François Pouliot: Google achète Motorola, qui gagne, qui perd

Publié le 16/08/2011 à 09:11, mis à jour le 16/08/2011 à 09:11

François Pouliot: Google achète Motorola, qui gagne, qui perd

Publié le 16/08/2011 à 09:11, mis à jour le 16/08/2011 à 09:11

 

Du côté de RIMM alors?

S'il n'y a pas de gain à faire avec Microsoft pour Samsung, HTC et al., peut-être y en aurait-il un à faire avec Research in motion alors? Après tout, RIMM a son propre système d'exploitation et QNX, sa nouvelle plateforme, est réputée assez prometteuse. En outre la société mère des Blackberry a toujours une part de plus de 11% du marché mondial du téléphone intelligent, ce qui peut en faire une cible intéressante.

C'est une option que l'on n'écarterait pas. Une combinaison Samsung/RIMM donnerait par exemple une part de marché combinée de près de 30% (20% avec HTC) et viendrait créer une plateforme avec beaucoup plus de sex appeal pour les développeurs d'applications. À titre de comparaison, la part de marché d'Apple est d'environ 20% (1). Quelques nouveaux téléphones novateurs et la dynamique du marché pourrait soudainement changer.

La difficulté pour RIMM réside dans le risque d'exécution. Il faudrait un certain temps avant que les programmeurs s'intéressent en plus grand nombre à la plateforme de la nouvelle entité et il n'est pas sûr que pendant ce temps Google continuerait d'autoriser celle-ci à utiliser Android sans frais ou même avec frais. C'est un certain nombre d'utilisateurs d'applications Android qui seraient susceptibles de quitter le navire.

Quand même, quelque chose nous dit que l'avenue sera explorée.

Conclusion?

- Google n'apparaît pas perdre avec cette transaction. Il y a un risque de défection de Samsung ou HTC à la faveur d'une nouvelle alliance avec RIMM. Si cette nouvelle alliance survient, Google pourrait plus tard devoir prendre des radiations sur la valeur de Motorola Mobility. Elle pourrait cependant toujours se consoler en ayant maintenu une plateforme gratuite accessible à tous et porteuse pour elle d'importants revenus publicitaires. Des revenus probablement plus importants que les radiations qu'elle aurait à prendre.

- Research in motion est celle qui a le plus grand potentiel de gain. Il reste cependant à voir si elle est prête à se marier et si un partenaire est prêt à la marier. Si tel n'est pas le cas, elle gagne un peu dans l'augmentation de la valeur de ses brevets (en doublant celle-ci, Financière Banque Nationale voit sa valeur estimée grimper de 20%). Mais elle perd par le renforcement potentiel de Motorola.

-Pour Microsoft et les autres, la transaction est potentiellement négative, au mieux neutre.

(1) Source: Oppenheimer.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?