. C'est vrai pour les prix « normaux » des forfaits de données HSPA+, ce l'est encore plus si vous avez bénéficié d'une offre spéciale à un moment ou un autre, particulièrement celle offrant 6 Go de données par mois pour 30$.

Pour qu'un consommateur paie plus cher, il faut le convaincre qu'il en tirera un bénéfice. Or les réponses à ma question citée plus haut ont été plutôt décevantes.

Pour l'instant, le principal axe de vente de Rogers semble être la vidéo. On fait miroiter la possibilité d'écouter de la vidéo en pleine HD (1080p) sur un appareil mobile (téléphone ou tablette).

Soit, mais a-t-on vraiment besoin de ça? Personnellement, c'est un gros non.