Les prix orange et citron 2015

Publié le 25/12/2015 à 06:50, mis à jour le 25/12/2015 à 08:42

Les prix orange et citron 2015

Publié le 25/12/2015 à 06:50, mis à jour le 25/12/2015 à 08:42

Citron: et les perdants sont...

Valeant

La pharmaceutique Valeant(Tor., VRX), fausse Québécoise, spécialisée en dermatologie, neurologie et cardiologie. Trouvez une situation morale grise où il est possible d'étirer un élastique et la probabilité est forte que vous y trouviez aussi Valeant. Pionnière dans l'art d'éviter de verser un juste tribut au trésor public, l'entreprise, dont le siège social est officiellement à Laval (mais en réalité aux États-Unis), trouve toujours trop cher de faire traduire ses communications financières en français. Cette année, elle s'est retrouvée au cœur d'une polémique pour avoir haussé de 212% et 525% le prix de deux de ses médicaments. L'incident a permis de constater qu'elle avait fait de la hausse du prix de ses médicaments une stratégie. Comme un malheur n'arrive jamais seul, elle s'est ensuite retrouvée dans une seconde polémique pour ses relations avec des pharmacies spécialisées plus ou moins fantômes. Résultat, le titre a perdu plus de 50%.

Bombardier

On a un peu hésité à lui accorder un prix citron, parce que, malgré les apparences et les manchettes, il y a aussi des progrès très importants chez Bombardier(Tor., BBD.B). Quand même. En début d'année, l'entreprise montréalaise a levé 1,1G$CA chez le grand public et les investisseurs institutionnels. Elle a en parallèle indiqué qu'avec ce financement, et l'essaimage d'une participation de Bombardier Transport, elle aurait suffisamment de liquidités pour mener à terme ses projets CSeries et Global 7000-8000. À peine six mois plus tard, il lui fallait aller frapper à la porte des gouvernements pour demander secours. La demande pour les Global 5000 et 6000 a apparemment subitement chuté et la cadence de production a dû être ramenée de 80 à 50 par année. Difficile de comprendre comment un marché a pu tomber aussi rapidement sans que personne ne voit venir le coup.

L'ex-ministre Yves Bolduc

Il n'est pas dans mes habitudes de personnaliser les reproches, mais l'affaire Yves Bolduc aura eu des conséquences telles qu'il est difficile de l'ignorer. Du temps qu'il était député dans l'opposition, monsieur Bolduc a réclamé des primes pour la prise en charge de nouveaux patients. Ces primes avaient pour but d'inciter des médecins à prendre des patients supplémentaires, et non de se constituer une nouvelle clientèle dans son entièreté. Il y a une différence entre une prime destinée à amener les médecins à prendre 100-150 nouveaux patients et le fait de réclamer la prime pour plus de 1000. Monsieur Bolduc devait connaître l'objectif du programme puisqu'il était ministre de la santé lorsqu'il a été mis sur pied.

À la suite d'une série de revers politiques, le ministre allait quelques mois plus tard remettre sa démission, mais en réclamant une nouvelle prime, l'allocation de transition prévue par la loi pour les députés qui quittent l'Assemblée nationale. Cette démission aurait dû survenir dès la première controverse, et être accompagnée d'une renonciation à la prime de départ.

L'affaire a été le germe d'un long débat sur la pertinence de cette indemnité (débat alimenté par d'autres départs), qui a finalement conduit les députés à l'abolir. C'est une erreur. Désormais, un député dont les valeurs viennent en collision avec une politique imprévue de son parti est piégé. S'il souhaite démissionner sans faire de vagues pour protester contre la négation d'une valeur qu'il juge fondamentale, le système le pénalise. Décider de siéger comme indépendant fait nécessairement plus de vagues que de quitter pour des motifs personnels. L'option de siéger comme indépendant n'est en outre pas d'une haute légitimité démocratique, les électeurs ayant souvent voté pour le parti plutôt que l'individu.

Le nouveau système décourage le retrait pour cause de malaise sur les valeurs. L'excès engendre souvent l'excès.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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