Pouliot - Quelle sera la contre-attaque de Metro: Overwaitea ou Jean Coutu?

Publié le 13/06/2013 à 09:20, mis à jour le 13/06/2013 à 15:29

Pouliot - Quelle sera la contre-attaque de Metro: Overwaitea ou Jean Coutu?

Publié le 13/06/2013 à 09:20, mis à jour le 13/06/2013 à 15:29

Une contre-offre pour obtenir Safeway Canada

À première vue, il y a un peu d'espace, mais il est fort limité. L'acquisition survient à 11,3 fois le bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA). Des analystes spéculaient que des offres auraient pu grimper à 12 ou 13 fois et ajouter encore au bénéfice.

Malheureusement, Metro n'apparaît pas batailler à armes égales. En expliquant son montage financier, Sobeys indiquait mercredi qu'elle payait en réalité 7,2 fois le BAIIA. En grande partie parce qu'elle entend revendre pour 1 G$ d'immobilier.

La direction de Sobeys n'a pas voulu élaborer sur ce qui serait fait, mais l'on suspecte qu'elle pourrait bien avoir une entente avec Crombie REIT, un gestionnaire de portefeuille immobilier inscrit en bourse, dans lequel Empire, la société mère de Sobeys, détient un intérêt de 42,8%.

Metro n'a pas cette capacité de revendre rapidement les immeubles et passer des ententes de location à long terme. Il lui faudrait trouver un ou quelques joueurs immobiliers, puis s'entendre avec eux. C'est compliqué et ça risque d'être long. Trop long pour qu'elle ait le temps de revenir avec une offre.

De toute façon, c'est Safeway USA qui vendait Safeway Canada et il est probable que Metro avait déjà été contactée pour faire une offre.

(Précision: quelques heures après la mise en ligne, Metro confirme ne pas avoir été approchée, mais ne pas être intéressée à surenchérir).

Une offre sur Overwaitea

Le groupe est propriété de Pattison Group et compte près de 130 établissements en Colombie-Britannique (101) et en Alberta (26). C'est nettement moins que les 226 établissements de Safeway Canada à travers le pays, mais c'est suffisant pour se donner une portée nationale et pouvoir développer dans l'Ouest son modèle performant.

Apparemment Overwaitea est la vache à lait du groupe Pattison, et celui-ci ne veut pas s'en départir. Mais, tout peut être vendu à un bon prix. D'autant qu'Overwaitea est aussi membre du groupe d'achat UGI et qu'elle est conséquemment également à risque de perdre du pouvoir d'achat prochainement.

CIBC estime que la valeur de l'entreprise pourrait se situer autour de 2,3 G$. C'est une bouchée nettement plus facile que Safeway Canada (5,8 G$) pour Metro, dont la capitalisation boursière est de 6,5 G$.

Une offre sur Jean Coutu

Ce serait une des transactions les plus intéressantes, et Metro ne cache pas être intéressée. Elle possède déjà 250 pharmacies (dont 150 Brunet).

L'acquisition permettrait de créer des synergies significatives et un certain effet de levier.

- Le pouvoir d'achat des deux entités serait décuplé.

- Les coûts de distribution seraient abaissés.

- Les coûts administratifs diminueraient.

- Les infrastructures de Metro en Ontario pourraient éventuellement un peu plus tard supporter une expansion de Jean Coutu dans la province.

On n'est pas très sûr que le Bureau de la concurrence bénirait tout de suite la transaction cependant.

Surtout, on n'est pas très sûr que la famille Coutu soit intéressée à vendre. La récente annonce d'un investissement de 190 M$ pour la construction d'un nouveau siège social et d'un nouveau centre de distribution donne à penser que la porte est vraiment fermée.

Conclusion?

Si une riposte doit venir, elle ne semble pouvoir venir que du côté d'Overwaitea. Tout pourrait bien dépendre en fait de la lecture de situation à laquelle en arrivera Pattison Group.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?