Pouliot - Budget Marceau: l'année de vérité s'amorce

Publié le 28/03/2013 à 14:46, mis à jour le 28/03/2013 à 21:07

Pouliot - Budget Marceau: l'année de vérité s'amorce

Publié le 28/03/2013 à 14:46, mis à jour le 28/03/2013 à 21:07

BLOGUE. C'est somme toute des nouvelles rassurantes qu'a communiquées jeudi le ministre des finances du Québec, Nicolas Marceau. On ne conclurait toutefois pas tout de suite au tour de force. Nous entrons maintenant dans l'année de vérité.

Malgré des entrées fiscales moins importantes que ce que l'on prévoyait à l'automne, le gouvernement du Québec atteindra sa cible en 2012-2013. Même chose pour 2013-2014. Essentiellement, les intérêts de la dette sont plus faibles, et la péréquation fédérale plus forte que ce qui était anticipé. La réserve 2013-14 fond de moitié, mais il reste encore 200 M$.

Le plus étonnant des derniers mois, c'est qu'avec un retard de 1,6 G$ sur la cible budgétaire 2012-13 à l'automne, et un nouveau manque à gagner aux revenus de 250 M$ sur l'automne, on réussit quand même à atteindre l'objectif qu'avait fixé le prédécesseur de monsieur Marceau, Raymond Bachand.

Une partie de l'explication tient évidemment aux coupes matérielles faîtes dans les dépenses. Une autre tient aussi au fait que, par prudence, le gouvernement semble s'être montré conservateur dans ses prévisions sur certains postes (le service de la dette et la péréquation l'illustrent).

Une dernière partie de l'explication réside cependant dans ce qu'on appelle le « report de dépenses ».

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C'est ce qui est difficile à quantifier dans l'exercice actuel. Il est des dépenses que l'on peut définitivement éliminer, et d'autres qu'on ne peut pas. Mais que l'on peut aussi retarder à l'année suivante en les reportant de quelques mois.

Malgré l'ampleur apparent du défi, l'exercice qui se termine (31 mars) n'était dans le fond peut-être pas si complexe à équilibrer que cela. Il était possible de repousser à l'an prochain la matérialisation de certaines dépenses, et d'ainsi se donner un peu plus de temps pour voir ce qui pouvait être éliminé.

Les choses risquent d'être différentes cette année, et la grogne sociale être un peu plus importante.

On peut déjà sentir que ça chauffe pour atteindre la cible. Serrer la vis aux bénéficiaires de l'aide sociale n'est pas dans l'ADN du Parti québécois. Amputer le budget des garderies n'est assurément pas non plus dans celle de Pauline Marois.

Oui, mais, le gouvernement pourrait toujours faire comme l'an dernier et repousser d'autres dépenses à l'année suivante, dira-t-on.

Pas vraiment. La mise à jour budgétaire permet de voir qu'il y a toujours pour l'exercice 2014-15 pour 430 M$ de nouvelles mesures à identifier si l'on veut atteindre les objectifs budgétaires. Il serait bien étonnant que l'on souhaite continuer à faire beaucoup de transport de dépenses avec à l'horizon une telle commande.

C'est pour cette raison que l'on dit que 2013-14 est une année de vérité.

Si monsieur Marceau réussit à atteindre la cible, on pourra alors dire que le tour de force a été réussi. Il en faudra plusieurs autres dans l'avenir, mais la performance méritera un coup de chapeau. Pour l'instant, bien que les choses regardent nettement mieux que ce à quoi la plupart s'attendaient, il est encore trop tôt pour conclure.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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