Pouliot - Fonds de pension: le privé sourit, le public continue de pleurer

Publié le 02/10/2013 à 09:22, mis à jour le 02/10/2013 à 09:22

Pouliot - Fonds de pension: le privé sourit, le public continue de pleurer

Publié le 02/10/2013 à 09:22, mis à jour le 02/10/2013 à 09:22

Pendant ce temps au public...

Qu'en est-il pendant ce temps dans les municipalités et les universités du Québec?

Malheureusement, la situation y est fort différente.

L'embellie financière n'a que peu d'impact sur les déficits actuariels parce que, dans leur cas, la norme de remboursement n'est pas établie en fonction du taux de solvabilité, mais du taux de capitalisation.

C'est cette norme différente qui, avec le temps, a causé le grand problème. En 2006, il a été décidé que, parce que les régimes des universités et des municipalités étaient pérennes (sans danger de faillite), il n'était pas nécessaire de les soumettre à la norme du taux de solvabilité, qui est plus sévère. Avec la norme de solvabilité il faut renflouer son déficit en fonction d'une fin de régime qui peut arriver demain. Le régime doit déjà disposer de tous les actifs nécessaires pour rembourser les pensions promises. Avec la norme de capitalisation, le renflouement ne s'effectue qu'en fonction d'hypothèses à long terme.

Concrètement, la difficulté est que pendant que l'on demandait aux entreprises privées de rembourser rapidement pour le cas où elles fassent faillite, on se disait que les municipalités et villes pouvaient attendre que les marchés rejoignent les hypothèses de rendement à long terme des régimes. Les entreprises remboursent depuis longtemps d'assez grandes sommes. Les municipalités et les universités, pour leur part, remboursent à des niveaux nettement plus faibles.

C'est pour cela que le secteur public fait face à des déficits si importants. Il n'a pas beaucoup renfloué et, plutôt que d'être atteintes, les hypothèses actuarielles de rendement à long terme sont par-dessus le marché aujourd'hui abaissées.

Le sourire revient dans le privé, les pleurs et les grincements de dents se poursuivent dans le public. Et, dans ce deuxième cas, le redressement des marchés ne pourra malheureusement qu'amener peu d'améliorations. Ce sont les nouvelles hypothèses de rendement plus conservatrices qui gouvernent l'état des déficits du public. Et il faudra plusieurs années de bonne performance réelle avant qu'on ne s'aventure à les modifier.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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